Territoires : quand la ministre monte en première ligne

Juil 16, 2019 | Economie, Presse française

  • Territoires : quand la ministre monte en première ligne
    Démarche inhabituelle pour une ministre. Ce lundi après-midi, Jacqueline Gourault a reçu des Béarnais pour écouter leurs doléances.

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    La ministre a été accueillie par la maire de Mazères-Lezons, Monique Semavoine.

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    Comme Hugo et Guillaume, plusieurs Béarnais ont discuté avec la ministre ou, comme ici, les plus hauts représentants de son administration.

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    La ministre a reçu une délégation de pompiers avant d’entamer sa permanence.

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    Une quinzaine de gilets jaunes avaient aussi fait le déplacement. Ils ont pu discuter avec le préfet.

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Par Pierre-Olivier Julien, publié le , modifié .

La ministre de la cohésion des territoires Jacqueline Gourault a tenu ce lundi une permanence à Mazères-Lezons, où elle a pu faire face aux attentes des Béarnais. Et à certaines colères.

Ce n’est pas parce que la ministre MoDem Jacqueline Gourault avait choisi dans le Béarn de François Bayrou une municipalité MoDem ce lundi pour sa seconde permanence ministérielle dans les territoires, que sa tâche s’annonçait en terrain conquis. La preuve après deux heures d’échanges, dans la mairie rénovée de Mazères-Lezons, l’exercice de rencontre avec la population a dépassé les limites de la communication.

On a pu le constater d’emblée, à l’entrée de la mairie, où s’était réuni un comité d’accueil pour le moins contestataire, entre la présence de 80 pompiers en grève (lire ci-dessous) et d’une quinzaine de gilets jaunes. En fendant cet attroupement, Jacqueline Gourault n’a ainsi pas échappé à quelques quolibets et plusieurs sifflets qui ont vite fait de noircir son humeur.

« Cette méthode est la bonne »

« Trouvez-vous cela normal » a-t-elle lâché quelques minutes plus tard à la délégation de pompiers qu’elle avait accepté de recevoir. « Je joue le jeu de venir dans une commune, sans prendre de rendez-vous, de faire une permanence ouverte à tous. Et j’arrive dans un milieu pas très accueillant. J’ai été maire durant 25 ans et je n’ai pas l’habitude d’être en conflit avec les gens » a corrigé la ministre avant de poursuivre, en privé, son entretien avec les pompiers.

Et de parlementer avec eux ainsi près de 45 minutes, ce qui, ajouté à son retard de 30 minutes, a fortement réduit sa disponibilité pour la quinzaine de sollicitations de Béarnais qui s’étaient inscrits et qui, eux aussi, voulaient « jouer le jeu » de cette permanence. Heureusement, Jacqueline Gourault n’était pas venue seule, mais accompagnée de plusieurs directeurs nationaux de son administration qui, selon les thèmes abordés, se sont réparti les tête-à-tête. Quand le préfet Eric Spitz, lui, avait pris la charge de deviser avec les gilets jaunes, à l’extérieur du bâtiment.

Reste la démarche de cette permanence ministérielle. Au sortir du grand débat, le Président Emmanuel Macron avait incité ses ministres à descendre, comme lui, dans l’arène, pour aller au contact, sur le terrain, une invitation pour le gouvernement mais aussi la haute administration appelée franchir le périphérique parisien.

« Au sein de ce ministère, on travaille déjà beaucoup dans le concret, au plus près des territoires. Avec des déplacements réguliers, nous ne sommes pas surpris par l’exercice » tempère Serge Morvan, commissaire général à l’égalité des territoires. « Cette méthode est la bonne » confirmait la ministre qui renouvelait l’expérience après Hondschoote (Haut-de-France) le 27 juin et avant la Savoie vendredi.

Occitan, zones blanches et pollution

Si des sujets nationaux ou des cas personnels pouvaient transparaître dans les questions, la permanence a également pris un pli bien béarnais. D’abord avec les interrogations autour la langue occitane, relayées par la maire de Mazères-Lezons et conseillère départementale Monique Sémavoine ou par Jean-Brice Brana et Rémy Berdou, du mouvement culturel oc en Béarn. Entre « le manque d’effectif en primaire » et la réforme du lycée « qui rend illisible les options secondaires », les partisans du béarnais craignent que les efforts pour généraliser la lenga nostra soient battus en brèche.

« Même s’il n’y a pas de retour, il était important d’être là pour dire les choses. Sinon les sujets n’existent pas » notait Jean-Brice Brana. Ce dernier était toutefois satisfait d’avoir parlé avec Jacqueline Gourault « qui connaît le sujet » et étonné de cette formule « où la ministre se met dans la peau d’un maire ».

