L’entreprise Sintertech a été placée en liquidation judiciaire ce mardi soir. Son activité se poursuivra au moins 15 jours. Les 73 salariés licenciés restent dans l’expectative quant à leur avenir.
Après un feuilleton long de six mois, le couperet est tombé ce mardi soir pour l’entreprise Sintertech. Le tribunal de commerce de Grenoble a en effet prononcé la liquidation judiciaire de cette société, placée en redressement judiciaire depuis mars 2019.
Même si l’activité devrait être prolongée au moins 15 jours, cette décision a pour conséquence la suppression des 73 emplois de l’usine basée à Oloron. 200 salariés devraient subir le même sort sur les sites isérois de Veurey et Pont-de-Claix. Seule une infime partie de l’activité (16 salariés) située à Pont-de-Claix sera reprise.
Maillon de la filière automobile
« C’est un gâchis incommensurable. L’État et de grosses entreprises n’ont pas pris la mesure de l’importance du maillon que constitue Sintertech dans la filière automobile française », tance le responsable CGT Jean-Bernard Etchemendy.
Selon le syndicat, la liquidation de la société risque de provoquer des arrêts sur les chaînes de montage de clients comme Renault, Peugeot, Sogefi ou Electricfil. Et pour cause, le métallurgiste, installé dans la zone d’activités de Légugnon, est spécialisé dans la production de composants en métal fritté utilisés dans la constitution des distributions (pignons de pompe à eau, poulie de vilebrequin…), des boîtes de vitesse et des moteurs. « C’est dommage que Renault ne se soit pas plus impliqué et que Peugeot se soit désengagé du dossier », regrette le responsable CGT.
Une moyenne d’âge de 50 ans
Mis au pied du mur, ces constructeurs sont entrés en négociations avec l’administrateur judiciaire pour allonger à 3 mois la période de maintien de l’activité. « Les salariés ont donné leur aval sous condition de rémunération exceptionnelle. Même si cela ne change rien à leur avenir, ils restent professionnels jusqu’au bout », souligne Jean-Bernard Etchemendy. Pour l’heure, les fours de la fabrique demeurent éteints. Trois jours seront nécessaires pour les porter à la température idoine…
Passé cet horizon, le futur s’annonce bien incertain pour les 73 employés de Sintertech à Oloron. D’autant que la moyenne d’âge avoisine les 50 ans. « Cela peut comporter à des difficultés pour retrouver un emploi », admet Jean-Bernard Etchemendy.
Un dispositif en lien avec Pôle emploi et la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) va être mis sur pied afin de reclasser ces salariés licenciés. « Je ne sais pas si on retrouvera un niveau social aussi élevé, à la hauteur de ce que l’on avait au bout des doigts », soupire le syndicaliste.
Presque cinquante ans d’histoire
Sintertech s’est implanté entre 1972 et 1973 à Oloron dans le cadre de la décentralisation. À son âge d’or dans la capitale du Haut-Béarn, la société a compté jusqu’à 165 contrats à durée indéterminés et plus d’une trentaine de contractuels. Des effectifs qui ont baissé significativement à partir de 2004. « Cette entreprise a fait les frais du manque d’ambition des actionnaires successifs (Federal Mogul et TMC) mais aussi du manque d’accompagnement des pouvoirs publics dans le développement de cette technologie », a estimé la CGT dans une motion de soutien approuvée lors de la conférence régionale vendredi dernier.
Si trois projets de reprise ont été mis sur la table, le tribunal a estimé que les conditions n’étaient pas réunies pour la réussite de l’entreprise. Signant la fin d’une saga industrielle de près de 50 ans à Oloron.
Les salariés à la recherche d’un local sur Oloron
Les salariés de Sintertech souhaitent continuer à s’entraider une fois la fermeture effective de l’usine. Pour ce faire, ils recherchent un local assez grand sur Oloron pour accueillir 70 personnes en même temps. « On ne va pas défaire comme ça les liens tissés entre nous durant des décennies. Dans ce type d’épreuve, il faut être solidaire », assure le responsable CGT. Des contacts avec la mairie et la communauté de communes ont été établis, sans résultat pour le moment.