Tensions sur le très haut débit dans les Pyrénées-Atlantiques

Fév 17, 2017 | Numérique, Presse française

Tensions sur le très haut débit dans les Pyrénées-Atlantiques
Majorité et opposition départementales restent divisées sur le déploiement du réseau de fibre optique.

Marc Zirnheld
PAR MATHIEU HOUADEC, PUBLIÉ LE .

Le déploiement de l’internet très haut débit dans les Pyrénées-Atlantiques a encore fait débat, ce jeudi, au conseil départemental. Notamment sur le calendrier.

« Maîtrisé », « rigoureux » et « bon ». C’est ainsi qu’a été qualifié le budget primitif 2017 du conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques par les élus de la majorité. Budget adopté en session plénière ce jeudi soir et dans lequel on retrouve notamment les mesures validées sans remous d’une fiscalité stable pour le foncier bâti, et l’engagement du Département pour les échangeurs autoroutiers (voir notre édition du 14 février). Le déploiement du réseau internet très haut débit a lui par contre provoqué un vif débat.

Fiscalité stable en 2017

Comme annoncé par le président Jean-Jacques Lasserre, le taux de la taxe du foncier bâti n’augmentera pas cette année. « Et tant que nous le pourrons, cela restera ainsi », a-t-il souligné. Son vice-président délégué aux finances, le Biarrot Max Brisson, a lui expliqué que c’est grâce à « une rigoureuse maîtrise » des dépenses de fonctionnement (596 millions d’euros) et à la « bonne tenue des droits de mutation » (qui ont atteint 118 millions d’euros en 2016) que la fiscalité ne bougera pas. Raisons qui ont également permis de provisionner un budget d’investissement de 116 millions d’euros pour 2017, et 63 millions d’euros d’épargne.

Des arguments qui n’ont pas trouvé grâce aux oreilles de Marie-Pierre Cabanne, présidente du groupe de gauche, qui a notamment souligné qu’après un budget 2016 « sous apnée, voici venu le temps de la suroxygénation : à quoi va servir la cagnotte de 29 millions d’euros d’excédent ? Quid des populations vulnérables, dont vous aviez baissé les subventions de solidarité en 2016 ? ».

Un réseau très haut débit inégalitaire ?

Mais là où les élus se sont montrés le plus tranchants dans leurs échanges, c’est au sujet du déploiement de l’internet très haut débit, via la fibre optique. Le projet de délibération rapporté par Nicolas Patriarche, porte-parole de la Droite républicaine, rappelle que le département a été « avant-gardiste avec les réseaux IRIS64 et NET64 ». Mais surtout, le texte précise que l’actualisation du Schéma directeur territorial d’aménagement numérique du 64 (SDTAN) prévoyait une première phase de déploiement « en cinq ans (2018-2022), estimée à 321,4 millions d’euros ». Avec pour objectif déclaré « une desserte toute fibre optique de 163 413 locaux résidentiels ou professionnels, une autre par les technologies de montée de débit de 8 302 locaux », avec au final la réalisation d’un secteur très haut débit couvrant « au moins 50 % de la population, dans chaque intercommunalité ».

Un chiffre qui a fait bondir l’élu socialiste bayonnais Christophe Martin. « C’est fou ! D’une part, vos 50 % ne concernent pas les zones de Pau et de Bayonne, ce qui réduit encore plus le champ d’action, mais en plus cela ne vaut que pour les zones les plus peuplées : malheur à ceux qui habitent en montagne ou dans les endroits reculés ! » Et d’ajouter : « Sans parler des dizaines de milliers de particuliers ou professionnels qui aujourd’hui n’ont pas d’accès décent à internet. Ils n’attendront pas 2022 pour la fibre, voire 2030 si on en croit le rapport de la Cour des comptes. »

Nicolas Patriarche a défendu le projet de la majorité, rappelant que « l’objectif est de 50 % minimum, mais on atteindra 70 à 90 % en réalité. Et 100 % dans dix ans ! ». Au final, la délibération a été adoptée par 35 voix pour, 19 élus préférant s’abstenir.

Le budget primitif voté

Le conseil départemental a adopté ce jeudi soir le budget primitif 2017, le groupe de gauche votant contre et trois élus sans étiquette s’abstenant. D’un montant total de 712 millions d’euros, il prévoit 381 millions pour les « solidarités humaines » (90,4 millions pour le RSA, 68,7 millions pour l’allocation personnalisée d’autonomie et 20 millions pour la prestation de compensation du handicap).

A noter également les 57 millions d’euros investis pour « les aménagements, les déplacements et les bâtiments départementaux » (35 millions pour la voirie et les déplacements durables, 22 millions pour les collèges et bâtiments).

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