Des travaux de « purge rocheuse », à l’aide d’explosifs, ont eu lieu hier sur la RN 134, afin de sécuriser la route.
La vallée d’Aspe n’avait pas dû entendre un tel boucan depuis la dernière battue d’effarouchement des anti-ours. Il est d’ailleurs fort à parier que si Sorita et Claverina étaient dans les hauteurs d’Urdos, hier après-midi, elles n’y sont pas restées longtemps. Car, vers 13 heures, toute la vallée a résonné d’une importante explosion, provoquée par la main de l’homme. Il s’agissait de travaux réalisés pour le compte de la Direction interrégionale des routes de l’Atlantique (Dira), en vue de sécuriser la RN 134.
« Ce sont des travaux habituels, annonce Jean-François Moulin, de la Dira de Pau. Nos équipes effectuent en permanence des patrouilles pour étudier les aléas de chutes de blocs de pierre. On connaît les zones fragiles et on reste attentif aux éboulis qui se produisent. Aujourd’hui, c’est la purge d’une zone jugée sensible. » La purge, ou l’action de retirer les roches qui pourraient se décrocher à l’occasion de fortes pluies, par exemple. Il existe trois manières d’y parvenir. Soit la purge est manuelle, dans ce cas ce sont des « cordistes », qui descendent la paroi en rappel et font passer les pierres à l’aide d’outils comme des barres à mine.
La seconde consiste à contenir les roches baladeuses, en installant une structure qui peut prendre l’aspect d’un filet. « Dans ce cas-là, il suffit de vider les filets lorsqu’ils sont pleins de pierres », explique Francis Larrivière, directeur adjoint au développement de la Dira. Et la troisième, donc, en faisant appel à un artificier pour faire péter la montagne, lorsque les roches sont trop volumineuses.
Une première depuis quatre ans
« Pour cette mission, nous avons sept masses à traiter, précise Bruno Lenz, de l’entreprise CAN, qui s’occupe des travaux. En tout, 120 forages ont été réalisés et des explosifs – 3 kg au total – ont été chargés dans chacun d’entre eux. On multiplie les microcharges pour faire en sorte que ce ne soit pas de gros rochers qui se décrochent, qui pourraient gravement abîmer les ouvrages en dessous, mais des roches plus petites, créées par les explosions qui ont toutes lieu en même temps. » Le moment est prévu pour 13 heures. La RN 134 a été bloquée des deux côtés. Il faut maintenant s’éloigner pour éviter tout risque.
« Les dérochements sont principalement liés au gel et au dégel, reprend Bruno Lenz. L’infiltration d’eau, le passage d’animaux et les racines sont autant de déclencheurs de la chute. On ne peut jamais être sûr d’avoir tout sécurisé, mais au moins d’avoir minimisé le risque. » Sur ces paroles rassurantes, le silence se fait. Les artificiers procèdent aux dernières vérifications. Trois coups de corne retentissent, signe que tout le monde doit se tenir prêt. Un dernier son annonce l’imminence de l’explosion.
Un nuage de poussière suit la détonation déclenchée par le boutefeu (l’homme qui appuie sur LE bouton), très bruyante. L’opération est une réussite. Restera aux cordistes à faire tomber les pierres qui ne sont pas venues dans l’explosion et à nettoyer la route, avant de la rouvrir. Une telle opération n’avait plus eu lieu sur la RN 134 depuis quatre ans.