EL PAIS
Madrid 14 AVRIL 2017
MANUEL V. GÓMEZ
L’expression extrême du conflit du travail, la grève, est en recul. En 2016 le nombre de jours perdus pour grève est tombé au niveau le plus bas de la série élaborée par le Ministère de l’Emploi, à 388.912, presque 100.000 de moins que le minimum précédent, enregistré en 2011. Par contre le nombre d’appels à la grève et le nombre de participants augmente. Mais comme la durée est plus courte, le nombre de jours cumulés baisse. C’est une tendance lourde qui a débuté il y a des décennies, malgré quelques hausses conjoncturelles liées à la crise, et qui n’est pas exclusive de l’Espagne, puisqu’on la retrouve partout en Europe.
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“C’est un phénomène général en Europe”, remarque David Luque, sociologue du Travail à l’Université d’Oviedo.
Malgré tout, l’Espagne reste à un niveau de grève légèrement au-dessus de la moyenne européenne bien qu’elle ait connu entre 2008 et 2015 la plus forte baisse de cette forme de protestation ouvrière. Entre 2008 et 2015, se produit malgré la crise une réduction significative et des pays comme Chypre, le Danemark, la France ou la Belgique sont au-dessus.
Pour Ramón Górriz, secrétaire de l’Action Syndicale de CC OO (Commissions Ouvrières, syndicat majoritaire de tendance marxiste, NdT), la baisse des grèves n’implique pas nécessairement qu’il n’y ait pas de conflits. Il note que d’autres formes de conflits se sont développées, comme le Service de Médiation et d’Arbitrage, “qui est intervenu dans 422 conflits impliquant 3,27 millions de travailleurs, ayant abouti à un accord dans 24% des cas”. Son homologue du syndicat UGT, Gonzalo Pino, confirme ce constat.
A la CEOE (syndicat patronal, NdT), Jordi García Viña précise que la baisse des dernières années est due en partie à la baisse des licenciements collectifs: “ce sont les conflits qui génèrent le plus de grèves, et ils ont baissé ces dernières années”.
Avant la tendance conjoncturelle récente, Luque indique que “la grève était le recours classique de l’ère industrielle”. Aujourd’hui le tissu industriel a changé, “avec de nouvelles activités qui n’ont pas de traditions ouvrières”.
“Il y a aujourd’hui du mécontentement, mais il s’exprime autrement. En 2012, ce sont les manifestations qui augmentent. Depuis 2015, les conflits quittent la rue et passent à la politique”, note Luque.
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