Les limitations du Canfranc freinent le projet de transport de produits chimiques

Mai 22, 2019 | Ferroviaire, Presse espagnole, Relations transfrontalières

HERALDO DE ARAGON
18/5/2019
Rubén Darío Núñez
Laura Zamboraín

L’Administrateur d’Infrastructures Ferroviaires (ADIF) et la Fédération des Entreprises de l’Industrie Chimique Espagnole (Feique) ont signé récemment un protocole tendant à l’amélioration et au renforcement du transport ferroviaire de produits chimiques et dérivés, tant sur le marché intérieur qu’en importation et exportation. Un accord qui pourrait profiter aux deux principaux pôles de cette industrie dans la province de Huesca : Sabiñánigo et Monzón. Cependant, l’état actuel de la ligne de Canfranc ne permet pas d’envisager le transport de ces marchandises.
Lors de la première rencontre entre les entreprises chimiques, les entreprises ferroviaires et les opérateurs logistiques à l’initiative d’ADIF et Feique, plusieurs des plus importantes sociétés du secteur en Espagne étaient présentes, comme Repsol, Basf et Cepsa. Et en particulier deux qui sont implantées en Haut Aragón, Química del Cinca et Ercros, toutes deux dédiées à la fabrication de chlore.
Ce protocole a ouvert de nouveaux espoirs pour rétablir le transport de marchandises à Sabiñánigo, par où ne passent aujourd’hui que les trains de céréales qui descendent des Silos de Canfranc en direction de Martorell (Barcelone).
Cependant, chez Ercros on modère cet espoir en affirmant que, bien que leur « volonté » ait toujours été de renforcer le transport par fer –on rappelle que durant de nombreuses années ils ont été parmi les principaux clients de Renfe Marchandises–, les restrictions que présente la ligne ferroviaire de Canfranc rendent « difficile » son utilisation par l’usine de Sabiñánigo, de sorte qu’elle devra continuer à transporter ses produits par la route.
L’usine possède son propre raccordement, mais il est difficile actuellement de l’utiliser, bien qu’il ait fait l’objet il y a 12 ans d’un investissement de 600.000 euros. « L’absence de rentabilité a fait qu’en fin de compte il n’a pas été connecté au réseau de contrôle de trafic d’ADIF, et il n’est donc pas opérationnel ».
On souligne également « le mauvais état des voies de circulation jusqu’à Sabiñánigo, qui ne sont pas électrifiées, manquent de voies de garage et présentent des pentes très prononcées, de sorte que les trains circulent à très faible vitesse et sont limités en charge (capacité de transport de chaque train). « Tout cela pénalise les coûts de ce mode de transport et le rend non rentable ».
Les responsables d’Ercros reconnaissent que le débouché vers la France, et donc vers l’Europe, pourrait être d’un grand intérêt pour l’usine, qui est le premier producteur européen de chloro-isocyanurates pour le traitement de l’eau des piscines, et exporte de grandes quantités de produits dans tout le continent. « Mais la fermeture de la voie à Canfranc l’empêche », regrette-t-on.
Un autre handicap est la situation de Sabiñánigo qui empêche le recours aux trains multi-clients (concernant plusieurs entreprises et plusieurs gares) qui faciliteraient les envois.
La modernisation de la voie avec sortie vers la France « donnerait de nombreuses possibilités de développement de ce trafic, et donc de l’usine ».
La Coordinadora por la reapertura de la línea Canfranc-Olorón (Crefco) applaudit à l’initiative d’ADIF et de Feique, tout en reconnaissant comme Ercros que les défaillances actuelles empêchent de promouvoir le transport de produits chimiques par train. Mais elle apprécie le fait qu’au moins il y a des projets de renforcement de ce trafic à un horizon de cinq ans.
Pour Luis Granell, membre de Crefco, la limitation de tonnage n’est qu’un problème mineur car les trains de céréales qui descendent de Canfranc ont un poids brut de 1.200 tonnes, « même s’il est vrai que la ligne n’est pas préparée pour le standard de 22,5 tonnes par essieu ».
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