Même sentiment positif du côté d’Hugo et Guillaume, venus porter la parole de la région oloronaise, un territoire « assez reculé, rural, qui a beaucoup de difficultés » ont-ils présenté aux deux représentants du Commissariat à l’égalité des territoires. Et de cibler notamment sur le thème du numérique et la fin des zones blanches « que le Président Macron avait promis. Où en est-on » ont questionné les deux jeunes gens avant qu’on ne leur déroule un calendrier jusqu’en 2022. Les transports ont également été évoqués, surtout la Pau-Canfranc qui espère toujours un soutien de l’Etat, quand l’Europe et la Région se sont déjà engagées.

L’occasion pour Bernard Cazenave de laisser à l’administration un exemplaire du récent livre blanc du Creloc. Avec sa casquette d’élu d’Abidos, il s’est aussi inquiété de la pollution atmosphérique sur le bassin de Lacq, réclamant « davantage de contrôles ». Au rang des élus, on a pu également apercevoir le maire de Sauvagnon, Jean-Pierre Peys, venu parler avec la ministre de la loi Notre et de ses quelques « paradoxes ».

« Des Saint Thomas en puissance »

De vieux combats ont aussi été exposés, comme celui porté par l’association Acenir, sur l’assainissement non collectif. Et Simone et Roger, de Bournos, de réclamer le respect de la loi sur la périodicité des contrôles, en dénonçant des disparités. Une rencontre qui portera ses fruits ? « On attend de voir, nous sommes des Saint Thomas en puissance » souriront les deux Béarnais, en écho à la réaction de beaucoup de participants.

Enfin, Franck Muller, circassien, est venu défendre sa profession. « S’il y a un vrai travail avec l’Etat, on a beaucoup de mal en ce moment avec les municipalités » a souligné le directeur dont le cirque a défrayé la chronique ces dernières semaines en Béarn. « Mais je le connais parfaitement, M. Muller » réagira Jacqueline Gourault en l’accueillant, pour son dernier échange de la journée.

Démonstration de mobilisation des pompiers du 64

Ils avaient prévenu. Et même déclaré leur manifestation. Ce lundi, devant la mairie de Mazères-Lezons, près de 80 pompiers en grève se sont rassemblés pour la venue de la ministre. Sapeurs venus de Pau, Mourenx, Oloron, Saint-Jean-de-Luz, Hendaye… Une démonstration de mobilisation pour porter haut leurs revendications, notamment sur le temps de travail. « 24 heures payées 17, ce n’est pas normal » insiste Jean-Marc Scopel pour le syndicat Unsa, largement représenté et rejoint ce lundi par la Fédération Autonome.

« Un ras-le-bol » qui porte aussi sur l’amplitude des heures de gardes, « qui constituent un réel danger ». La ministre Jacqueline Gourault a promis de faire passer leurs revendications auprès de son collègue Christophe Castaner. Mais de rappeler que si les pompiers réclament que toutes leurs heures soient comptées, « c’est une décision qui appartient au Sdis, et donc au Département ». Quant au niveau de l’Etat, « il y a le souci de faire en sorte que notre système basé sur les professionnels et le volontariat soit sauvegardé, et viable financièrement. ».

Territoires d’industrie : 150 millions d’euros d’investissements espérés avec le nouveau label

Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat, lors de la signature du contrat Territoire d’industrie Lacq-Pau-Tarbes

Crédit photo : Valentin Vié

Dans le cadre du dispositif Territoire d’industrie, l’ensemble des protagonistes du dossier Lacq-Pau-Tarbes (les régions Nouvelle Aquitaine et Occitanie, l’État français, les collectivités locales du Béarn et de la Bigorre, mais aussi des chefs d’entreprises des deux territoires) se sont réunis ce lundi à l’hôtel de ville de Pau « pour valider 29 projets générant l’engagement de plus de 150 millions d’euros d’investissements dans les trois ans ».

Pour l’occasion, François Bayrou et Gérard Trémège, respectivement présidents du Pôle métropolitain Pays de Béarn et de la communauté d’Agglomération Tarbes-Lourdes-Pyrénées, ainsi qu’Alain Rousset (président de la région Nouvelle-Aquitaine), Jean-Louis Cazaubon (vice-président de la région Occitanie), Dominique Mockly (PDG Terega, référent industriel pour le Béarn), Marc Mesplarau (PDG de Daher, référent industriel pour la Bigorre), Jacqueline Gourault (ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales) et Agnès Pannier-Runacher (secrétaire d’État auprès du ministre de l’économie et des finances en charge de l’industrie) ont signé le contrat intronisant le nouveau label « Territoires d’industrie Lacq-Pau-Tarbes », qui avait été dévoilé le 25 mars dernier.

Le premier de Nouvelle-Aquitaine

Ce contrat est le premier signé dans la région Nouvelle-Aquitaine. Pour rappel, l’État français va investir 1,36 milliard d’euros dans tout l’Hexagone dans Territoire d’industrie, « ainsi que des moyens administratifs, techniques et humains. » Ce label a été créé par l’actuel gouvernement pour « accompagner la réindustrialisation de la France ».

Valentin Vié

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