Une réunion organisée à la Villa Bedat a été l’occasion d’une passe d’armes entre le collectif Stop aux camions, partisan de la décroissance, et les membres de Béarn Adour Pyrénées, qui souhaitent davantage d’infrastructures routières locales.
Ce vendredi, Béarn Adour Pyrénées organisait une conférence pour évoquer un sujet brûlant : celui de l’état de la R134 entre Oloron et le tunnel du Somport. De l’aveu de l’association, la vocation de cette rencontre était « la recherche d’unité et de solidarité » entre les différentes parties prenantes. Sur ce point, la soirée n’aura pas eu exactement l’objectif recherché, mais elle aura toutefois permis de faire naître un intéressant débat entre les militants hostiles au passage de camions dans la vallée et ceux qui souhaitent davantage d’infrastructures routières en Haut-Béarn.
« Le trafic augmente sur cet axe routier. En 2004, il passait environ 60 000 poids lourds : cette année, on va approcher la barre des 150 000. Sur les 10 premiers mois de 2018, on a une augmentation de 22 % par rapport à l’année dernière », annonce le président de BAP Michel Le Gall en préambule.
Après avoir étudié les différentes alternatives, Béarn Adour Pyrénées plaide pour « la réalisation des déviations d’Oloron-Est, Gurmençon, Asasp-Arros, Cette-Eygun et Urdos, qui ont été promises par l’État depuis de nombreuses années, de sorte qu’aucun cœur de commune ne soit traversé par la R134 », ainsi que l’amélioration et la sécurisation de certains tronçons : « On souhaite faire pression sur les décisionnaires pour une route sûre entre le Béarn et l’Aragon ».
« Nos maisons ne se vendront plus »
Un membre du collectif aspois Stop aux camions réagit immédiatement : « Avec ces déviations, on favorise le passage des poids lourds sur cet axe. Qui voudra habiter dans la vallée le jour où le trafic aura atteint les 1 000 camions par jour ? Bientôt, nos maisons ne se vendront plus ».
Pour une Oloronaise, « entre l’A65 et les autoroutes construites du côté de Jaca, tout a été fait pour amener plus de trafic dans la vallée. On voulait que les gens soient coincés pour qu’il n’y ait pas d’autre choix que la construction de ces déviations. BAP essaie de nous rouler dans la farine pour le bien de leur projet de grand arc intérieur dans notre nouvelle région ».
« Des mesures indispensables »
« On n’a piégé personne », rétorque Michel Le Gall. « Dès les années 90, tout le monde était d’accord sur le bien-fondé de ces déviations. Retarder ces mesures indispensables, c’est simplement prolonger la souffrance des riverains et l’insécurité des usagers de la route ».
Au terme de cette soirée, la route semble encore longue et sinueuse pour trouver des atomes crochus entre les membres des deux associations.
« Qui sont les Moyenâgeux ici ? »
Alors qu’un membre du collectif Stop aux camions prenait la parole en début de réunion, une voix s’est élevée pour le qualifier de « Moyenâgeux ». Un peu plus tard, un autre militant anti poids lourds réagit : « Qui sont réellement les Moyenâgeux ici ? Que vous le vouliez ou non, l’avenir est à la décroissance. Quel intérêt représente pour l’avenir un flux de milliers de camions dans les Pyrénées, passant au milieu de nos vallées ? »