Confronté à des impératifs de stockage, le groupe basé à Gan, où il est à l’étroit, va prendre possession d’une vaste plateforme logistique en nord-Béarn. Tout un symbole.
On ne parlera pas de délocalisation, le terme serait inapproprié. Pour autant, c’est une page essentielle de son histoire que Famille Michaud Apiculteurs, devenu premier opérateur mondial sur le marché du miel (1), et basé à Gan (depuis 1998), va tourner.
Désormais, son avenir s’écrira aussi à partir d’un site acquis à Serres-Castet, sur la zone des Luys-en-Béarn, où une plateforme logistique – 9000m2 de bâtiments sur un terrain de 3,5 ha – sortira de terre l’an prochain, moyennant environ 7 millions d’euros d’investissements.
L’affaire s’est réglée dans le cadre d’une joint-venture créée avec Raschetti. Spécialisée dans l’affrètement, la logistique et l’organisation des transports, mais surtout situé tout à côté, cette société confirme son « engagement dans le projet ». Le permis de construire est déposé cette semaine, et « 15 à 20 créations d’emplois » sont attendues.
Objectif: « Être le meilleur »
C’est donc là que le patron Vincent Michaud, dont la société poursuit une croissance soutenue, a décidé de transférer l’ensemble de ses volumineuses opérations de stockage. « Mais aussi », dit-il sans plus de précision, « certaines activités afin de rationaliser notre organisation ». L’association avec les Établissements Raschetti confirme d’ailleurs la volonté de l’industriel d’aller de l’avant « car en ce monde de plus en plus exigeant, il faut construire des partenariats avec le seul objectif d’être le meilleur », prolonge Michaud.
Il prédit aussi « un doublement du chiffre d’affaires » de son groupe, présent à l’export dans des dizaines de pays, « sous cinq ans » seulement.
Un phare nommé « Lune de miel »
Avec « Lune de miel », produit phare le plus distribué sur la planète (2), mais aussi des marques telles que « Miel l’apiculteur », des produits bio (Sunny…) ou dérivés (jus d’agave…) et plus encore « Maple Joe », sirop d’érable légendaire en plein décollage sur le marché, l’entreprise béarnaise dispose d’une grosse force de frappe. Un seul chiffre pour étayer le propos: Michaud sort, chaque année, « plus de 7,5 millions de bouteilles » étiquetées « Maple Joe ».
Seulement, il y a un hic, et de taille! Les lignes historiques de productions situées à Gan (15 000 m2 répartis sur 15 hectares) sont, depuis plusieurs années, bien trop à l’étroit. « L’outil industriel est à Gan, mais nous entreposons aussi à l’étranger et sur le site de Saint-Geours-de-Maremne (40). On a besoin de s’agrandir », répète à l’envi Vincent Michaud qui a pour habitude de parler cash.
« Pas envie de partir »
D’ailleurs, inutile de lui forcer la main pour que le boss aille jusqu’au bout de sa pensée: « Quand j’y songe, je me dis que, pour grandir, et par rapport aux coûts de transport aussi, on aurait mieux fait d’aller s’installer dans la région bordelaise ».
Il regrette que ses appels du pied, pressants et répétés, n’aient pas été entendus: « Jean-Pierre Léris (l’ancien maire et conseiller général, décédé en 2006) s’était engagé. Aujourd’hui, nous n’avons pas envie de quitter Gan et j’ose penser que notre présence est une chance pour cette commune ».
L’avenir dira si Serres-Castet l’a saisie à pleines mains…
(1) 147 M€ de chiffre d’affaires; 245 salariés, plus 5 sites à l’étranger.
(2) Plus de 35 millions de pots produits par an.
Une usine toute neuve au Québec
Tout automatisé, le site québécois créé par Michaud est dédié à la plus grosse production mondiale de sirop d’érable.
L’opération, pourtant de taille, a été bouclée en deux ans seulement et scelle la plus importante opération de croissance du groupe Michaud (voir le Chiffre). Une usine entièrement automatisée, bâtie sur un vaste site de 40 hectares, vient d’être inaugurée au Québec « car il n’était plus pertinent de continuer à importer du sirop d’érable sans contrôler l’amont de cette filière », explique l’industriel.
Déjà présent sur ce segment de marché « dans plus d’une cinquantaine de pays », l’opérateur béarnais s’est ensuite laissé guider par un raisonnement simple: « Quitte à se lancer dans ce type de production, autant le faire en achetant un site au cœur de la zone de production historique ». C’est-à-dire au Canada, dans de superbes espaces naturels organisés autour de la chaîne de montagnes des Appalaches, dans l’Est du continent nord-américain.
La filiale dédiée à cette importante production de sirop d’érable (jusqu’à 200 000 bouteilles/jour) se nomme d’ailleurs « Appalaches Nature ». Elle est l’émanation d’une petite société acquise auprès de deux jeunes québécois que Vincent Michaud a associés dans l’affaire en leur octroyant 10% des actions.
L’usine, qui à elle seule a coûté 28 millions de dollars, n’emploie à ce jour que 25 personnes. « Car elle fonctionne en permanence grâce à des robots et avec un système développé d’intelligence artificielle », détaille le Gantois.
D’autres acteurs économiques en approche sur la zone des Luys-en-Béarn, près de l’aéroport
Portée par la Communauté des communes des Luys-en-Béarn, la Z.A. dite du Bruscos est sur la voie d’un développement soutenu. Selon nos informations, l’installation de plusieurs sociétés est en route, notamment sur la partie sauvagnonnaise. Il en est ainsi pour Palfinger France, issu d’un groupe basé dans la Drôme et spécialisé dans le carrossage industriel. L’un de ses 30 sites français va donc voir le jour en Béarn où travailleront moins d’une dizaine de personnes. Par ailleurs, la proximité de l’aéroport Pau-Pyrénées a aussi séduit APRC Group qui s’apprête à faire construire ici plus de 15 000 m2 de bâtiments. Spécialisée dans l’immobilier d’entreprise, cette entreprise a identifié un terrain pour un entrepôt et une plateforme de messageries qui seraient mis en service fin 2020.