Les problèmes de maintenance ayant conduit à des accidents comme celui de Brétigny en 2013 ou de Denguin en 2014 « persistent » à la SNCF, affirme le Parisien mardi sur la base d’un rapport partiel et confidentiel du gendarme du ferroviaire EPSF, la SNCF soulignant au contraire une amélioration de la sécurité depuis trois ans.
En effectuant eux-mêmes neuf opérations de contrôles le long des voies ferrées, entre le 29 avril et le 23 mai, sur des parties de la zone Atlantique (Bretagne, Pays de la Loire, Centre-Val de Loire, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie), les enquêteurs de l’EPSF ont trouvé des « dizaines d’anomalies ». Certaines peuvent affecter la sécurité mais ne figuraient pas dans les rapports SNCF même lorsque la dernière tournée d’inspection remontait à une semaine, souligne Le Parisien dans un article en ligne.
Le Parisien évoque ainsi des éclisses (pièces métalliques reliant deux rails) avec des boulons desserrés ou manquants —un élément qui a joué un rôle essentiel dans le déraillement du train Intercités Paris-Limoges à Brétigny-sur-Orge (Essonne) qui avait fait sept morts et plus de 30 blessés le 12 juillet 2014.
Des fils rongés, comme à Denguin
Le rapport de l’Etablissement public de sécurité ferroviaire (EPSF), couvrant l’audit technique de 14.000 km du réseau SNCF (qui en compte 30.000 au total), pointe aussi « plusieurs centaines d’anomalies » qui « n’ont pas été traitées dans les délais réglementaires », certaines n’étant toujours pas réparées un an plus tard. « Il n’est pas possible d’avoir la garantie que les anomalies identifiées lors des opérations de surveillance ont bien été traitées » observent les auteurs du rapport, cités par le journal.
La zone Atlantique n’a pas été choisie au hasard. Brétigny en faisait partie lors de l’accident, tout comme Denguin… Le Parisien souligne d’ailleurs que les leçons du drame qui s’était joué dans les Pyrénées-Atlantiques en 2014 n’ont pas été retenues. Sur la ligne Dorat-Limoges, les experts auraient découvert un fil électrique rongé à un passage à niveau. Et même un second en poussant les vérifications. Soit la cause de la collision entre un TER et un TGV qui avait fait une trentaine de blessés à Denguin, après que des rongeurs aient dénudés des fils électriques.
« Jamais eu autant de contrôles »
Mardi soir, le rapport d’audit de 96 pages n’était pas disponible sur le site de l’EPSF et aucun responsable n’a pu être joint. Interrogée par l’AFP, la SNCF a confirmé la teneur du rapport technique d’audit, tout en minimisant les conclusions tirées par le quotidien. « Si l’EPSF avait noté des situations graves ou des écarts graves, il a l’obligation de demander des mesures conservatoires immédiates, ce qui n’est pas le cas » a souligné un responsable. « Pour juger de l’état de la sécurité, il faut regarder le nombre d’+accidents de sécurité remarquables+ signalés par l’EPSF, et qui a baissé de 30% en trois ans » a indiqué la même source.
Depuis Brétigny, « le contrôle et la sécurité ont été complètement remis à plat, avec notamment le lancement de plusieurs trains de surveillance bardés de capteurs électroniques, baptisés Surveil, qui sillonnent jour et nuit le réseau pour vérifier l’intégrité du réseau », a ajouté ce responsable. Selon lui, « il n’y a jamais eu autant de contrôles, ce qui est une bonne chose ».