Ce jeudi à Banca sera inauguré le premier site 4G multi-opérateurs d’accès à l’internet mobile. Illustration d’une démarche qui doit achever la couverture 4G d’ici 2022 dans le département.
Avoir du réseau sur son smartphone, pouvoir accéder à internet sur son mobile, c’est parfois une galère dans les Pyrénées-Atlantiques. On le sait, le département possède encore de nombreuses zones blanches, malgré un certain rattrapage des opérateurs ces dernières années et l’arrivée de la 4G. Dans nos colonnes, on a nombre de fois relayé le casse-tête de professionnels ou de particuliers.
Mais cette fois, c’est vraiment promis : la couverture du 64 en 4G sera (quasi) complète à l’horizon 2022. Une démarche, qui découle du « new deal mobile » que les opérateurs ont passé avec l’Etat, et dont la première illustration concrète sera l’inauguration, ce jeudi 2 mai à Banca, du premier site multi-opérateurs 4G. Explications avec Michel Combot, directeur général de la Fédération française des télécoms qui réunit les opérateurs français.
- Quels sont les objectifs de ce « new deal mobile » ?
Il a été signé en 2018. Son premier objectif est de faire passer l’ensemble du réseau actuel vers la 4G, qui est devenue la norme d’aujourd’hui. Le gouvernement avait reconduit sans enchères des licences d’opérateurs. Et en échange ces opérateurs (Orange, SFR, Free et Bouygues) ont décidé de réinvestir près de 3 milliards d’euros (somme qu’ils auraient dû redonner à l’Etat) dans un programme ambitieux. Ainsi, l’ensemble des pylônes, qu’ils soient propres à chaque opérateur ou qu’ils soient mutualisés vont passer à la 4G d’ici fin 2022. Une première étape qui ne concerne que les zones déjà couvertes en 3G.
- C’est le cas pour le site de Banca, inauguré ce jeudi ?
Oui. Celui de Banca est mutualisé, c’est-à-dire que les opérateurs ont mis en commun leurs antennes sur un même pylône qui va permettre de desservir ici la commune de Banca et une partie de la vallée des Aldudes. Et permettre aux habitants d’accéder à la 4G avec l’opérateur de leur choix et à internet en profitant de vitesses de plusieurs dizaines de mégabits par seconde (70 à 80), contre quelques mégabits avec la 3G. C’est un vrai saut dans la modernité et les usages vont s’en retrouver accélérés.
- Mais à côté de ces améliorations de l’existant, y aura-t-il aussi de nouveaux pylônes ?
Oui, c’est le second objectif : améliorer la couverture notamment dans les zones qui n’étaient pas techniquement des zones blanches, mais mal desservies. Quand vous voulez accéder à l’internet mobile, votre smartphone nécessite une couverture plus élevée. C’est dans ce cadre que de nouveaux pylônes mutualisés, 21 dans les Pyrénées-Atlantiques, vont être installés.
- Comment ont été identifiés ces 21 nouveaux sites ?
Un travail a été mené depuis l’an passé et l’identification et la priorisation des sites a été faite par les élus et par les équipes-projets du 64 qui associent le conseil départemental et la préfecture. Ils nous ont demandé si on partageait le constat sur ces zones identifiées et ce sont eux qui ont demandé à ce que ces sites soient intégrés dans des arrêtés qui rendent contraignante la construction de ces sites sous deux ans. Il y a déjà eu trois arrêtés au niveau national. Il y en aura encore deux en 2019. Et l’on va continuer ainsi chaque année à cibler de nouveaux sites.
- Des installations qui peuvent parfois prêter à polémique et susciter des craintes…
Les élus vont nous accompagner pour trouver les terrains et nous concerter avec les riverains. On respecte toujours les règles de sécurité. Mais ce qui gêne surtout, c’est l’aspect visuel, c’est constamment un peu notre problème. Chacun veut de la couverture 4G mais personne ne veut voir de pylône. On essaie de trouver des sites adaptés qui permettent de couvrir la zone considérée et que le pylône puisse s’intégrer socialement et visuellement dans le paysage. Ici, ils se retrouveront surtout en zone rurale ou montagneuse, où cela correspondra aussi un défi technique, notamment pour l’électrification des installations.
- Qui paie cette opération ?
Auparavant, pour ces pylônes mutualisés, c’était un cofinancement opérateurs-Etat-collectivités. Désormais, le financement est intégralement à la charge des opérateurs. Pour les 21 pylônes dans le 64, ce sera un peu plus de 4 millions d’euros investis. Au total, à terme, ce sera pour les Pyrénées-Atlantiques une trentaine de millions à la fois pour construire les nouveaux pylônes et pour passer l’intégralité du réseau en 4G.
