Train: à partir du 2 juillet, il faudra 4h17 pour aller du Béarn à Paris

Jan 11, 2017 | Ferroviaire, Presse française

Train: à partir du 2 juillet, il faudra 4h17 pour aller du Béarn à ParisChantier d’envergure à la gare de Bordeaux Saint-Jean, occupée par 1 800 tonnes d’échafaudages. « La gare sera prête pour l’événement du 2 juillet », assure la SNCF.

Sébastien Lamarque
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    17 nouvelles rames du TGV L’Océane entreront en service dès le 2 juillet prochain. Au total, 40 rames seront livrées d’ici 2019.

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    Le PDG de la SNCF, Guillaume Pepy, à la gare de Pau en octobre dernier.

    Jean-Philippe Gionnet
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Par Sébastien Lamarque —, publié le .

La SNCF Nouvelle-Aquitaine escompte une « année historique » avec la mise en service de la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux. Mais du côté des trains régionaux, ce sont plutôt les retards et les suppressions qui se sont accumulés en 2016.

« 2017 sera une année déterminante, historique », ose Philippe Bru, directeur régional de SNCF Mobilités. « Le 2 juillet, nous serons au rendez-vous de la grande vitesse. » La conférence de presse annuelle de la SNCF Nouvelle-Aquitaine, ce mardi à Bordeaux, a largement été consacrée à l’arrivée de la nouvelle ligne à grande vitesse entre Bordeaux et Tours le 2 juillet prochain.

Pau à 4h17 de Paris

La LGV Sud-Europe Atlantique entrera en service après cinq ans d’un chantier à 7,8 milliards d’euros. Bordeaux sera désormais à 2h04 de Paris, avec 33,5 allers-retours quotidiens dont 18,5 trains directs. Pau bénéficiera ainsi de 4 TGV quotidiens ralliant Paris en 4h17. « Cela va changer la vie des Néo-Aquitains, de Bordeaux à Pau », assure Philippe Bru. 17 nouvelles rames TGV L’Océane entreront en service dès le 2 juillet, 40 au total à l’horizon 2019. Des TGV de 556 places, soit « l’équivalent de trois Airbus », souligne Eric Redonnet, directeur TGV Nouvelle-Aquitaine. Une comparaison choisie à dessein : « Malgré la concurrence de l’aérien, du covoiturage et des cars Macron, et dans le contexte particulier des attentats, nous avons en 2016 vu augmenter de 20 % le trafic TGV entre Paris et Bordeaux. »

18,5 C’est le nombre d’allers-retours directs entre Bordeaux et Paris à partir du 2 juillet

Pas d’annonce par contre sur des tarifs destinés à séduire les clients des TGV L’Océane. Mais cette annonce « incessante » sera faite bientôt par le PDG de la SNCF, Guillaume Pepy. La mise en service de la LGV suppose pour la SNCF de « revoir toutes les correspondances : 85 % des horaires de trains sont à remettre à plat ».

Règlements de comptes

Certaines collectivités, comme le Département des Pyrénées-Atlantiques, ont gelé leurs versements au financement de la LGV Tours-Bordeaux, estimant que les contreparties attendues n’étaient in fine pas à la hauteur. « Nous réclamons déjà ces sommes, rétorque Christophe Huau, de SNCF Réseau. Nous sommes très vigilants sur les questions financières. » La Chambre régionale des comptes avait soulevé un lièvre sur les voies des Pyrénées-Atlantiques, exhortant le Département à provisionner les sommes dues à SNCF Réseau. Ce qui n’aurait plus été fait depuis 2015. La facture pourrait être lourde.

Peu de chantiers au sud

Au sud de Bordeaux, les principaux chantiers de 2017 concerneront la création d’installations pour circuler en double sens entre Dax et Morcenx, pour un coût de 54 millions d’euros. Le renouvellement complet de la voie entre Bordeaux et Dax est programmé à partir de juin 2019. « Ces travaux avaient été reportés pour donner la priorité au chantier de la LGV. » Qu’on ne se leurre pas, on ne gagnera pas du temps de trajet entre Dax et Bordeaux (et donc entre Pau et Bordeaux). « La vitesse de la ligne sera maintenue à 160 km/h pour les TGV. Pour les gains de temps, il faudra attendre GPSO. »

Le Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) ambitionne de créer 327 nouvelles lignes à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse d’une part, Bordeaux et Dax (puis Bayonne dans une seconde phase) d’autre part, pour 9,5 milliards d’euros… à l’horizon 2027 !

