Présent depuis 1921, le centre météo de Pau-Uzein a fermé ses portes ce vendredi soir. Les nombreux services rendus par ce centre seront dispatchés entre Biarritz et Tarbes.
Le rez-de-chaussée est déjà vide, et à l’étage le dernier carré des prévisionnistes de Météo France a livré son dernier bulletin ce vendredi soir. Sacrifié sur l’autel des finances publiques, le centre départemental de Pau-Uzein a fermé ses portes comme 55 autres centres sur les 108 de Météo France.
Le département de toutes les vigilances
Du travail, il y en avait, oui. Les Pyrénées-Atlantiques sont le département qui compte le plus de vigilances à l’année. Avalanches, orages, submersion, fortes pluies, on a tout ce qu’il faut ici.
« Outre les vigilances, en lien avec la préfecture, nous assistions les institutionnels, Sécurité civile, sapeurs-pompiers, gendarmes, le Département pour la viabilité hivernale, la DDTM pour les décisions d’écobuages, les mairies en cas de crues ou d’orages… », énumère Serge Aragon.
Sans oublier les nombreux services aux clients de proximité : les entreprises classées Seveso du bassin de Lacq, les offices de tourisme, les refuges de montagne, le BTP, les stations de ski, les ASF (autoroutes), Turbomeca, la presse, Eiffage… sans oublier l’assistance aéronautique civile et militaire, raison première et historique de la situation du centre sur l’aéroport de Pau, créé en 1921.
« Je ressens une certaine amertume. Je me suis attaché à la région et aux contacts. Je pense qu’on était utile », soupire Serge Aragon.
Désormais, il n’y aura plus de prévisions locales, le réseau de bénévoles mis en place pour effectuer des relevés sera progressivement remplacé par des relevés automatiques. La fin de cette proximité va poser bien des problèmes aux professionnels en besoin d’infos très locales (BTP, agriculteurs, montagnards…).
« Les outils ont beaucoup évolué »
La réponse de la direction de Météo France est technologique. « Les modèles numériques et les outils ont beaucoup évolué depuis dix ans, et on travaille de mieux en mieux avec. Mais on ne peut pas faire l’économie des interventions humaines », juge Jean-Marie Montarnal. « Ici, on est plus disponibles, plus attentifs, plus réactifs, d’autant qu’on connaît les gens, le terrain et les enjeux », conclut-il. « Mais aujourd’hui, il n’y a plus de sensibilité humaine. » Aux robots de jouer désormais !
Plaine à Biarritz, montagne à Tarbes
Si les quatre prévisionnistes « survivants » pourront continuer à télétravailler depuis Pau pour le compte des centres de Biarritz, Mont-de-Marsan ou Bordeaux, la météo dans le département change radicalement. Il n’y a plus de bulletins spécifiques Pays basque et Béarn et Soule mais un seul bulletin départemental. Pour les informations sur la plaine, il faut s’adresser à Biarritz. Pour les infos sur la montagne, c’est Tarbes. La climatologie, appuyée sur le réseau de bénévoles mis en place au fil des ans, sera assurée par Biarritz et Bordeaux. L’aéronautique est déjà gérée par Biarritz depuis deux ans. Pour quel résultat ? Le nouveau préfet devra faire face à un nouveau casse-tête. Par exemple, l’hiver prochain, si l’on a, comme souvent, une alerte aux fortes pluies en plaine et une vigilance neige en montagne, il faudra réunir les informations de Tarbes et de Biarritz pour prévenir les citoyens. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?