La suppression de deux liaisons TGV Angoulême-Bordeaux va chambouler leur vie.
le 1er novembre 2017
Ils habitent à Bordeaux, travaillent en Charente et vivent mal la réduction de l’offre TGV.
Ils ont été mis devant le fait accompli comme tout le monde, par surprise, à la publication des horaires d’hiver par la SNCF. À compter du 11 décembre, cette dernière a supprimé deux liaisons TGV entre Angoulême et Bordeaux : le train de 8 h 08 au départ de Bordeaux et le train de 18 h 15 au départ d’Angoulême. Deux TGV « particulièrement adaptés aux besoins » de ces usagers qui vivent dans la région bordelaise et travaillent dans celle d’Angoulême.
Ces usagers réguliers de la ligne – « une cinquantaine de personnes à ce jour », selon un communiqué rédigé en commun – craignent de voir leur vie quotidienne et professionnelle chamboulée par cette décision de la SNCF. « La mise en place de la LGV a convaincu nombre d’entre eux de continuer à travailler à Angoulême, de demander des mutations ou encore d’investir dans l’immobilier. En supprimant des trains sans aucune consultation des usagers, la SNCF prouve qu’elle ne répond qu’à une simple logique financière alors que ses décisions changent profondément la vie des usagers », précise le communiqué commun.
« Régression »
La situation actuelle de ces usagers ? Trente-cinq à trente-sept minutes de trajet entre la gare du domicile et celle du lieu de travail. À partir du 11 décembre, si rien ne change, les perspectives sont beaucoup moins réjouissantes. Trois possibilités s’offrent à eux : emprunter le TER, soit trois heures de trajet ferroviaire quotidien, prendre le TGV de 7 h 08 au départ de Bordeaux et un autre au départ d’Angoulême à 19 h 15 ou, tout simplement, choisir de reprendre le volant de leur automobile. « Ceci constitue évidemment une régression très significative par rapport à la situation actuelle mais aussi par rapport à la configuration antérieure » à l’entrée en service de la LGV au début de l’été dernier.
Jean Tuffière, l’un des usagers concernés, dénonce le caractère ubuesque de la situation subie. « Nous pouvions bénéficier jusqu’à la fin de l’année de l’offre Izy Pass, soit un abonnement mensuel à 260 euros, avec la possibilité de prendre le TER et le TGV à condition de régler la réservation de 1,50 € par trajet. À partir du 1er janvier 2018, la SNCF nous propose un forfait annuel à 272 euros par mois pour 450 trajets par an. Peu ou prou, cela revenait au même. Un bon nombre d’usagers ont d’ores et déjà basculé sur ce forfait. Mais c’était avant que la SNCF n’annonce la suppression des deux TGV ! Quand ces usagers-là s’en sont plaints, vous savez ce qu’on leur a répondu ? “Vous n’avez qu’à demander le remboursement de votre forfait.” »
Prêts à bloquer le TGV
Pour Jean Tuffière, la suppression par la SNCF des deux TGV désirés avait pour but de libérer des créneaux pour l’offre « low-cost » Ouigo. Problème : les horaires Ouigo (11 h 58 au départ de Bordeaux, 15 h 24 ou 17 h 32 au départ d’Angoulême) ne correspondent absolument pas aux besoins des usagers dits « bordelais ». Et, de toute façon, le forfait annuel de la SNCF ne leur donne pas accès à cette offre.
Les usagers ont saisi les élus locaux. Grand-Angoulême, contributeur financier au chantier LGV, a voté une motion dénonçant une situation « inadmissible ». Seul le représentant de la SNCF n’a pas répondu à la demande de rendez-vous des naufragés de la liaison. Ceux-ci préviennent : « Sans réponse admissible de la part de la SNCF, les usagers mettront en place une action. » En l’occurrence, une opération de blocage du TGV en gare d’Angoulême, comme cela avait été le cas en décembre 2011 quand l’offre Bordeaux-Angoulême avait subi un coup de canif.