« Garantie 30 minutes »

Il ne s’agit pas d’une promesse lubrique dans un wagon, mais en matière de retards, les TGV se veulent irréprochables. Depuis le mois de décembre dernier, la SNCF a mis en place la « garantie 30 minutes » : quelle que soit l’origine du retard, elle donnera droit à des dédommagements sous formes de bons d’achat sur de prochains voyages, proportionnels au retard constaté. Les usagers des TER en rêvent…

► Gares : Bordeaux rénovée, Pau à quai

La gare de Bordeaux est en passe d’achever sa mue. La mise en accessibilité de Pau est prévue en 2019.

En 2017, la gare de Bordeaux aura pratiquement fait peau neuve. Depuis trois ans, la gare Saint-Jean vit au rythme de 14 chantiers pour un montant total de 200 millions d’euros. Actuellement, la gare historique est occupée par quelque 2 800 tonnes d’échafaudages, notamment pour remplacer les vitres de la verrière centrale qui date de 1898. Soit 44 mois de travaux, dont quatre pour la dépose des échafaudages qui se fera « sept nuits sur sept », de février à juin. « La gare sera prête pour l’événement du 2 juillet, assure Philippe Bru, directeur régional de SNCF Mobilités. Ce sera enfin l’aboutissement du chantier de l’une des plus belles gares d’Europe. » Même si certains travaux se poursuivront jusqu’en 2019.

2019, c’est justement la date que SNCF Réseau annonce pour les travaux d’accessibilité de la gare de Pau. Un serpent de mer que les associations d’usagers agitent régulièrement. « 50 gares doivent être mises en conformité d’ici 2023, rappelle Alain Autruffe, directeur régional de SNCF Réseau. Pour Pau, les discussions portent sur deux alternatives d’aménagement : la création d’une passerelle avec deux ascenseurs ou l’aménagement du passage souterrain actuel. Le choix n’est pas encore calé mais nous envisageons d’engager les travaux en 2019. » Renseignements pris auprès de la Ville de Pau, l’option de la passerelle n’en est déjà plus une : outre un coût prohibitif, l’architecte des Bâtiments de France a mis son veto à un tel aménagement dans un site classé.

► Trains régionaux : les retards… et Oloron-Bedous

Difficile de ne pas voir les trains qui n’arrivaient pas à l’heure en 2016 : le taux de régularité a chuté dans la région.

Avec un taux de trains à l’heure (maximum 5 minutes de retard) de 87,2 % dans l’ancienne région Aquitaine, « nous sommes en recul de deux points sur la régularité de nos TER », concède Philippe Bru, de SNCF Mobilités. Un service défaillant qui a provoqué l’ire de la Région (qui a gelé les sommes qu’elle reverse à la SNCF pour le transport des voyageurs) et provoqué un vif débat sur le manque de conducteurs. « Au cours du second semestre, nous sommes revenus à des standards normaux de suppressions et de régularité des trains, rassure Philippe Bru. C’est un rebond qu’il faut confirmer. Cela fait partie des attentes fortes de nos clients. »

Bedous : trop tôt pour les chiffres

L’inauguration de la réouverture de la ligne Oloron-Bedous a été, selon Alain Autruffe, directeur de SNCF Réseau Nouvelle-Aquitaine, « un moment de ferveur populaire extrêmement fort pour nous tous ». Mais dès qu’il s’agit d’évoquer la fréquentation de la ligne, ça coince. « C’est un peu tôt pour tirer le bilan, répond Philippe Bru. La fréquentation estivale a été bonne, notamment les jours de marché. Nous n’avons pas la même typologie de clientèle l’hiver. C’est une ligne en cours d’installation, il faut laisser passer un cycle complet d’un an. » « Souhaitez-vous aller jusqu’à Canfranc ? » interroge-t-on, un rien morpion. « C’est une forte volonté manifestée par la Région Nouvelle-Aquitaine, répond poliment Philippe Bru. C’est l’autorité organisatrice qui définit la politique de déplacement. L’enjeu d’une telle ligne ne se mesure pas à la fréquentation. On est sur une ligne d’aménagement du territoire ô combien symbolique. » La SNCF a bien compris que le président de la Région, Alain Rousset, n’en démordrait pas.

Le poids économique de la SNCF dans la région

La SNCF en Nouvelle-Aquitaine (12 départements), c’est 370 gares, 818 trains par jour, 17 000 employés et 53 000 voyageurs quotidiens en trains express régionaux. Mais c’est aussi 368 millions d’euros d’achats auprès de 2 937 entreprises régionales et 350 millions d’euros de chiffre d’affaires. Un poids économique que la SNCF a beau jeu de rappeler alors que certaines régions envisagent la piste de la mise en concurrence pour leurs lignes régionales. Un sujet qui aura été savamment ignoré, mardi, à Bordeaux.

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