La Région et la SNCF sont allées à la rencontre des usagers ce jeudi soir à Artix. Qui n’ont eu que peu de surprises sur la qualité des services dévoilée.
Les usagers béarnais présents ce jeudi soir à Artix pour le comité de lignes TER organisé par la Région et la SNCF s’en doutaient déjà sûrement. Les chiffres des retards et suppressions de trains dévoilés pour la période de juillet 2017 à juin 2018 sont en fait venus confirmer ce qu’ils vivent au quotidien : une galère. Car que ce soit les 500 voyageurs par jour du Pau-Bayonne, les 500 du Pau-Bedous ou les 1 150 du Pau-Bordeaux, ils savent que leurs TER font partie des plus mauvais élèves des 32 lignes de la région.
« La SNCF n’est pas à la hauteur »
« Le Pau-Bayonne, c’est même le pire. Il présente des taux de régularité indécents, avec 72,5 %. On atteint aussi 5,5 % de suppressions, c’est délirant, intolérable. Ici, la SNCF n’est pas à la hauteur. Le taux en Nouvelle-Aquitaine, c’est juste en dessous de 2 » commente, effaré, Renaud Lagrave, vice-président de la Région en charge des transports. En creusant les chiffres, on constate même que seuls 63 % des trains sont à l’heure en 2017, 54 % en 2018.
Pour les deux autres lignes, c’est pas beaucoup mieux. Le Pau-Bordeaux est à 83 % de régularité (comprendre que les trains arrivent à l’heure ou avec moins de 6 minutes de retard). Et si le Pau-Bedous affiche toujours plus de 94 % de régularité, faut-il encore que ses trains roulent. Le problème est là car il atteint un taux de suppression de 4,1 %. Et les grèves du printemps 2018, puis les intempéries estivales qui ont touché certaines voies, ne sont pas les seules raisons de ce décrochage.
Une fréquentation en hausse
« Dès le départ, l’Aquitaine avait été l’oubliée du rail » rappelle Renaud Lagrave, « aujourd’hui, notre réseau est à régénérer entièrement. 3,3 milliards d’euros de travaux seraient nécessaires. Dont 625 millions dans les 5 ans. En attendant, SNCF Réseau ferme des lignes, déjà six en Nouvelle-Aquitaine. Il y a défaut d’entretien. Certaines n’ont pas été reprises depuis 1960. De notre côté, partout où on peut, on investit, on propose de nouveaux services aux usagers . Et la fréquentation, en conséquence, ne se dément pas : on est à +10 % en 2017 et sur les 3 premiers mois de 2018 » constate l’élu. Il y a 56 000 voyageurs quotidiens en Nouvelle-Aquitaine.
Le cadencement aux oubliettes
Mais derrière, il faudrait « retrouver un niveau de qualité de service performant ». On en est loin et « il n’y aura pas de solution rapide » explique Samuel Roger de SNCF Mobilités. Pour le Pau-Bayonne, l’offre de TER, TGV, Intercités, et la voie unique entre Puyoô et Bayonne entraînent un encombrement et des retards en chaîne.
C’est aussi pour cette raison qu’il est impossible de rajouter des trains sur cette ligne. « Pourtant, où est le cadencement promis depuis 2012 » s’étonne une usagère. « On demande déjà à la SNCF que les trains qui existent arrivent à l’heure » glissent les représentants de la Région qui ont présenté une nouvelle grille horaires à partir de décembre, quasi identique à celle de 2017. « Oui, mais même avec 100 % de régularité, on ne pourrait pas rajouter un trajet » note Samuel Roger.
Le givre, un mal béarnais
Autre exemple parmi d’autres, pour expliquer la situation béarnaise, celui du… givre qui cause de nombreux désagréments sur les TER. Matériel roulant récent mais qui ne supporte pas le froid. « Avec les vieilles machines, ça roulait mieux, c’est paradoxal » ont critiqué les usagers. « Nous sommes la région la plus concernée, c’est un problème de caténaires. On en a conscience. On va les remplacer mais ça va prendre du temps » explique Samuel Roger. Et sa collègue Cécile Rodier de SNCF Réseau d’avancer une première tranche sur Bayonne-Puyoô pas avant… 2022. «C’est tout de même un million d’euros du kilomètre ». « Bonjour les prochains hivers » ont ironisé les voyageurs, comprenant qu’ils ne sont pas au bout de leurs chemins de croix.
Convention en négociation
Comme moyen de pression, la Région compte bien négocier la nouvelle convention qu’elle doit signer avec la SNCF. « On va demander un résultat de régularité au-dessus de 91 %. Avec un mécanisme de pénalités différent » explique Renaud Lagrave. Et de ne pas éluder la question de l’ouverture à la concurrence, « on peut s’y préparer avant 2023, avec d’autres opérateurs sur certaines lignes ». Mais sans trop convaincre les participants, qui déplorent au passage les rares gestes commerciaux pour les abonnés qui se retrouvent sans train.
Autre objectif de la région aussi, disposer à la fois de trains directs et de trains omnibus. Et quoi de mieux ici pour désengorger les centres-villes que de créer des haltes ferroviaires dans des communes alentours. « On l’a fait pour La Rochelle, c’est un succès ». Interrogé sur les projets à Bordes et à Lescar, l’élu a confirmé les études de faisabilité avec SNCF Réseau.
La Région vante ses tarifs et ses nouveaux sites internet
Renaud Lagrave a mis en avant la politique tarifaire de la Région. « Il y a le billet petit prix, de 5 à 20€, sur une sélection de trajets peu fréquentés. Ou encore le billet jeunes (-28 ans) qui fait un carton. On a aussi mis en place un tarif tribu. Plus on voyage groupé, moins on paie. Le train, c’est le vrai moyen de covoiturage » assure le vice-président. Qui nous assure que les cars Macron n’ont pas cannibalisé l’offre train. Important aussi à savoir, la mise en place du billet unique depuis que la Région a récupéré dans son giron les transports scolaires et interurbains en car.
Pour garder le contact avec les usagers, la Nouvelle-Aquitaine a lancé un nouveau site internet début juillet (transports.nouvelle-aquitaine.fr) « favorisant une concertation plus directe ». Toujours sur le net, à partir de lundi, sera accessible le site Modelis.fr qui permettra des calculs d’itinéraires sur l’ensemble des transports gérés par la Région, dans un esprit accru d’intermodalité.