Retards, trains supprimés… : le TER perd des usagers

Fév 7, 2018 | Ferroviaire, Presse française

Retards, trains supprimés... : le TER perd des usagers
Les retards contraignent les usagers à s’adapter.

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PAR ÉMILIE RONFLARD, PUBLIÉ LE .

Des problèmes récurrents affectent la régularité des lignes TER régionales. Certains voyageurs béarnais se lassent et choisissent de bouder le réseau.

Trouver des voyageurs excédés dans les lignes du TER n’est pas chose difficile, tant les retards et les suppressions de trains sont fréquents sur les lignes 63 (Pau-Oloron), 64 (Bordeaux-Pau) et 65 (Bayonne-Tarbes).

Le mécontentement des usagers de la ligne 64 ne tarit pas : « pas une semaine sans retard ou train supprimé », « c’est trop fréquent, on veut bien être conciliant mais jusqu’à une certaine limite », « on dirait qu’ils le font exprès », « c’est une vraie plaie ! »…

Une fréquentation en baisse

La situation est telle que des voyageurs ont déjà déserté le train au profit de la voiture. « On a perdu des clients à cause des travaux. La substitution par des bus n’est pas optimum », confirme un agent de la SNCF. Un usager témoigne : « Ce qui explique sans doute qu’avant moi, d’autres ont déserté ce TER, ce sont surtout les incertitudes qui pèsent régulièrement sur la ligne. » Les chiffres de report des usagers du train vers les transports individuels sont connus par la SNCF mais ne sont pas communiqués.

Ces retards ont des conséquences directes au niveau personnel comme professionnel. Ainsi, une abonnée se réjouit, avec une dose d’ironie, d’avoir « un employeur qui la supporte encore ». Une autre affirme ne pas prendre de rendez-vous le soir « tant les horaires sont aléatoires ».

Outre les retards qui atteignent fréquemment 30 minutes, le remplacement des trains par des bus allonge considérablement le temps de transport. Ainsi sur le trajet Pau-Oloron, on passe de 20 minutes en train à 1 heure en moyenne en bus. Le bus marque tous les arrêts et il est fortement ralenti aux heures de pointe.

Alors quand la SNCF affiche un taux de régularité de 89,7 % pour les TER de la région, « ça fait doucement rigoler » les voyageurs.

Les raisons invoquées pour expliquer les perturbations récentes du trafic sont multiples : grèves de novembre-décembre, intempéries, travaux sur les lignes… Une abonnée s’est vue répondre que « les agents étaient envoyés sur des lignes plus fréquentées ». Un agent SNCF précise que « même quand les travaux concernent d’autres lignes, cela peut avoir un impact sur la circulation ».

À la rencontre des usagers

Un jeudi par mois, depuis plus de deux ans, des agents de la SNCF viennent à la rencontre des voyageurs dans les gares TER « pour écouter, informer et prendre la température ». Jeudi soir dernier, peu de monde sur le stand en gare de Pau. Les agents informent sur les travaux à venir mais ils cherchent aussi à orienter les voyageurs vers les supports numériques de communication, qui transmettent en temps réel des informations sur l’état du trafic. Mais ces services ont leurs limites. Ainsi, l’alerte sur smartphone en cas de retard n’est déclenchée qu’au bout de 15 minutes de débours, lors du passage du train à la première balise, ce qui n’est pas satisfaisant selon les usagers.

Mais malgré l’agacement des passagers, l’attachement au train reste fort. Le confort et la praticité sont évoqués, mais aussi des raisons économiques et un lien fort au service public : « Je veux continuer à prendre le train pour sauver ma ligne », confie l’un d’eux. Des préoccupations environnementales sont également mises en avant : « Le train est moins polluant, mais si les trains sont remplacés par des bus, je préfère autant prendre ma voiture », estime un autre.

L’agent d’accueil SNCF présent au stand d’information affirme comprendre les critiques formulées mais encourage les voyageurs à adopter une vision à moyen terme : « Cela faisait 30 ans qu’il n’y avait pas eu de travaux sur ces lignes, c’est une bonne nouvelle ! Il s’agit juste d’une période transitoire. » L’avenir nous dira si les usagers auront eu assez de patience…

Lignes TER : les travaux se poursuivent en 2018

En 2018, les travaux continuent sur les lignes TER avec des conséquences variables. Sur la ligne Bordeaux-Pau, les travaux débutés le 5 février vont se poursuivre jusqu’au 9 mars, avec en moyenne quatre suppressions de trains par jour, le matin, sur le tronçon Pau-Puyoô. Les perturbations seront les plus fortes jusqu’au 2 mars avec quatre substitutions de bus, en plus des suppressions de trains. Sur la ligne Bayonne-Tarbes, pour renouveler la voie entre Lescar et Montaut, des travaux seront effectués du 19 février au 2 mars. De nombreuses substitutions de bus sont prévues le matin dans les deux sens. L’arrêt Assat sera très souvent supprimé en février et mars. Enfin, des retards auront lieu sur la ligne Pau-Oloron du 16 au 27 avril. Et les lignes Intercité ne seront pas non plus épargnées.

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