Le rapport Spinetta sur la réforme de la SNCF ne fait pas l’unanimité.
Le vice-président délégué aux transports de la Région Nouvelle-Aquitaine s’insurge contre le rapport Spinetta.
« Sud Ouest ». Comment réagissez-vous au rapport Spinetta sur l’avenir de la SNCF ?
Renaud Lagrave Je dirais d’abord qu’il n’y a pas grand-chose de neuf sous le soleil, car beaucoup de ses propositions sont déjà dans les tiroirs de Bercy. Il y a quelques points que j’approuve comme la nécessité de transparence de l’entreprise dans ses comptes publics. Mais cela masque mal tout ce qui est catastrophique dans ce rapport. L’abandon du fret ferroviaire, l’abandon de la grande vitesse au sud de Bordeaux et l’abandon de 55 % des lignes classées 7 à 9 en Nouvelle-Aquitaine.
La région devient un désert ferroviaire. C’est ahurissant ! Alors que Paris a accueilli la COP 21 et qu’on donne des leçons au monde entier, ce que dit le rapport Spinetta, c’est prenez votre voiture, montez dans un car et chargez vos marchandises sur des camions. Le rapport considère que l’État doit reprendre l’argent des Régions prévu dans les contrats de plan pour financer des infrastructures où il n’y aura pas de TER. C’est inacceptable.
Il est cependant exact qu’il y a de nombreuses lignes qui transportent peu de voyageurs.
Rassurez vous, ça ne nous a pas échappés et nous n’avons pas attendu M. Spinetta pour le constater. Mais, depuis le 2 juillet, grâce à la mise en service de la LGV, les TER ont 15 % de voyageurs en plus.
« La concurrence est de toute façon prévue par la loi et l’Europe, même si, en France, nous avons du retard »
Je prends un autre exemple, la liaison Limoges-Bordeaux. Elle était presque vide, elle est pleine aujourd’hui parce que la Région a fait en sorte de réduire le temps de parcours. Avec des trains qui roulent et sont à l’heure, vous aurez des passagers. L’opérateur ne fait pas son travail ou alors vous explique sur ses applications comment prendre le car.
La concurrence peut-elle apporter une réponse aux problèmes soulevés par le rapport Spinetta ?
La concurrence est de toute façon prévue par la loi et l’Europe, même si, en France, nous avons du retard. Mais quel opérateur pourrait être intéressé avec des lignes fermées à 50 % ou des trains qui roulent à 40 à l’heure, à part un loueur de scooter ? Ou alors, il faudrait aussi mettre en concurrence la gestion et l’entretien du réseau mais ce n’est pas ce qui est prévu.
Les Régions sont visiblement remontées contre le rapport Spinetta. Quelle riposte envisagez-vous ?
Les Régions de France avaient déjà auditionné Philippe Duron pour son rapport remis le 1er février dernier et déjà contestable sur la grande vitesse. Elles sont reçues ce mardi matin par la ministre Élisabeth Borne et je représenterai Alain Rousset. Je peux vous garantir que les Régions ne porteront pas la responsabilité des fermetures de lignes. Depuis le 7e arrondissement de Paris, M. Spinetta considère également que c’est aux Régions et pas au gouvernement d’annoncer les fermetures de lignes. Comme le disait un de mes glorieux aînés [NDLR : Henri Emmanuelli], j’ai passé l’âge des caramels mous.