À partir de septembre, la SNCF propose des réductions jusqu’à 75% sur nombre de billets de TER .
« Nous lançons une politique de reconquête avec des billets à petits prix, de 5 à 20 euros, pour donner envie aux gens de prendre le TER, après un printemps chahuté (longue grève perlée d’avril à juin, ndlr), », expliquait hier Philippe Bru, directeur de la SNCF en Nouvelle-Aquitaine, lors d’un point presse dans le train Bordeaux-Arcachon. Cette grève, la plus longue du secteur en France depuis trente ans, a considérablement écorné l’image de l’entreprise auprès du public. Dans notre région, la fréquentation a chuté d’environ 20 % entre avril et juin.
5 euros pour Bordeaux-Arcachon
Pour redorer son blason, la SNCF, avec le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine (qui a compétence sur les TER depuis 2002), va proposer chaque semaine sur le site TER Nouvelle-Aquitaine et l’application SNCF, entre septembre et décembre, mille billets à « prix cassés » sur une sélection de trajets régionaux. Par exemple, 5 euros pour un aller simple Cognac-Angoulême ou Arcachon-Bordeaux, 10 euros pour Périgueux-Limoges et Niort-La Rochelle. Ou 20 euros pour un Hendaye-Bordeaux. Seule contrainte pour espérer bénéficier de ces tarifs, les voyageurs devront anticiper leur achat, de deux à soixante jours.
Dans le même temps, la compagnie « soigne » les abonnés, nouveaux ou anciens, du TER. En septembre, elle va diminuer de 50 % le prix de leur forfait. En outre, mille billets TER vont être offerts lors de la semaine de la mobilité (du 16 au 22 septembre) sur des trajets domicile-travail, afin d’inciter les gens à délaisser leur voiture.
Objectif : démontrer que le TER peut être une alternative crédible à l’automobile. « Le prix de l’essence a augmenté et ce n’est pas prêt de s’arrêter », glisse Renaud Lagrave, vice-président du Conseil régional chargé des transports.
« Aujourd’hui, il est possible de prendre le train en Nouvelle-Aquitaine pour un euro par jour. C’est mieux que le covoiturage, surtout avec des réseaux routiers saturés autour des grandes agglomérations. Mais à condition que le réseau TER soit efficace », souligne l’élu.
Facture salée : qui va la payer ?
Avant les grèves, la régularité de ces trains en Nouvelle-Aquitaine était de 91,4 %, puis elle a fléchi à 90,2 %. Mais, pour augmenter la qualité du service, il faut mettre les moyens dans les infrastructures. « Un tiers de notre réseau TER nécessite de lourds investissements. Les petits prix ne suffiront pas », reconnaît Philippe Bru.
La facture pour rénover tout le réseau régional dans les dix prochaines années est salée : 1,2 milliard d’euros. « Qui va payer ? » s’interroge Renaud Lagrave, qui attend une réponse lors des débats sur la future loi d’orientation sur les mobilités à l’automne. « Actuellement, six lignes sont fermées dans la région », déplore-t-il.
« Le parc TER le plus moderne »
Prudente, la SNCF n’a d’ailleurs pas fixé d’objectifs chiffrés en termes de conquête de nouveaux abonnés. « Avant la grève, nous étions la première région française pour la croissance du trafic. Nous avons l’avantage d’avoir le parc de TER le plus moderne du pays (61 rames neuves sur 204) », tente de rassurer Philippe Bru.
« Le problème est que les gens prennent souvent leur voiture pour emmener les enfants à l’école et c’est ce qui conditionne les déplacements », observe Christian Broucaret, président de la FNAUT (Fédération nationale des associations d’usagers des transports) en Nouvelle-Aquitaine. Derrière cette politique commerciale se cache aussi un autre enjeu pour la SNCF : se préparer à l’ouverture à la concurrence des TER en 2023.