Rouget délocalise à Deauville une partie de son écurie paloise

Nov 21, 2017 | Economie, Presse française

Rouget délocalise à Deauville une partie de son écurie paloiseJean-Claude Rouget, entraîneur comblé, auteur de multiples records, transfère une partie de ses activités à Deauville.

© Ascension Torrent

 

Par Gérard Cayron, publié le .

Coup dur, et pas seulement en terme d’image, pour le monde des courses hippiques : Jean-Claude Rouget, entraîneur très réputé, va transférer une partie de ses activités à Deauville.

Voilà qui devrait faire jaser dans les coulisses du meeting palois, à partir du 2 décembre (1). Jean-Claude Rouget, le mythique entraîneur basé en Béarn depuis 40 ans, va délocaliser une partie de ses activités à Deauville !

Au cours d’un bref entretien téléphonique, l’intéressé, souvent peu disert, nous a confirmé la rumeur de plus en plus tenace dans les milieux hippiques. « J’ai trop de chevaux sur un même site (Pau) et on ne peut pas bien les observer tous. Cela nous posait aussi un problème de logistique avec des transferts incessants », résume celui qui, à 64 ans, reste l’un des plus grands entraîneurs européens.

500 000 €

Source de fatigue pour les pur-sangs – et les salariés -, chaque (long) trajet depuis Pau était devenu un véritable casse-tête.

« Pau n’est pas remis en cause »

Ce choix « ne remet pas Pau en cause, c’est juste une question d’intendance », précise Rouget, « car aujourd’hui, au niveau de l’élite, de plus en plus de courses sont concentrées sur le nord de la France, la région parisienne, et l’Angleterre. À Deauville, nous serons plus près. »

Sauf avis contraire de l’État en raison de la présence de zones inondables, il va donc faire construire quelques 80 boxes sur les installations de Deauville. Coût de l’investissement : « un gros million d’euros ».

À terme, environ un tiers de son écurie béarnaise va être appelé à déménager. Idem pour le personnel puisque 25 salariés et leurs familles vont suivre les chevaux « transférés » en Normandie. Il faut savoir que Jean-Claude Rouget, d’origine… normande (!), s’appuie aujourd’hui sur pas moins de 250 chevaux, dont 170 sont régulièrement engagés dans les plus grands meetings. Sa société fait travailler 60 à 80 personnes.

Régulièrement en tête des bilans annuels pour le nombre de victoires, il est toujours sollicité par les propriétaires à forte notoriété, dont le Prince Aga Khan, capitalisant par exemple 4,7 millions de gains la saison dernière en dépit de plusieurs contrariétés (lire zoom).

Deauville apprécie

À Deauville, on apprécie bien sûr cette arrivée à sa juste mesure. « Après 5 ans d’investissements, c’est une magnifique opportunité pour notre centre d’entraînement. Cela va attirer des propriétaires de premier plan », se félicitait récemment le directeur des lieux, Olivier Louit, dans les colonnes de notre confrère « Ouest-France ».

En revanche, cette future délocalisation, même partielle ne fait pas que des heureux en Béarn. Jean-Claude Rouget, qui malgré les sollicitations n’a jamais souhaité s’installer au milieu de ses concurrents à Chantilly, « a trouvé des facilités à Deauville », relève Jean Brouqueyre, le directeur de l’hippodrome palois

« Nous connaissions sa volonté de délocaliser une partie de l’écurie, ce qui est clairement très préjudiciable pour nous ! On parle là de l’un des meilleurs entraîneurs au monde ! », rappelle-t-il.

Retour à Pau… en hiver

Alors qu’une étude économique fouillée sur la « filière Cheval » est en cours de finalisation, le responsable de l’hippodrome béarnais a même déjà quantifié les retombées concrètes de ce transfert. Le manque à gagner est bien réel.

« Entre les « droits de pistes », locations de boxes, etc… on peut parler de 200 000 € en ce qui concerne seulement notre société de courses », détaille Jean Brouqueyre. « Et pour l’ensemble du territoire, on peut l’estimer à environ 500 000 € de moins en achats de fournitures, stocks de paille…».

Seul petit lot de consolation : les chevaux de l’écurie Rouget reviendront, en hiver, récupérer de leurs efforts sous le beth ceü de Pau. Ils retrouveront alors les installations de Sers.

Une saison difficile

Si les chevaux qu’il entraîne ont tout de même accumulé 4,7 millions d’euros de gains, Jean-Claude Rouget sort d’une saison difficile à cause, notamment, du virus contracté en avril par plusieurs membres de son écurie. Une rhinopneumonie (maladie s’attaquant à la moelle épinière) a affecté, plus ou moins gravement, jusqu’à 15 chevaux. Deux d’entre eux ont même été euthanasiés.

L’homme de tous les records

Après avoir très tôt choisi de s’orienter vers le métier de son père, Jean-Claude Rouget – qui a aussi brillé sur les stades (champion de Bretagne sur 1500 mètres) – a rapidement accumulé les records. Se consacrant entièrement aux courses de plat à partir de 1993, il a enlevé les plus grandes classiques (GP de Paris…) et surtout décroché les deux plus beaux fleurons du turf français : le Prix du Jockey-club et le Prix de Diane (gagné à 3 reprises). En 2016, il réalise pour la deuxième fois le doublé Prix du Jockey Club – Prix de Diane et détient le record de victoires sur une saison (242).

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