Le plan énergétique européen va renforcer les connexions avec la France par l’Aragon

Juin 10, 2022 | Economie, Presse espagnole, Relations transfrontalières

HERALDO DE ARAGON

10/6/2022

MÓNICA FUENTES

L’Aragon figure parmi les régions qui tirent le plus de profit du plan RE Power EU, la stratégie européenne qui vise à réduire la dépendance actuelle au gaz russe. Le renforcement des liaisons énergétiques entre l’Espagne et la France impliquera l’adoption de nouveaux projets d’intérêt communautaire financés sur fonds européens.

Le vice-président de l’Aragon, Arturo Aliaga, se dit confiant dans l’accélération des investissements. Il se félicite que les plans qui présentent la stratégie prévoient, dès le départ, une connexion hydrogène de l’Espagne vers l’Europe par l’Aragon et pour les infrastructures électriques, la ligne Ejea-Sabiñánigo-Marsillon. La connexion électrique est particulièrement importante car, comme le rappelle Aliaga, le plan de transport de REE (Réseau Electrique d’Espagne) 2021-2026 fixe la génération par les renouvelables à  6.441 MW, 4.866 pour l’éolien et 1.622 pour le photovoltaïque ; et il prévoit des permis d’accès de 17.520 MW, (respectivement 8.139 et 9.381).

La situation géographique stratégique de l’Aragon, sa capacité de production d’énergie et l’impulsion donnée depuis des années à l’hydrogène vert sont des atouts qui lui permettront de bénéficier de nouveaux investissements. Il revient à l’Etat de lancer les projets et aux entreprises, REE et Enagás, de les mener à bien.

Aliaga est satisfait du choix de la ligne Ejea-Marsillón, parce que c’est celui qu’il soutient depuis longtemps. « Un tunnel est envisagé pour respecter l’environnement et pour renforcer les lignes existantes à Sabiñánigo », explique-t-il, citant l’exemple de ce qui s’est fait en Catalogne : « une liaison à courant continu, à travers un tunnel de 40 kilomètres ».

L’interconnexion du gaz, si l’on veut sortir de la dépendance à la Russie, retrouve une grande importance. On avait déjà tenté il y a 30 ans de réaliser une connexion entre l’Aragon et la France par les Pyrénées, en reliant les installations du Serrablo (Sabiñánigo, NdT) à celles de de Lacq, en France. Cela avait été rejeté et il n’existe  aujourd’hui que deux petites connexions, dont une par Larrau (Navarre). L’Aragon dispose d’infrastructures de transport et de distribution de gaz, et d’une installation de stockage souterrain dans le Serrablo, auquel arrive un gazoduc civil qui relie Barcelone à La Rioja et au Pays Basque.

On parlait, il y a trois décennies, de « faciliter l’arrivée du gaz norvégien et soviétique ». Ce qu’on rechercherait aujourd’hui, c’est de garantir l’alimentation de l’Europe, qui reçoit 45% de son gaz de Russie. Dans un contexte guerrier, qui met en relief la dépendance énergétique de l’UE. L’Espagne représente 37% de la capacité totale de regazéification de l’Union Européenne, ce qui met en évidence l’intérêt d’un tel investissement.

La Commission Européenne voit d’un bon œil de compléter l’interconnexion de gaz avec une d’hydrogène vert. Aliaga se réjouit que la stratégie européenne repose sur le développement d’une source d’énergie dans laquelle l’Aragon fait référence.

Le vice-président fait siennes les conclusions du livre 210 de l’Institut d’Etudes Stratégiques de la Défense, qui devant les problèmes avec l’Est, pousse à créer une Traversée Centrale des Pyrénées. « On pourrait réaliser un tunnel à basse altitude de 70 kilomètres destiné au transport de marchandises, du gaz, de l’électricité et de l’hydrogène », dit Aliaga, qui rappelle que CAF travaille d’ores et déjà à des trains à hydrogène vert.

Le plan RE Power EU, envisagé comme action européenne conjointe pour une énergie plus accessible, sûre et soutenable, implique un changement radical de scenario. Il ouvre la voie à une réorientation des fonds du Mécanisme de Reprise et de Résilience (MRR) pour permettre la réalisation de ces projets d’infrastructures. Il prévoit 72 milliards d’euros de subventions pour assurer les investissements.

Aragón possède une capacité de fourniture d’hydrogène vert, et d’électricité à travers les renouvelables et le bio-méthane, ce qui le place dans une position exceptionnelle. Et les grands opérateurs du marché énergétique impliqués, Enagás, Repsol, REE et Endesa, le savent. Il leur reviendra de prendre l’initiative dès que l’Europe « ouvrira la voie à la présentation de projets », rappelle Aliaga.

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