Fin 2009, une chaîne humaine à Urrugne exprime l’opposition au passage d’une ligne à grande vitesse
À l’origine, le projet prévoyait de relier Bordeaux à l’Espagne. La levée de boucliers des Basques l’a réorienté vers un arrêt prolongé en gare de Dax.
C’était il y a seize ans presque jour pour jour. Au Pays basque se tenait une réunion des Chambres de commerce et d’industrie d’Aquitaine baptisée « Urgence TGV ». Depuis janvier 2002, l’urgence a perdu de son épaisseur. La LGV paraît très éloignée désormais de la géographie tourmentée du Pays basque.
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En août dernier, le patron de la SNCF en a pris acte. En recevant à Paris Jean-René Etchegaray, le président de la communauté d’agglomération Pays basque et maire de Bayonne, Guillaume Pepy lui a fait la divine surprise de dévoiler une enveloppe de 20 millions d’euros destinée à moderniser la ligne ferroviaire entre Bayonne et Hendaye. Le sous-texte a semblé limpide aux observateurs : on met le paquet sur l’existant puisque de ligne nouvelle il n’y aura pas à horizon discernable.
À vrai dire, Guillaume Pepy n’est pas le seul à penser ainsi. Paraphée en juin 2016, la déclaration d’utilité publique du grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) a stoppé le projet à Dax. La prolongation de la LGV vers Bayonne, et surtout le tronçon de 36 km entre Bayonne et la frontière espagnole, ont été officiellement repoussés au-delà de 2030. Et jeudi, le rapport Duron sur le financement des infrastructures dans les vingt ans qui viennent leur a mis un peu plus de plomb dans l’aile en envisageant la construction de la LGV Bordeaux-Dax au-delà de 2038.
Tissu urbain ou montagne
Ce n’était pas l’intention initiale. Dans LGV Sud Europe Atlantique, il y a « Sud » et il y a « Europe ». Il y a donc « Espagne » et le fameux Y basque vers Vitoria et vers Bilbao. Mais il n’aura échappé à personne que construire une ligne à grande vitesse au Pays basque est un défi d’aménagement un poil plus compliqué que tirer une ligne droite dans la Beauce comme il y a trente ans, lors des travaux entre Paris et Tours.
Au sud de Bayonne, soit on transite par le tissu urbain littoral, soit on pique vers la montagne. Aussi les aménageurs ont-ils envisagé un large détour qui évite la gare de Bayonne et sillonne l’intérieur de Mouguerre à Biriatou. Cette option a levé un vent de colère efficacement canalisé par le Cade, le Collectif des associations de défense de l’environnement du Pays basque et du sud des Landes.
Alliot-Marie s’y oppose
Travaillés au corps sans relâche, les élus se sont divisés sur le sujet. Jusqu’au coup de tonnerre provoqué par Michèle Alliot-Marie qui, ministre de l’Intérieur à l’époque, a réclamé en juin 2009 l’arrêt des études au sud de Bayonne.
En juin 2013, la nouvelle mouture du grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) a relâché la pression. Elle a distingué le tronçon Bordeaux-Dax de sa poursuite jusqu’à l’Espagne. 2027 pour le premier, 2032 pour la seconde. Les opposants persistent à demander son abandon officiel.