LGV Bordeaux-Toulouse : décidée ou enterrée ? Réponse définitive en février

Jan 12, 2018 | Ferroviaire, Presse française

La Ligne à grande vitesse Bordeaux-Toulouse verra-t-elle le jour ? Une réponse définitive sera donnée en février 2018 par le gouvernement. D’ici là, les élus poursuivent la lutte.
« 60% de la population située à plus de 4h de train de Paris habite en Occitanie », affirme la présidente de la Région, Carole Delga. (©Actu.fr)

« Madame la ministre, il faut continuer à faire des lignes à grande vitesse. Moi, j’en ai lancé quatre ». C’est en ces termes que, le 11 novembre 2017, l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy s’est adressé à la ministre des Transports Elisabeth Borne au cours d’une cérémonie à l’Arc de Triomphe. L’anecdote, relayée par Le Monde, fera rire jaune la grande majorité des élus de la Région Occitanie, majoritairement favorables et ce, quelle que soit le bord politique, à la Ligne à grande vitesse (LGV) Bordeaux-Toulouse.

Priorité aux « trains du quotidien »

Pourtant, la pique de l’ancien locataire de l’Elysée est tout sauf anodine : car le gouvernement, bien décidé à donner la priorité aux « trains du quotidien », est très tiède, c’est un euphémisme, sur les enjeux du rail dans notre région.

LIRE AUSSI : LGV Bordeaux-Toulouse : des milliards d’euros à trouver avant début 2018, annonce la ministre

Les élus de la région, sa présidente PS Carole Delga en tête, procèdent à un intense lobbying pour faire aboutir non seulement le projet Bordeaux-Toulouse (7,1 milliards d’euros), mais aussi l’ensemble du GPSO (Grand projet du Sud-Ouest) avec Bordeaux-Dax (2 milliards) et les aménagements du sud de Bordeaux et du nord de Toulouse (1 milliard) et la ligne Montpellier-Perpignan. Soit un budget de 12 milliards d’euros.

Un combat politique avec le gouvernement qui trouvera (enfin) son dénouement en février 2018, lors de la présentation, par Elisabeth Borne, de la loi d’orientation des mobilités. Avec l’intention de réaliser les LGV du Sud-Ouest… ou pas.

« Les nouvelles lignes serviront pour déployer de nouveaux trains »

Jeudi 11 janvier 2018, Carole Delga a remis le couvert sur « l’attractivité » de la LGV et la « nécessité » pour la région d’avoir une telle infrastructure. Et balayé le schisme entre grande vitesse et trains du quotidien…

« Nous ne sommes pas des enfants gâtés, le projet est juste. Actuellement, 60% de la population française à se trouver à plus de 4h de Paris en train se trouve en Occitanie, et 70% si on compte un bout de la Nouvelle-Aquitaine ! Dans 20 ans, nous prendrons trop de retard par rapport à Bordeaux, à 2h de Paris, et Marseille, qui est à 3h. Il ne faut pas opposer LGV et trains du quotidien. Les nouvelles lignes serviront pour de nouvelles fréquences et déployer des trains car on connaît une saturation routière et ferroviaire dans les grandes villes comme Toulouse, où le nord et le seul axe où l’on peut créer des cadences type RER, Montpellier et Perpignan. Je ne peux même pas ajouter un train par jour sur les lignes ! »

La hausse du diesel comme solution

La présidente de l’Occitanie est revenue sur les propositions « innovantes » de financement des collectivités concernées. La taxe poids lourds sur le transit international est « toujours d’actualité », mais c’est sur la TICPE (Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) que Carole Delga a annoncé des avancées, sur une taxe où environ un quart des recettes prélevées en fonction des volumes de carburant vendus revient aux Régions :

« L’augmentation moyenne de huit centimes d’euro depuis le début de l’année rapporterait 341 millions d’euros par an à la région, et autant en Nouvelle-Aquitaine. Cette somme couvrirait les annuités de l’emprunt qu’on réaliserait pour le projet ».

LIRE AUSSI : [Décryptage] Ligne à grande vitesse Bordeaux-Toulouse : un casse-tête à plusieurs milliards d’euros

Rappelons que la LGV Bordeaux-Toulouse mettrait la Ville rose à 3h10 de la Capitale. « Nous allons mettre le paquet non pas sur de nouvelles lignes à grande vitesse mais sur les trains du quotidien », assurait le président de la SNCF, Guillaume Pépy, le 2 janvier 2018 au micro de RMC. Ce changement de braquet et les 40 milliards d’euros de dettes de l’opérateur ferroviaire pourraient peser lourdement sur la décision du mois de février.

Share This