Les grandes entreprises de logistique de Saragosse veulent développer les méga-camions

Déc 26, 2017 | Presse espagnole, Routier

HERALDO DE ARAGON

Beatriz Alquézar

Saragosse

26/12/2017

Vehículo 'dúo trailer' más largo que los 'megatrucks' convencionales, todavía en fase de pruebas, la semana pasada.

Le transport routier de marchandises cherche à gagner en compétitivité tout en réduisant ses  émissions. Augmenter la charge par véhicule est le but des transporteurs qui utilisent le méga-camion depuis un an et demi, depuis qu’il est autorisé sur les routes espagnoles. L’arrivée de ces géants sur roues n’est pas exempte de polémiques. Les détracteurs pensent que les transporteurs ne cherchent qu’à réduire le personnel puisqu’un conducteur suffit pour le double de charge. Ils ne croient pas aux réductions de la pollution car la consommation de carburant est plus élevée, et ils alertent sur les dangers sur la route.

Un méga-camion du groupe Sesé s’est renversé au début de ce mois, le premier cas connu. L’entreprise logistique de  Saragosse, une des premières à s’être intéressées à ces véhicules, affirme que la situation était très exceptionnelle puisque le camion a été pris dans un cyclone en formation avec des rafales de vent de 110 km/h. Le groupe possède 20 véhicules de ce type, au sein d’une flotte de 800 camions et reste confiant dans sa sécurité. Les ensembles routiers dits “euro-modulaires” sont des engins de 25,25 m de long contre 16,5 pour un semi-remorque traditionnel et peuvent transporter 40 tonnes de charge au lieu de 24.

La société a franchi un nouveau pas la semaine dernière en testant sur un trajet Saragosse-Madrid un ensemble double-remorque, de 31 m de long 70 tonnes de charge. Ricardo Lucientes, directeur de la Flotte du groupe, estime que c’est l’avenir en raison de sa polyvalence car il dispose de deux remorques conventionnelles, ce qui lui permet de s’adapter au fret ferroviaire, maritime ou aérien. Mais ce nouveau véhicule en est encore au stade de développement, auquel travaillent le département d’Ingénierie Mécanique de l’Université de Saragosse et le fabricant aragonais de remorques et semi-remorques Lecitrailer. Ce dernier se charge de la certification de la majorité des méga-camions de toute l’Espagne.

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Cependant le méga-camion représente à peine 1% de la flotte. « Il devrait poursuivre sa progression, mais n’est pas appelé à devenir un outil de transport de masse », remarque Fernando Viñas, secrétaire général de la Fédération des Entreprises de Transport de Marchandises de Saragosse (Fetraz). Il reconnait que l’investissement n’est à la portée que d’entreprises moyennes et grandes, qui l’utilisent à la demande de leurs clients des secteurs alimentation, automobile ou textile. Parmi les problèmes qui se posent parfois,  il cite : « le client qui le demande ne dispose pas de quais de chargements adaptés ou des autorisations de circuler, qui doivent être demandées à chaque sortie sur la route, et qui peuvent tarder jusqu’à trois mois ».

« Ce type de transport existe déjà, il roule sur des rails et s’appelle un train », affirme Santiago López-Montenegro, président du syndicat de transporteurs autonomes Tradime Aragón. Il considère que le but recherché est de réduire les coûts de personnel, mais les coûts de carburants sont doublés. Pour lui, « nous allons à contre-sens de la stratégie européenne qui s’appuie sur le ferroviaire. Il ajoute : « nous mettons des trains sur la route ». Il reconnait que son syndicat comporte des entreprises qui possèdent ce type de véhicules pour satisfaire certains clients. « Ou nous entrons dans cette guerre ou nous sortons du marché ». il est conscient « qu’il n’y a pas de marche arrière car ces camions vont continuer à se multiplier ».

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