L’interdiction des camions de plus de 30 tonnes envisagée pour sécuriser la D9

Jan 19, 2018 | Presse française, Routier

L’interdiction des camions de plus de 30 tonnes envisagée pour sécuriser la D9
Le conseil départemental songe à interdire la circulation des camions de plus de 30 tonnes sur la D9. Le maire de Monein Yves Salanave-Péhé soutiendra ce projet, même si selon lui, cela ne réglera pas le problème de l’axe trans-pyrénéen de transport des marchandises.

© j.-L. gamaury
PAR GILDAS BOËNNEC, PUBLIÉ LE .

Ces 13 derniers mois, 14 camions ont subi un accident sur la D9 reliant Ledeuix à Monein. Le conseil départemental assure vouloir prendre une décision pour stopper l’hémorragie. Un rendez-vous est prévu ce vendredi matin.

Ce mardi 16 janvier, un camion chargé de maïs se renversait à la sortie de Cardesse. En treize mois, il s’agit du 14e poids-lourd accidenté sur l’axe de la D9, qui relie Ledeuix à Monein. Il est difficile pour les véhicules imposants de se croiser sur cette route trop étroite : les conducteurs ont tendance à se déporter légèrement pour se donner plus d’espace… et terminent inexorablement leur course sur le bas-côté de la route.

« La répétition des accidents montre que cet axe n’est pas approprié pour la circulation des poids-lourds », constate André Arribes, conseiller départemental chargé des infrastructures. « Nous avions prévu des aménagements sécuritaires sur cette route, au niveau de Cardesse, mais ne faut-il pas aller plus loin ? On ne peut pas empêcher tous les camions de circuler sur cette route, parce qu’il y a des dessertes locales, mais il serait possible d’interdire cet axe aux camions de plus de 30 tonnes, par exemple. C’est un axe de réflexion. »

Une réunion dès ce vendredi

Une réunion aura lieu ce vendredi à 8h30 entre les élus du conseil départemental et les maires de Ledeuix, Monein et Cardesse, suite à quoi une décision pourrait être prise. « Je sais que les élus des communes proches de la RD9 attendent la réalisation de déviations pour sécuriser leurs villages, mais ça ne se fera pas du jour au lendemain. D’où la nécessité qu’une décision soit prise en urgence pour arrêter l’hémorragie d’accidents qui survient depuis quelque temps », estime André Arribes.

« À titre personnel, j’apporterai mon soutien à ce projet d’interdiction de la circulation de certains camions sur cette route lors de la réunion de vendredi, même si je pense que ça ne réglera pas le problème de fond », estime Yves Salanave-Péhé, le maire de Monein. « En tant qu’élu, je me dois d’assurer la sécurité au sein de mon village, et c’est pourquoi je souhaite aussi voir aboutir la déviation de Monein. Mais en tant que citoyen, j’aimerais surtout qu’on réfléchisse à ce problème majeur qu’est l’axe trans-pyrénéen des marchandises passant par le tunnel du Somport. Dès les années 90, j’avais prédit que les routes françaises ne seraient pas adaptées au flux des poids-lourds» indique l’élu.

Et d’attendre des décisions. «La suite logique des choses, c’est ce qu’on constate aujourd’hui, avec l’augmentation massive des accidents sur la D9, qui est devenue un couloir à camions alors que cette route n’en a pas la vocation. Avec la récente mise en place d’une taxe sur la Nationale 1 du Pays basque espagnol, on voit le trafic de poids-lourds augmenter depuis quelques jours. Selon moi, on aurait pu éviter cela en concrétisant l’ambitieux projet de traversée centrale des Pyrénées, qui aurait permis le transport des marchandises par le rail, alors que la réouverture de la voie ferrée Pau – Canfranc ne sera pas à la hauteur, en considérant le volume du fret. »

« Il y a six mois, un projet similaire n’avait pas tenu plus de quatre jours sous la pression de Lindt et Safran »

Un élu béarnais, à qui le projet a été présenté, ne croit pas beaucoup à l’interdiction des poids-lourds de plus de 30 tonnes sur la RD9. « Il y a quelques mois, lors du réaménagement d’une partie de cette route, une décision similaire avait été prise », affirme ce dernier. « Toutefois, quatre jours plus tard, la route était à nouveau ouverte à tous les camions, sous la pression des gros industriels locaux que sont la chocolaterie Lindt d’Oloron et Safran landing systems (ex-Messier, ndlr), qui fabrique des trains d’atterrissage pour les avions à Bidos. Face à ces grands groupes, la sécurité des habitants du territoire n’a pas l’air de peser grand-chose. »

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