Pau – Canfranc : la voie ferrée du président

Août 12, 2019 | Ferroviaire, Presse française

Alain Rousset a inauguré la section Oloron-Bedous en 2016.

Alain Rousset a inauguré la section Oloron-Bedous en 2016.
© Alban Gilbert/Région Nouvelle-Aquitaine

​Mais quel est ce projet de réouverture d’une ligne entre la France et l’Espagne qui motive une nouvelle candidature du président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset ?

Et pour cause, le projet de réouverture de la voie ferrée entre Pau et Canfranc, à travers les Pyrénées, est souvent présenté comme la danseuse du président, Alain Rousset. Ce dernier ne s’en cache pas : il lui tient très à cœur. Au point de motiver sa décision de briguer un cinquième mandat lors des élections régionales de 2021.

Alain Rousset dit vouloir “ finir le travail ”

Lors d’une visite du chantier de la gare de Canfranc, le 2 août dernier, il a en effet annoncé sa candidature à une consœur du quotidien aragonais Heraldo en se déclarant « obligé » de se représenter pour « finir le travail ».

Depuis vingt ans, le président de l’Aquitaine puis de la Nouvelle-Aquitaine a fait de ce dossier une affaire personnelle. Après avoir obtenu la rénovation de la voie entre Pau et Oloron, il a entièrement fait financer par le conseil régional les 102 millions d’euros de travaux qui ont permis la réouverture de la section de 24 km entre Oloron et Bedous en 2016.

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© Infographie Eric Marin

Des financements européens

Selon le Comité pour la réouverture de la ligne Oloron-Canfranc (Créloc) qui a publié un livre blanc au printemps dernier, onze trains de voyageurs quotidiens pourraient circuler dès sa mise en service et surtout quatre trains de fret pour sortir de la route les 400 à 500 poids lourds qui empruntent quotidiennement la vallée d’Aspe entre la France et l’Espagne, via le tunnel du Somport.

« Au-delà de Canfranc, cette ligne va à Saragosse ; or, Saragosse n’est pas seulement une métropole comparable à Bordeaux et Toulouse, c’est aussi le nœud ferroviaire du nord de l’Espagne », insiste Alain Cazenave-Piarrot, le président du Créloc.

Reste à réaliser le chaînon manquant de 33 km entre Bedous et la frontière. A Canfranc, au début du mois, Alain Rousset n’a pas seulement évoqué sa candidature. Il a aussi annoncé que l’Union européenne avait accepté de financer la moitié des 400 millions d’euros de ce tronçon pour permettre la réouverture de la ligne entre les deux États membres.

Selon lui, les travaux pourraient débuter en 2021 ou 2022. Objectif : aller de Pau à Saragosse en train, en trois heures et trente minutes dès 2024. Le sujet, à coup sûr, devrait alimenter les débats lors de la campagne des prochaines régionales.

Des viaducs et des tunnels : traverser les Pyrénées en 1928 était un défi technique.
Des viaducs et des tunnels : traverser les Pyrénées en 1928 était un défi technique.
© Alban Gilbert/Région Nouvelle-Aquitaine

Inaugurée en 1928, la magnifique gare de Canfranc s’étend sur 240 mètres de long à près de 1.200 mètres d’altitude. La ligne qui la dessert depuis Pau était un tour de force technique à l’époque. Un tunnel hélicoïdal à Urdos permet notamment un gain de 60,5 m sur 1.830 m avec une pente de 3,3 %. Le tracé compte de nombreux viaducs et pas moins de quatorze tunnels rien que sur la partie française ! Le 27 mars 1970, un train de marchandise transportant du maïs peinait à monter à cause du givre sur les voies. À la suite d’erreurs humaines, il est tombé dans le gave d’Aspe en détruisant le viaduc de l’Estanguet. La SNCF en a profité, alors, pour fermer la ligne.

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