À partir de ce mardi, un système de péage visant à taxer les poids-lourds va être installé sur la Nationale 1, au niveau du Pays basque espagnol. Selon le député Benoit Simian, cela va inévitablement créer un report du trafic de camions sur la R134.
Dès ce mardi, le trafic des camions devrait croître sur l’axe de la R134. Alors qu’une écotaxe sera mise en place dès aujourd’hui sur les premiers kilomètres de la Nationale 1 du Pays basque espagnol pour les poids-lourds, ces derniers devraient être nombreux à modifier leur trajet et passer par la route nationale haut-béarnaise, dans un souci d’économie.
« Il y aura inévitablement un report du trafic suite à la mise en place de cette taxe du côté espagnol, qui conduira à une hausse du nombre de camions au cœur de la vallée d’Aspe », assure Benoit Simian, député de la 5e circonscription de Gironde. Rapporteur spécial du budget infrastructures et services de transport à l’assemblée nationale, l’élu LREM parle en connaissance de cause, puisque c’est un spécialiste de la question des infrastructures routières.
Les déviations prennent du retard
Plutôt que de passer sur la Nationale 1, qui les obligera à payer 0,34€ par kilomètre d’Irun à Etzegarate, « nombre de chauffeurs, qui auront le souci d’emprunter le trajet le plus économique possible, devraient désormais passer par le tunnel du Somport, qui est gratuit, et ce, malgré la dangerosité de cette route, qui est bien connue », explique Benoit Simian.
Bien évidemment, la perspective d’un afflux supplémentaire de poids-lourds ne fera pas l’affaire des résidents du Haut-Béarn, et plus précisément de tous les habitants des communes traversées par cette fameuse R134. Depuis plus de dix ans, élus et citoyens demandent la mise en place d’une déviation pour Asasp-Arros et Gurmençon, mais aussi pour Urdos et Cette-Eygun afin de mettre un terme aux nuisances apportées par les camions. L’État envisage la construction de telles infrastructures… mais seulement après la mise en place de la déviation oloronaise Gabarn – Gurmençon, dont la finalisation a été repoussée de trois ans et ne surviendra donc pas avant 2024.
Des riverains en colère
« D’un côté, on a la perspective de voir augmenter le nombre de poids-lourds qui passeront sous nos fenêtres, et de l’autre, on se rend compte que rien n’avance en ce qui concerne les projets de déviations », tempête Jacques Lévêque, président de l’association pour la réalisation de la déviation d’Asasp (Arda). « Le 16 janvier, c’est la rentrée parlementaire. Nous allons solliciter les élus, et espérons avoir une réponse claire sur l’avenir de ces infrastructures. »
La multiplication probable du nombre de camions pourrait également donner des sueurs froides aux riverains de la D9 : en 2017, 13 poids-lourds ont été victimes d’un accident à cause de l’étroitesse de cette route qui prolonge la R134 en direction de Monein. La aussi, des projets de rénovation de la route sont dans les cartons depuis plus de 20 ans… sans jamais avoir vu le jour.
« La voie ferrée vers Canfranc pourrait désengorger la vallée »
Benoit Simian connaît bien les problématiques du Haut-Béarn, lui qui a passé une partie de son enfance à Eysus. Le 6 janvier dernier, il a rencontré les membres du Comité pour la réouverture de la ligne Oloron – Canfranc (Creloc) aux Forges d’Abel pour les assurer de son soutien. « Ce projet de voie ferrée entre la France et l’Espagne est vital pour désengorger la vallée d’Aspe. Ça aurait beaucoup de sens pour le transport de marchandise. Cela diminuerait le nombre de véhicules sur la R134, et rendrait la route moins accidentogène : dans une zone aussi sensible, cela aurait de l’intérêt. À titre personnel, je souhaite également la mise en place d’un système qui permettrait de réguler le trafic de poids-lourds au sein des régions. »