PERIODICO DE ARAGON
José Luis Trasobares
26/02/2017
Tout au long de la semaine, outre l’habituel bras de fer budgétaire, on a débattu, voire polémiqué sur le sommet franco-espagnol de Málaga. La réouverture du Canfranc a-t-elle été abordée ? Beaucoup, peu ou pas du tout ? Les aragonais ont la mémoire courte. Après un demi-siècle de débats sur cette ligne ferroviaire, nous n’avons pas encore compris que dans ces réunions entre notre gouvernement et celui du pays voisin rien n’est jamais résolu sur ce sujet. Qu’ils en parlent ou qu’ils n’en parlent pas (ils n’ont jamais dit grand-chose). On espère toujours on ne sait quel événement extraordinaire, pour crier victoire lorsqu’il semble que quelque chose se produit ou manifester sa colère impuissante quand il ne se passe rien. Tout cela n’est qu’infantilisme.
J’y reviens encore une fois ce dimanche, l’Aragón s’est engagé sur une voie sans issue, à considérer comme fondamentaux des objectifs qui paraissent a priori insolubles et de peu d’intérêt. Il suffit qu’une chose soit difficile ou même impossible pour que nous la voulions. D’où bien sûr nos constantes frustrations. Et cette manie que nous avons de nous donner des objectifs étranges, absurdes, de peu d’intérêt (tant de la part des institutions que de la société), qui sont chimériques ou inaccessibles.
Au long de ma vie professionnelle j’ai écrit dans les deux principaux quotidiens de cette Noble Terre des centaines d’articles et d’éditoriaux sur le Canfranc. Et également sur la Traversée Centrale des Pyrénées (TCP). J’ai vu paraître à la une «des moments décisifs», disant que la réouverture paraissait acquise. Mais il n’en était rien, bien sûr. Au grand dépit de mes amis ferroviaires et particulièrement de ce cher Luis Granell. Car évidemment chacun aimerait voir circuler à nouveau sur la ligne de Canfranc, de France en Espagne et retour, de jolis trains pleins de touristes, de montagnards, de skieurs et d’amateurs des paysages, ou des convois de marchandises, et tout ce qui peut raisonnablement circuler sur un tracé sinueux avec de fortes pentes. Mais je me refuse à continuer ce jeu de faux espoirs, de sommets et de ce qui s’y dit. Je connais bien les arguments habituels, le patrimoine, la réindustrialisation, les projets grandiloquents pour l’aménagement du territoire… et j’arrête là.
Peut-être qu’un jour nous finirons par prendre l’Aragón au sérieux. Peut-être alors les efforts et l’argent (qui aujourd’hui est rare) seront consacrés à des stratégies raisonnables, qui nous propulsent dans le XXIe siècle, qui protègent l’environnement et le rentabilisent, qui bénéficient du potentiel de recherche universitaire et professionnelle, qui soutienne des initiatives industrielles avec des garanties et une véritable vision d’avenir… en d’autres termes qui soient de bon sens, quoiqu’il se dise ou pas dans les sommets franco-espagnols.