Non financées, les lignes vers Toulouse et Dax sont aussi menacées par un recours en Conseil d’État.

Ce 1er février 2018 ressemble furieusement au 1er juillet 2017 pour les avocats de la liaison à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax. Le rapport de la commission Duron, rendu public ce jeudi (notre édition d’hier) a le même effet de douche froide qu’à l’été dernier pour les Alain et les autres, Alain Juppé, Alain Rousset et Alain Vidalies, l’ancien secrétaire d’État aux transports.

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Le 1er juillet dernier, ils célèbrent la mise en service de la nouvelle Ligne à Grande Vitesse Tours-Bordeaux qui met la gare Saint-Jean à deux heures de Paris-Montparnasse. Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, participe, lui aussi, aux festivités.

Les discours de Nicolas Hulot et d’Élisabeth Borne, la ministre des Transports, rafraîchissent les enthousiasmes. Le ministre d’État remet en cause le sacro-saint culte de la vitesse et annonce que les grands projets d’infrastructures vont être mis sur pause pour améliorer les transports du quotidien qui ont souffert du tout-TGV choisi par les précédents gouvernements. À Rennes, Emmanuel Macron tient le même discours pour la mise en service de la LGV Bretagne/Pays de la Loire.

Personne ne veut payer

Depuis ce 1er juillet, le quatuor de grands élus (Alain Juppé, Alain Rousset, Jean-Luc Moudenc et la présidente PS d’Occitanie, Carole Delga) ainsi que les milieux économiques ne se ménagent pas pour plaider auprès du gouvernement la cause du GPSO (Grand Projet Ferroviaire du Sud-Ouest) et surtout pour parvenir à trouver l’argent d’un projet d’environ 9 milliards d’euros que personne ne veut payer. Ni l’État, ni la SNCF, ni les collectivités.

Financièrement nu, menacé politiquement par le nouvel exécutif, renvoyé à dix ou vingt ans par la commission Duron, le GPSO vit également avec, sur la tête, une épée de Damoclès juridique.

Communes ou intercommunalités de Gironde et du Lot-et-Garonne, associations de protection de l’environnement, fédérations de sylviculteurs, de viticulteurs, d’agriculteurs ou de chasseurs, six recours ont été déposés en Conseil d’État contre la déclaration d’utilité publique annoncée le 5 juin 2016, malgré l’avis défavorable de la commission d’enquête rendu en mars 2015 et un rapport de la Cour des comptes d’octobre 2014 pour laquelle « le modèle TGV est porté au-delà de sa pertinence ».

Un point pour les opposants

Au grand dam du Bordelais, Pierre Hurmic, l’un des avocats ayant déposé un recours, le Conseil d’État n’a toujours pas fixé d’audience pour examiner ce contentieux. « Les grands élus font traîner le dossier », explique Me Hurmic persuadé que le temps et l’actualité jouent en faveur des opposants.

Ceux-ci ont d’ailleurs marqué un point important. Le 29 juin dernier, le tribunal administratif de Bordeaux annule l’une des trois déclarations d’utilité publique du projet, celle qui concerne un tronçon d’une quinzaine de kilomètres entre le sud de Bordeaux et Saint-Médard-d’Eyrans.

Trois jours plus tard à Bordeaux, Élisabeth Borne annonce que l’État fera appel, uniquement en vertu du principe de la continuité républicaine. Là non plus, la date de l’audience n’est pas encore connue.