Non, le Canfranero et la TCP, le compte n’y est pas

Déc 2, 2021 | Ferroviaire, Presse espagnole, Relations transfrontalières, Routier

DIARIO DEL ALTO ARAGON

Opinion, par Carlos García Martínez

 

En cherchant des données pour un article qui s’intitulerait « ils ne savent pas de quoi ils parlent », je trouve quatre citations en trois jours en ce mois de novembre qui me permettent d’omettre une longue liste de commentaires et de rapports pour rédiger mon article.

Voyons ces citations :

1 : « le PP a présenté des amendements au budget de l’Etat : 10 millions pour le Canfranc et 20 pour la Traversée Centrale ».

2 : « Les travaux sur le Canfranc n’ont de sens que pour rétablir la ligne internationale ».

3 : « il est logique que l’Exécutif termine le couloir Méditerranéen, où se trouve une grande partie de la richesse du pays, mais la TCP et la réouverture du Canfranc sont tout aussi vitales pour l’Espagne que le couloir Méditerranéen ».

4 : « le Gouvernement  favorise le Couloir Méditerranéen alors qu’il ne prévoit rien au budget pour la TCP. Un nouveau coup au détriment de l’Aragón”.

Le commentaire qui dit que moderniser le Canfranc “n’a de sens que pour rétablir la ligne internationale” me suggère de rappeler que, outre l’accès aux villages situés sur le parcours, Renfe a présenté  en 2013 l’offre commerciale du train touristique “El Canfranero” comme un des projets phares de l’entreprise comme ceux de Galice, de Castille et León et d’Andalousie. A la différence de ces derniers, le Canfranero n’a pas été inscrit  sur son site internet des lignes remarquables. Pourtant, une centaine de voyageurs prenaient le Canfranero en 2014 à bord du Train Bleu avec du personnel en tenue de l’époque ; et il y a quelques semaines, un autre train amenait à Canfranc 80 touristes britanniques venus visiter la localité, une visite organisée par Portugal Tours et Alsa. Víctor López, ancien maire de Canfranc, leur a exposé l’importance de la localité au cours de la IIe Guerre Mondiale et du transit de marchandises en France. Canfranc et sa gare ont leur histoire, leur personnalité et des atouts suffisants pour assurer elles-mêmes leur développement, y compris l’inévitable union des stations de ski dans le cadre d’un projet général pour la vallée de l’Aragón.

Poursuivons.

Pour quelle Traversée veulent-ils des fonds alors qu’il n’y a même pas de projet ? Pour alimenter les doléances encore vingt ans de plus avec une « revendication incontournable”? Dire que la TCP et la réouverture du Canfranc sont aussi vitales pour l’Espagne que le Couloir Méditerranéen est tout simplement absurde. Quant au Canfranc par son vieux tracé dont ils parlent, ce ne serait rien d’autre qu’un “Canfranero” et en aucun cas une ligne européenne, comme l’a qualifié en 2018 le Conseil d’Orientation des Infrastructures français, dans son projet à vingt ans. De la ligne Pau-Canfranc-Zaragoza, il dit qu’elle “est à vocation locale et dont la priorité pour l’Etat n’est pas claire, et qu’il n’est pas utile de mobiliser des fonds pour ce projet, car il serait peu probable qu’il connaisse un trafic significatif de fret et de passagers”. Bien que le président de Nouvelle-Aquitaine reste attaché au projet, le rapport laisse très peu d’espoir d’un soutien du gouvernement français.

Il est surprenant que, tellement préoccupés comme se montrent des personnes et des institutions en faisant des déclarations, en signant des motions et en réclamant de l’argent pour le rétablissement de la liaison internationale, au mépris des problèmes et de ce que dit le Gouvernement français, on oublie d’exiger de la France qu’elle modernise les derniers kilomètres de la route qui rejoint le magnifique tunnel qui a été financé par les deux pays. On oublie aussi de réclamer la reprise du tracé ferroviaire entre Zuera et Ayerbe, le tracé Turuñana, qui ferait gagner plus d’une heure entre Zaragoza et Canfranc, et permettrait d’accéder aux vallées occidentales et à leurs stations de sport d’hiver.

Qu’ils l’ignorent ou qu’ils négligent de l’étudier, la situation est celle-là, et l’inertie empêche d’avancer vers une communication européenne de grande capacité entre Bordeaux et Zaragoza, traversant la frontière par un tunnel à basse altitude entre Accous et Villanúa dans la seconde moitié de ce siècle, comme l’ont suggéré les français ces dernières années.

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