De nouvelles rames – ici une Régiolis en gare de Pau – commencent à circuler sur les lignes d’Aquitaine.
La qualité du service assuré par la SNCF a continué à se dégrader en 2015 en Aquitaine. L’opposition de droite à la Région propose d’accélérer l’ouverture à la concurrence. Débat.
Un trafic 2015 en baisse de 2,80 %, une ponctualité dégradée à 87,4 % au lieu des 91 % prévus dans la convention, un taux de suppression en hausse à 7,2 % : le bilan de la SNCF en Aquitaine est très en deçà des attentes de la Région. Celle-ci a entamé les négociations pour une nouvelle convention entre la Nouvelle-Aquitaine et la SNCF qui sera effective le 1er janvier 2019.
Face à ces résultats décevants, l’opposition du groupe Les Républicains à la Région propose d’accélérer l’ouverture à la concurrence en l’expérimentant dès 2019. Le calendrier national prévoit cette ouverture en 2023.
Une proposition peu réaliste selon Renaud Lagrave, vice-président du conseil régional en charge des transports : « Pour ouvrir des lignes à la concurrence, il faudrait voter un projet de loi avant le printemps prochain pour commencer à travailler début 2019 », rappelle-t-il. Cela dit, « on réfléchit, au sein de l’Association des régions de France, à la possibilité de le faire, en fixant certaines règles. Si on devait ouvrir une ligne à la concurrence, ce serait pour un service rendu et qui maille le territoire. Pas question de faire du “train Macron”. Et il faut que l’opérateur reste sur la durée. Je suis très prudent », souligne le vice-président.
Son urgence est la négociation avec la SNCF. « Au vu des moyens que l’on met sur l’achat de matériel roulant ou la réfection des gares, on est en droit d’avoir des résultats. Ce qui nous importe, ce sont des trains qui arrivent à l’heure et ne soient plus supprimés. Et pas dans cinq ou dix ans mais dans quelques mois. On ne relâche pas la pression », assure-t-il.
La concurrence existe avec le covoiturage et les cars
Au niveau syndical, Jean-Marc Descazeaux (CGT cheminots) résume le sentiment général : « On est pour un ferroviaire public avec la Région et une SNCF qui s’engage enfin pour le TER et pour des lignes en bon état. »
Car entre vétusté des lignes et obsession pour le TGV, la SNCF déçoit ses usagers. « La concurrence au train existe déjà avec le covoiturage et les cars Macron », constate Christian Broucaret, délégué régional de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (FNAUT). « La SNCF, c’est très lourd, une entreprise engoncée dans ses statuts. On a toujours été pour expérimenter l’ouverture à la concurrence avec le maintien du service public. L’usager est captif quand le client a le choix », estime-t-il.
« Moins d’opacité dans les prix, plus de communication, plus de confort et de régularité » : c’est ce que demande l’usager, rappelle Jean Frilleux, à la DUT (Défense des usagers des transports). « La SNCF le fait bien en Allemagne où l’ouverture est déjà en place. Pourquoi ne le ferait-elle pas chez elle ? » demande-t-il.
Alors, en attendant une ouverture à la concurrence qui prendra encore quelques années, élus et usagers invitent la SNCF à faire sa mue et à s’intéresser à tous les trains qui circulent. Et pas seulement aux TGV.
Repères
- Le trafic recule. Le trafic a reculé de 2,75 % en Aquitaine au cours de l’année 2015 pour atteindre 884 729 000 voyageurs-kilomètres. La dégradation s’explique par les travaux en cours, l’essor du covoiturage et des autocars, mais aussi l’annulation de trains en raison de la pénurie de conducteurs.
- Une remise à plat. La mise en service de la ligne à grande vitesse entre Tours et Bordeaux, en juillet 2017, se traduira par la remise à plat de l’ensemble de la desserte ferroviaire de la région.
- Du matériel remplacé. 12 rames Régiolis et 9 rames Régio2N ont été livrées en 2015 à l’Aquitaine. Au total, sur les 32 rames Régiolis commandées par l’Aquitaine, 24 ont été livrées, et 9 Régio2N sur les 24 commandées.
- jeudi 13 octobre 2016