L’Etat accusé de délaisser l’axe routier de la RN 134 au profit de l’ours

Juin 16, 2018 | Presse française, Routier

L’Etat accusé de délaisser l’axe routier de la RN 134 au profit de l’ours
Alors que les déviations de la vallée d’Aspe semblent être au point mort de même que la mise en place de la Lescar- Oloron, le maire d’Oloron ne croit plus à un financement des routes par l’État, et en appelle donc à la mise en place d’un partenariat publi-privé.

© A. vercouter
 
PAR GILDAS BOËNNEC, PUBLIÉ LE .

Lors de la réunion de Béarn Adour Pyrénées, l’Etat a été critiqué à plusieurs reprises pour ne pas avoir respecté ses engagements vis-à-vis de la rénovation de la R134. Pour le maire d’Oloron, les travaux ne risquent pas de débuter alors que la réintroduction d’ours est annoncée à l’automne.

On ne s’attendait pas forcément à voir débarquer la question de l’ours lors de la réunion organisée par Béarn Adour Pyrénées (BAP) à la mairie de Gurmençon, ce vendredi après-midi… mais force est de constater que l’ursidé rode autour de tous les dossiers ces temps-ci.

L’association, qui vient de fusionner avec le collectif R134, avait invité une belle brochette d’élus afin d’évoquer les doléances des villages du Haut-Béarn attendant désespérément des solutions pour arrêter de voir défiler les camions dans leur commune.

« Rien n’est fait depuis 20 ans »

Face à la sénatrice Frédérique Espagnac, le vice-président à la Région Bernard Uthurry ou encore le député Jean Lassalle, le président de BAP Pierre Saubot n’a pas mâché ces mots au moment de résumer une situation inextricable pour des riverains qui subissent le trafic de la route nationale depuis de nombreuses années : « Depuis 20 ans, rien n’est fait sur l’axe de la R134. Pendant que trois autoroutes sont en train d’être créées en Espagne, on continue du côté français à redemander sans cesse de nouvelles études redondantes, donc inutiles. Pour améliorer la sécurité des riverains et éviter la stagnation économique, nous souhaitons que les déviations de la vallée d’Aspe et la route Oloron – Lescar soient réalisées sans attendre la mise en place de la voie ferrée entre Bedous et Canfranc. »

« Il est évident que nos voies de communication ne sont pas au niveau : c’est ce qui pousse la Semo à déménager ses bureaux administratifs dans la région paloise », explique le maire d’Oloron Hervé Lucbéreilh. « Le seul chaînon manquant entre l’Europe du nord et celle du sud, c’est la partie entre Lescar et le Somport : il faut que nous portions d’une même voix le dossier de la Lescar – Oloron et celui des déviations de la vallée d’Aspe pour avoir une chance d’être entendu par l’Etat. Par ailleurs, j’ai du mal à imaginer qu’un gouvernement qui veut nous imposer l’implantation d’ours dans la vallée d’Aspe trouve légitime de construire dans le même temps des grandes voix de circulation routière. Cela me laisse à penser qu’il n’y a pas une grande volonté de réaliser cette infrastructure. Je crois qu’il faut aller dans le sens d’un partenariat public – privé : c’est cette option qui a permis de constituer la Pau -Bordeaux, et c’est aussi la seule qui puisse être de nature à financer cette liaison entre Lescar et le Somport dont nous avons besoin. Notre association doit donc prendre l’initiative de rencontrer les responsables des grands groupes de travaux publics pour savoir comment nous pourrions travailler ensemble. »

Le point de vue biaisé des “Parisiens”

« À Paris, il y a des gens qui se disent très sérieusement qu’il faut continuer à ne rien faire sur la R134 pour empêcher les camions espagnols d’arriver : c’est une théorie fortement ancrée en haut lieu ! », assure Pierre Saubot. « On a très longtemps joué sur notre division au niveau local. Maintenant que nous sommes unis, il faut qu’on explique aux Parisiens qu’il faut arrêter de croire en ce genre d’aberrations : qu’ils viennent s’installer dans nos vallées pour s’occuper des ours », raille le président de BAP, soutenu par de vifs applaudissements. « On va devoir combattre dans l’unité, mais avec lucidité », conclut Pierre Saubot. Béarn Adour Pyrénées va rédiger une lettre ouverte récapitulant l’esprit de la récente réunion, qu’elle souhaite voir signée par tous les élus présents. Histoire de faire remonter à Paris l’esprit de cohésion qui règne localement autour du besoin urgent de rénovation de la route menant jusqu’au Somport.

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