Depuis la création de Air’Py, début 2017, il met en place une stratégie ambitieuse. Rencontre avec Thierry Souchet, le directeur du site…
Le 1er janvier 2017, l’Aéroport Pau Pyrénées est entré dans une nouvelle ère très ambitieuse à travers la prise des commandes par la SEA Air’Py, pour une période de 12 ans. Avec quelques poids lourds aux côtés de la Chambre de commerce et d’industrie Pau Béarn.
Rappelons que la CCI Pau Béarn, majoritaire dans le capital de Air’py (51%), est associée à deux filiales de la Caisse des dépôts et consignations, spécialisées dans l’ingénierie et la gestion aéroportuaire : Egis Airport Operation (24,5%) et Transdev (24,5%).
Thierry Souchet pilote le plan d’investissements prévu à hauteur de 16 millions d’euros jusqu’en 2028 afin de développer les infrastructures et de diversifier les services et commerces en aéroport.
Quel bilan après deux ans d’exploitation ?
Thierry Souchet – Les perspectives sont bonnes par rapport à nos ambitions. Même si nous sommes légèrement en retard sur certains points, les évolutions enclenchées sont porteuses de beaucoup d’espoirs. Le positionnement comme porte d’entrée des Pyrénées commence à s’installer solidement, comme on le mesure avec le succès des liaisons saisonnières pour la période des sports d’hiver. Côté nouveautés, nous avons lancé 8 liaisons en deux ans, ce qui est très positif. Au total, en 2019, nous proposons 22 destinations en vols directs, 12 vols réguliers et 10 vols vacances.
Comment se développent-elles ?
Th. S. – Bien. La création de la première ligne saisonnière lancée par Air France Hop!, Pau-Lille, est un succès, au point que la compagnie française a décidé de lancer 3 nouvelles liaisons avec Caen, Brest et Strasbourg. La première année, 20% des passagers du Pau-Lille étaient des skieurs, maintenant depuis Brest on enregistre 70% d’amateurs de ski. Cela donne une idée de l’évolution du concept. L’efficacité des navettes mises en place pour rejoindre directement les stations de ski y est pour beaucoup. La qualité de ce transfert attire. Les taux de remplissage sont très prometteurs. Ce créneau est bon pour la réputation de l’aéroport Pau Pyrénées qui joue pleinement son rôle pour irriguer le territoire.
Vous avez aussi mis en place des navettes avec des bus…
Th. S. – Oui, nous avons passé un accord avec le site national Altibus, très développé sur les Alpes. Désormais, les connexions sont ouvertes en ligne pour les Pyrénées. L’aéroport doit chouchouter ses clients et aller au plus près de leurs besoins. L’objectif est également de développer des navettes autocar vers les Landes ou le Béarn Ouest, notamment, pour élargir notre zone de chalandise.
Qu’en est-il de l’arrivée d’easyJet ?
Th. S. – Le démarrage de la ligne Pau-Roissy est intéressant, même s’il est amplifié par la fermeture provisoire de l’aéroport de Biarritz. Cette liaison vient compléter parfaitement les rotations développées avec Air France Hop! Elle permet de rejoindre la capitale avec un tarif moyen autour de 80 euros, tandis que la compagnie française a installé un trafic important pour les voyages d’affaires, s’appuyant notamment sur des accords cadres avec les grandes entreprises et sur l’ouverture vers de nombreuses correspondances.
Quelles perspectives avec les compagnies low-cost ?
Th. S. – Le succès du test actuel avec easyJet peut être déterminant. La compagnie vient sonder le marché palois et cela pourrait déboucher sur l’ouverture d’autres lignes. Elle vient chercher des clients plus que des subventions. Il faut savoir que cette compagnie, qui fait partie du Top 5 européen, dessert essentiellement des métropoles ; les implantations à Biarritz et maintenant à Pau sont des exceptions. A nous de transformer l’essai ! C’est important pour attirer d’autres compagnies low-cost. Nous pouvons aussi profiter de l’appui du groupe Egis, actionnaire de Air’Py, pour donner du poids aux négociations avec ces opérateurs. Nous avons clairement un déficit d’image à l’étranger, car ces compagnies privilégient les métropoles et les stations balnéaires. Cela les fait hésiter sur Pau et, du coup, elles sont plus gourmandes au niveau financier.
Qu’en est-il de la concurrence avec Biarritz et Tarbes ?
Th. S. – Il faut avoir en tête que la bataille de la concurrence ne se gagne pas par rapport à Biarritz ou Tarbes, mais dans le cadre des stratégies européennes des compagnies low-cost. De plus, nous avons des positionnements différents : Biarritz a une clientèle essentiellement tournée vers le tourisme et l’attrait de la côte basque ; Tarbes-Lourdes occupe largement le terrain des pèlerinages. L’un de nos atouts majeurs est le nombre de liaisons avec Paris. Avec 11 vols par jour, nous avons une offre sans équivalent en dehors des grandes métropoles. Tout cela sans être sous perfusion de subventions publiques, comme d’autres. Ce qui est essentiel pour la pérennisation de ces liaisons.
Les offres avec les tours opérateurs se développent…
Th. S. – Même si c’est une niche, ce créneau est très intéressant et il est en pleine évolution. Nous avons commencé avec Top of Travel qui propose cette année 8 7 voyages (Croatie, Naples, Andalousie, Madère, Baléares, Sicile, Portugal et Jordanie) sur une semaine, avec ou sans hôtel. D’autres opérateurs ont ajouté 3 offres vers Rome, la Crête et l’Ecosse.
L’aménagement de l’aérogare est un axe fort ?
Th. S. – Bien entendu. Aujourd’hui, il est indispensable à la fois d’améliorer le confort des voyageurs et d’augmenter notre chiffre d’affaires hors aéronautique. Les espaces d’enregistrement actuellement au 1er étage seront installés au rez-de-chaussée, avec un agrandissement des surfaces commerciales. Plus nous dégagerons des marges sur cette activité commerciale, plus nous pourrons investir pour développer de nouvelles lignes. De même, nous comptons étoffer notre offre de location de bureaux et de salles, et relancer le restaurant. L’objectif est aussi que l’aéroport devienne un lieu de rendez-vous hors voyages.
Vous avez aussi des offres au niveau immobilier…
Th. S. – En effet, c’est peu connu, mais nous avons des bâtiments disponibles et du foncier pour favoriser l’implantation d’entreprises à proximité de l’aéroport. Par exemple, nous avons actuellement 3 bâtiments disponibles en location que l’on peut découvrir sur le site de la Bourse de l’immobilier de la CCI (cliquez ici).
L’aéroport élargit donc son positionnement…
Th. S. – Nous devons avoir une vie de plateforme avec des activités diversifiées pour sortir d’une approche uniquement ciblée sur le trafic voyageurs. En plus des axes dont nous avons déjà parlé, nous prévoyons d’augmenter des animations, des expositions ou encore des salons comme nous l’avons fait récemment avec un rendez-vous autour des métiers de l’aéronautique. L’avenir de l’Aéroport Pau-Pyrénées passe aussi par cette diversification.
Informations sur le site de l’aéroport – cliquez ici
Photos : Aéroport Pau-Pyrénées