Chargé de mission pour le gouvernement, l’expert-comptable palois Philippe Arraou estime que l’Etat « devrait investir 6 ou 7 millions d’euros » pour accompagner les PME.
Philippe Arraou est un homme très occupé. Patron depuis janvier de BDO France, 7e cabinet d’audit de l’Hexagone (1 200 salariés ; 130 millions d’euros de chiffre d’affaires), l’ancien président national de l’Ordre des experts-comptables est membre du board de la fédération mondiale de cette profession. Le Palois a néanmoins trouvé le temps d’accomplir pendant six semaines, pour le compte du secrétaire d’Etat chargé du numérique, Mounir Mahjoubi, une mission nationale « sur la digitalisation des petites entreprises et des PME françaises ». Un constat pour le moins inquiétant a été fait après une cinquantaine de consultations, tant auprès des grands acteurs étrangers (Google, Facebook…) et français (Le Bon Coin…) du secteur privé que du public (collectivités, chambres consulaires…).
Lancement d’un site en mars
« Il s’agit de créer une structure pour accompagner les plus petites sociétés (moins de 10 salariés) dans leur transition vers le numérique. Or les PME françaises sont très en retard et cela inquiète les pouvoirs publics », révèle Philippe Arraou. Notre pays figure, selon lui, dans la seconde partie du classement européen en matière de digitalisation. « Et pour tout ce qui touche au commerce en ligne, la France est même 27e sur 28 pays ! » déplore l’expert-comptable. Une situation d’autant plus gênante que les consommateurs français sont par contre « bien placés » en matière d’utilisation des outils numériques.
Afin d’y remédier, Philippe Arraou – qui vient aussi d’accepter la présidence de la fédération méditerranéenne des experts-comptables (12 pays) – annonce notamment le lancement, en mars prochain, « d’un site national d’information ». « Des arbitrages restent à faire. Mais il faudra créer un outil, peut-être dans le cadre d’un partenariat public-privé, permettant l’accompagnement et la sensibilisation de nos TPE », ajoute-t-il. A ses yeux, une enveloppe annuelle de « 6 ou 7 millions d’euros » sera sûrement nécessaire pour communiquer sur le sujet, et ainsi « atteindre un public qui n’est pas facile à toucher ».
« L’Aquitaine, une région phare »
Heureusement, la région Nouvelle-Aquitaine est, bien plus que d’autres, largement sensibilisée à la nécessité d’en passer par cette transformation numérique. « L’Aquitaine est même, au niveau national, l’une des régions phares dans ce domaine », se félicite Arraou.
Rappelons que ce sont ces mêmes conseils régionaux qui détiennent une partie de la solution via l’attribution des fonds européens Feder.