El País
ANA CARBAJOSA
Madrid 20 MAR 2016
La présence de Sheng Qiuping, haut représentant du parti communiste venu de Yiwu et la création d’une fondation n’ont pas suffi. Les autorités chinoises n’ont pas lésiné cette semaine à Madrid pour appuyer le projet du train le plus long du monde, né en grande pompe il y a presque un an, mais qui, côté espagnol, n’arrive pas à prendre corps. Cette ligne de 13.000 kilomètres qui relie Madrid à Yiwu, le grand supermarché du monde d’où viennent les produits qui inondent les bazars chinois du monde entier se voulait une alternative terrestre au transport maritime. Elle traverse la Chine, le Kazakhstan, la Russie, la Biélorussie, la Pologne, l’Allemagne, la France et l’Espagne, nouvelle route de la soie, de grande importance stratégique pour la Chine. Le président Mariano Rajoy a lui-même signé l’accord avec son homologue Xi Jinping lors d’une visite officielle à Pékin dans le but de renforcer les exportations espagnoles.
Depuis que les politiques ont coupé le ruban et se sont fait prendre en photo fin 2014, 39 trains chargés sont arrivés à Madrid et seulement huit en sens inverse, confirme Timex, l’entreprise qui gère ce transport. Le dernier est parti cette semaine pour Yiwu. Le transport ferroviaire est plus rapide (21 jours) que par mer (35-40 jours), mais il est plus cher. Le coût d’un conteneur est d’environ 2.000 euros par fer, et seulement d’environ 1.300 euros par mer. Le prix décourage certaines entreprises espagnoles, mais aussi la méfiance envers ce nouveau mode de transport, ainsi que le déséquilibre de la balance commerciale avec la Chine. Mao Wenjin, président de la Fondation pour les échanges entre Yiwu et l’Espagne explique que “quelques questions d’ordre légal restent à régler, comme les permis d’exportation des jambons à l’os, ou le transit de denrées alimentaires par la Russie”.
Santiago Vivanco, président des Caves Vivanco a exporté du vin rouge en Chine par train à trois reprises. Il s’y retrouve car il ne vend que dans la province de Zheijang, où se trouve Yiwu. Le débarqueent au port de Shanghai, les formalités douanières et le transport à destination prendrait plus de temps et coûterait plus cher. Vivanco pense que c’est “un problème de manque de confiance. En Espagne on utilise très peu le train pour les marchandises; beaucoup ne l’envisagent même pas”. Il affirme que de nombreux wagons se remplissent sur le trajet, en Europe du nord. “L’Allemagne est stratégique; sans elle le train ne serait pas viable.
(–) La Chine importe du vin, de l’huile et de l’eau gazeuse principalement. Le secrétaire d’Etat au Commerce, Jaime García-Legaz, explique que le train pourrait être intéressant pour les produits agro-alimentaires frais, comme le raisin de table ou les fruits à noyaux qui supportent bien le voyage en wagon réfrigéré. Il considère que le projet marche et qu’il est normal que les importations soient plus fortes que les exportations étant donnée l’asymétrie des relations commerciales avec la Chine.
Sheng a rappelé à Madrid que l’attrait des produits espagnols est très fort en Chine malgré le ralentissement de l’économie asiatique.
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Mao Wenjin a expliqué lors de la présentation à Madrid, que si une personne passait huit heures par jour à faire des achats à Yiwu à raison de trois minutes par magasin, il lui faudrait plus d’un an pour visiter tous les commerces de cette ville du sud de la Chine qui pèse à elle seule 8% du PIB du Portugal et qui reçoit dix millions de commerçants par an.
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