Ligne Bedous-Canfranc : une rallonge pour les travaux qui passe mal

Oct 16, 2018 | Ferroviaire, Presse française

Ligne Bedous-Canfranc : une rallonge pour les travaux qui passe mal

Le coût du débroussaillage de la voie a été revu à la hausse pour plus de 100 000 euros, notamment parce qu’une portion, où les végétaux ont repoussé, devra être refaite.

photo m. l.-l.

La Région vient de voter 100 000 euros supplémentaires aux travaux de débroussaillage de la ligne Bedous-Canfranc, qui se poursuivent jusqu’à la fin du mois

On a reparlé de la ligne Pau-Canfranc lors de la dernière commission permanente de la Région, qui se tenait lundi dernier à Limoges. Les parlementaires ont notamment été invités à voter une rallonge, demandée par SNCF Réseau, pour parachever les travaux de débroussaillage de la voie, entre Bedous et Canfranc. Remonté contre le projet, le conseiller régional Marc Oxibar s’est exprimé sur sa page Facebook.

« En 2017, la Région demandait une rallonge de 670 000 euros pour financer les travaux de débroussaillage de la ligne fermée depuis plus de quarante ans (la première estimation était un peu courte, évaluée à 300 000 euros) !, écrit-il. Là, c’est une rallonge de 110 000 euros qu’il nous a été demandé de voter aux 970 000 euros déjà votés, sous prétexte que la végétation coupée au printemps avait repoussé et empêchait les sondages ! Oui, vous avez bien lu ! »

« Difficultés d’accès »

On trouve effectivement les raisons avancées par SNCF Réseau dans la délibération qui a été présentée aux élus. « Alors que la deuxième phase de débroussaillage devait s’engager mi-août, SNCF Réseau est revenu vers la Région pour lui faire part d’un surcoût lié à deux raisons : d’une part, la nécessité de faire passer un gyrobroyeur sur les 9,5 km défrichés en début d’année avant les mesures géotechniques et topographiques, le printemps très pluvieux ayant provoqué une repousse incompatible avec les mesures à venir ; d’autre part, la nécessité de couvrir 1 km de linéaire qui avait été initialement fléché vers un chantier-école, qui a dû être abandonné faute de structure porteuse », trouve-t-on dans ce document.

Marx Oxibar ironise : « À près de 1 100 000 euros le débroussaillage, l’horticulteur qui a interpellé le président Macron peut traverser la voie de Bedous à Canfranc, il fera fortune ! Le groupe LR-CPNT a bien évidemment voté contre cette délibération. » Pour la Région, « ces contretemps s’inscrivent dans un contexte général marqué par d’importantes difficultés d’accès et des contraintes fortes de calendrier (liées aux prescriptions de protection de la faune et de la flore) qui ont laissé très peu de marge de manœuvre au maître d’ouvrage lors de la passation des marchés ».

Le débat de l’herbe qui pousse

« Quand vous faites des travaux chez vous, pour la toiture, par exemple, on vous annonce un montant, les travaux démarrent. Une semaine après, on vous signale qu’il faudra une rallonge de plusieurs milliers, sinon les travaux s’arrêtent. Que faites-vous ? Vous laissez votre toit en mauvais état ? Il s’agit juste de poursuivre le travail. Voir Monsieur Oxibar ainsi que l’extrême droite critiquer ce dossier est devenu un rituel », lance un observateur des débats, à la Région.

Renaud Lagrave, vice-président du Conseil régional, en charge des transports, défend aussi son projet : « C’est comme ça pour toutes les lignes de France et de Navarre, il faut faire un minimum d’entretien. Ceux qui critiquent ce projet sont aussi les premiers à écrire à la Région pour ne pas que l’on ferme d’autres lignes. Et ce n’est pas notre volonté. Voyez déjà le temps qu’il faut pour en rouvrir une… » Répondant à Marx Oxibar, il tonne : « Nous sommes dans une politique de zéro phyto, on n’allait pas mettre du glyphosate partout sur la voie. Alors, oui, l’herbe pousse. Si l’opposition veut ouvrir ce débat, c’est son problème… »

Lire la presse régionale

Dans son message, Marc Oxibar a évoqué un autre point d’achoppement, concernant la mise en place de télésurveillance de 17 passages à niveaux (PN), pour 925 000 euros. « Depuis trois ans, la Région avait demandé une dérogation d’exploitation Oloron-Bedous, les PN n’étant pas sécurisés. Cette dérogation arrivant à expiration et aucun travail n’ayant été effectué, il faut mettre en place de la télésurveillance pour près d’un million d’euros pour pouvoir continuer à exploiter cette ligne ! Encore de l’argent gaspillé et des dangers qui persistent, la télésurveillance ne remplaçant pas les travaux de sécurisation des PN qui seront à faire », conclut l’élu, qui confirme vouloir « dénoncer les dérapages financiers systématiques sur ce projet Pau-Canfranc ».

Sur cette question, à la Région, on indique que l’état ayant émis la volonté d’équiper un grand nombre de PN avec ces dispositifs, cet investissement est inévitable. « Et puis il faut savoir si on veut encore du ferroviaire pour l’aménagement du territoire, conclut Renaud Lagrave. Je regrette profondément que l’état ne soit pas à nos côtés. Moi, je ferai avec ce qu’on me donnera, dans le cadre de la loi. L’Europe a bien compris que Pau-Canfranc était un chaînon manquant entre l’Espagne et la France, ce que notre pays n’a apparemment pas intégré. Le gouvernement ne lit pas la presse régionale, sinon ils auraient vu l’histoire du poids lourd au Fortalet au mois d’août, la mort du conducteur et la pollution qui en a découlé. Il faut a minima se tenir au courant. »

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