Le préfet Gilbert Payet quitte les Pyrénées-Atlantiques : les raisons d’un départ

Jan 30, 2019 | Divers, Presse française

Par Pierre-Olivier Julien, publié le 30 janvier 2019 à 17h32, modifié à 20h34.

Arrivé fin août 2017 dans le département, Gilbert Payet n’est plus préfet des Pyrénées-Atlantiques depuis ce mercredi. Un haut-fonctionnaire qui avait son franc-parler.

Dix-sept petits mois et puis s’en va. Depuis ce mercredi 30 janvier, Gilbert Payet n’est plus préfet des Pyrénées-Atlantiques. La rumeur de ce départ courait déjà depuis quelques semaines. Il est effectif depuis la décision officielle tombée en conseil des ministres dans la matinée. Sur proposition du ministre de l’Intérieur, c’est Eric Spitz, actuel préfet de la Drôme, qui a été nommé.

Quelques heures plus tôt, l’annulation d’un déplacement de Gilbert Payet sur la côte basque le 31, pour une maraude avec la Croix-Rouge, donnait déjà un bon indice sur le sort réservé au préfet. Ce départ reste cependant une demi-surprise.

Limite d’âge et préparatifs du G7

Agé de 65 ans (66 ans en avril prochain), on savait Gilbert Payet atteint par la limite d’âge, même si certains hauts fonctionnaires peuvent poursuivre leur carrière jusqu’à 67 ans. Mais avec encore plusieurs dossiers chauds sur son bureau, et notamment les préparatifs du G7 à Biarritz fin août, on pouvait imaginer quelques mois de rab pour le représentant de l’Etat. Ce ne sera pas le cas.

C’est même sans doute cette grande échéance diplomatique qui a été fatale au préfet. « Il aurait dû partir juste avant l’été en raison de son âge. Ce qui aurait été trop juste avant le G7 de fin août. C’est donc un remplacement anticipé pour permettre au nouveau préfet de préparer au mieux cet événement à Biarritz » fait-on savoir à la préfecture.

Mais certains observateurs d’avancer aussi que le G7, « vrai souci d’Etat », avait besoin d’une figure plus autoritaire. Or, la gestion du rendez-vous des ambassadeurs le 18 décembre, avec manifestations et affrontements avec gilets jaunes à la clé, aurait quelque peu desservi la cause de Gilbert Payet (même si l’on sait que quelle que soit l’identité du préfet, manifestants il y aurait eu).

Car jusque-là, Gilbert Payet, arrivé un peu sur la pointe des pieds fin août 2017, a vite pris la mesure des enjeux de ce département (davantage côté Béarn selon les Basques). Faisant face à de nombreuses problématiques. Natif de l’Ile de la Réunion, l’homme avait son franc-parler, n’éludait aucune question. Et semblait vouloir bouger les lignes, ne s’inscrivant pas dans un carriérisme comme certains de ses prédécesseurs. Cela aussi, finalement, l’a peut-être desservi.

Avec lui, la réintroduction des ourses

Gilbert Payet était reconnu en tout cas comme un préfet de terrain, pas de bureau, s’intéressant à tout. Beaucoup ont pu le croiser sur diverses manifestations, appareil photo en bandoulière, mitraillant ce département et ses traditions qu’il découvrait.

Durant son « mandat », les questions agricoles, de la pollution sur le bassin de Lacq, des migrants, ont rempli régulièrement son agenda. Il restera aussi et surtout le préfet qui a chapeauté la réintroduction de deux ourses en octobre dernier dans les vallées béarnaises.

« C’était un homme que j’appréciais, quelqu’un de convivial, avec de l’humour et qui n’hésitait pas à s’engager et à apporter des réponses pratiques à des problèmes nombreux qui pouvaient se créer entre élus et l’administration » commente le maire de Pau François Bayrou qui espère qu’Eric Spitz aura la même appétence pour le terrain que Gilbert Payet.

« Homme d’expérience »

Autre réaction attendue aussi, celle du député Jean Lassalle, qui a souvent bataillé avec le préfet. « Je ne vais pas dire de vacheries, on se les ait déjà échangées entre nous » sourit le parlementaire qui veut tourner la page. Ce dernier reconnaît cependant « un homme d’expérience. Mais qui a fait ce que l’administration centrale lui demandait de faire ». Et d’espérer que Gilbert Payet tienne sa promesse « de régler définitivement, avant son départ, la question de la trésorerie de Bedous. Et qu’il n’oublie pas de passer les consignes de la mission qu’il a reçue, pour le suivi des services publics en vallée d’Aspe ». Jean Lassalle souhaitant que le futur représentant de l’Etat prenne aussi à cœur les problèmes de la R134.

Le successeur, Eric Spitz (lire zoom), lui va en tout cas entretenir cette tradition des préfets de la Drôme qui sont nommés dans le 64. Avant lui, Pierre Dartout, François-Xavier Ceccaldi et Pierre-André Durand étaient aussi passés par Valence avant d’arriver à Pau. Notons qu’il a aussi croisé Gilbert Payet quand celui-ci était préfet de Haute-Corse. Eric Spitz fut son secrétaire général durant quelques mois entre 2005 et 2006.

Son successeur : Eric Spitz, un Strasbourgeois sorti de l’ENA

Le futur préfet des Pyrénées-Atlantiques, Eric Spitz, a 55 ans et est originaire de Strasbourg. Diplômé de l’Institut d’études politiques de Strasbourg, il est aussi énarque, de la promotion Cyrano de Bergerac, comme Alexandre Bompard, Chantal Jouanno et un certain Laurent Nuñez, actuel numéro 2 du ministère de l’Intérieur. Il a débuté sa carrière dans la préfectorale en 1999, comme directeur de cabinet du préfet de Maine-et-Loire. S’en est suivi tout un parcours dans les préfectures (Nouvelle-Calédonie, Haute-Corse, Eure-et-Loir, Midi-Pyrénées, Seine-Saint-Denis, Guyane…). Il était préfet de la Drôme depuis janvier 2016.

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