À noter que pour chaque pylône mutualisé, il y a un opérateur désigné leader, qui a en charge l’installation dont le coût s’élève à 200 000 € (pour le seul passage en 4G, cela coûte 60 000 €). Il y a une répartition à l’échelle nationale entre les 4 opérateurs. Opérateurs qui, une fois le site mis en place, paieront un loyer au propriétaire du terrain (commune, département, particulier…).
- Peut-on donc vraiment escompter une couverture 4G à 100 % en 2022 ?
Chaque opérateur avait déjà accéléré de son côté sa mutation vers la 4G. Notons que sur les 824 sites dans le département, 670 étaient déjà équipés en 4G. Le réseau s’était déjà bien amélioré. Notre priorité sera double : construire les 21 nouveaux pylônes d’ici le début de 2021 et passer les 27 pylônes mutualisés restants en 4G. Ainsi, fin 2022, les Pyrénées-Atlantiques seront couvertes. Après, évidemment, les territoires aussi évoluent. Ce qui est une friche aujourd’hui peut devenir une zone d’activités. La couverture doit aussi suivre les évolutions démographiques.
C’est pourquoi nous avons également fait des propositions aux élus, issues d’un travail technique, pour cibler des zones de mauvaises couvertures et dans lesquelles les élus pourraient piocher et y faire implanter des sites (en jaune sur la carte). Il y en a ici 14, et c’est moins que le quota dont a le droit le département qui est d’une douzaine de sites par an. À terme, on espère avoir 70 à 80 nouveaux pylônes dans les Pyrénées-Atlantiques.
La 4G, c’est bien, mais la 5G ?
Les Béarnais peuvent se souvenir qu’en début d’année, à Pau, Orange réalisait des tests techniques en vue de la future arrivée, non pas de la 4G, mais de la 5G, programmée à l’horizon 2020. En effet, alors que le plan présenté ci-dessus nous projette vers (enfin) une couverture totale en 4G sur le département, ne serait-on pas déjà à la remorque de la modernité, la 5G étant déjà sur les rails ? Non, répond le directeur général de la FFT, Michel Combot. « La 5G n’est pas un remplacement de la 4G pour une utilisation courante. Avoir le débit 4G suffit amplement pour la plupart des usages » souligne le professionnel.
Pour la réactivité du réseau
Cependant, il reconnaît que certaines entreprises ou applications peuvent nécessiter des besoins spécifiques. « Notamment sur la réactivité du réseau. La 5G pourra alors apporter une réponse. Et dans les zones très denses, là où il y a beaucoup de trafic et de personnes, la 5G permettra d’améliorer les conditions de navigation ».
Hormis ces cas, selon le dirigeant, la 5G n’apportera pas d’amélioration dans les deux à trois prochaines années, « la 4G a encore toute sa pertinence ». Quant à savoir ce que seront les réseaux dans 10 à 15 ans, « difficile à imaginer. Même pour la 4G, nous avons été surpris de son succès. Cela correspond à un doublement du trafic et donc des données échangées chaque année. Compréhensible quand on sait qu’aujourd’hui, les trois quarts des Français possèdent un smartphone, utilisé parfois davantage que les PC. D’où aussi l’enjeu de ce rattrapage que nous menons désormais sur les territoires » relève Michel Combot.
Les chiffres et les implantations à retenir pour le 64
Les Pyrénées-Atlantiques comptaient 824 sites tous opérateurs confondus au 31 décembre 2018. Parmi eux, 670 sites étaient déjà équipés en 4G, dont 62 passés en 4G entre mars et décembre.
Fin 2018, 154 sites devaient encore migrer vers la 4G. Sur ces 154, 112 sites multi-opérateurs se trouvant sur 28 pylônes et couvrant 55 communes devront passer en 4G d’ici fin 2022. 28 moins un puisque le site de Banca propose aujourd’hui la 4G multi-opérateur. Pour les 42 sites restants, ils devront quant à eux migrer vers la 4G au plus tard fin 2020.
Dans le département, ce sont donc également 21 sites 4G qui, entre fin 2019 et fin 2021, seront construits par les opérateurs au titre du dispositif de couverture ciblée. Voici les communes où seront implantés ces pylônes : Cadillon, Lucq-de-Béarn, Aast, Angous, Arrast-Larrebieu, Basillon-Vauzé, Espéchède, L’Hôpital-d’Orion, La Bastide-Clairence, Lourenties, Méharin, Ogenne-Camptort, Esquiule (2), Isturits (2), Orègue, Hasparren (Bonloc), Esterençuby (2), Ahaxe-Alciette-Bascassan (Vierge d’Ahaxe)