Malgré une hausse des tarifs liée à la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux, le train reste moins cher que l’avion entre Pau et Paris. Air France et sa filiale Hop ! ont pourtant baissé leurs prix et présentent un gain de temps qui se réduit néanmoins.
La guerre des prix est déjà lancée entre la SNCF et Air France(avec sa filiale « low cost » Hop !) pour les trajets entre Pau et Paris. À partir du 2 juillet, la mise en service de la ligne à grande vitesse entre Bordeaux et Tours va sensiblement réduire le temps de trajet en TGV entre la capitale du Béarn et celle du pays. Suffisant pour relancer le match entre le train et l’avion ? Éléments de réponse.
Pau-Paris : TGV ou avion ? Le match. par larepubliquedespyrenees
L’AVION RESTE PLUS RAPIDE
Si l’on en croit les documents officiels publiés par la Région Nouvelle-Aquitaine ou la SNCF, Pau est désormais à 4h09 de Paris. Disons que c’est le produit d’appel mis en avant en vitrine car dans la réalité, deux trains seulement établiront ce temps de parcours record : celui qui partira chaque dimanche soir de Pau à 19h59 arrivera bien à Paris 4h09 plus tard, soit à 0h08. Après, c’est dans l’autre sens que l’on trouvera un Paris-Pau à 4h09 avec le train qui, dans la semaine, quittera Montparnasse à 6h52 pour arriver à Pau à 11h01. Pour le reste, il faudra compter autour de 4h20 de trajet, même pour les TGV « directs ».
Du côté de l’avion, le temps de vol est généralement de 1h20, 1h30 grand maximum. Il est généralement conseillé de s’enregistrer une heure minimum avant le décollage. Nous voilà déjà à 2h20. Et il faut encore compter 41 minutes pour accéder au cœur de Paris en empruntant l’Orlyval et le RERB.Soit au final près de 3 heures tout compris.
Avantage à l’avion donc, qui reste un peu plus rapide (ce qui serait moins vrai si l’on se limitait à un trajet Bordeaux-Paris).Mais comme le souligne Pierre Thomazo, patron de l’agence de voyages paloise Béarn Tourisme, « 4 heures entre Pau et Paris, c’est encore long. C’est difficile d’établir une règle : on le regarde au coup par coup, mais quelqu’un qui va organiser son voyage bien à l’avance pourra bénéficier de bons prix, que ce soit en train ou en avion. Et dans ce cas-là, il risque de privilégier l’avion, qui est un peu plus rapide ».
LE TRAIN MOINS CHER ?
Que ce soit pour le train ou l’avion, les prix fluctuent parfois de façon assez incompréhensible . En règle générale, plus on s’y prend tôt, plus on a de chance de décrocher des prix d’appel (Smart, Basic et Flex chez Hop ! et Air France ou Prem’s à la SNCF).
Mais prenons la date du premier lundi suivant le lancement du TGV L’Océane mettant Bordeaux à 2h04 de Paris. Ce lundi 3 juillet, pour un aller-retour dans la journée il faudra compter 221 € en train contre 342 € en avion. Et pour aller de l’aéroport d’Orly au centre de Paris, le ticket Orlyval/RERB s’élève à 12,05 €. Net avantage pour le train, donc.
Mais deux mois plus tard, à condition de s’y prendre dès maintenant, les tarifs seront plus avantageux. Et plus resserrés. Pour un aller-retour le lundi 4 septembre, en tarif Prem’s non remboursable et non échangeable, le TGV propose un tarif imbattable de 74 €. L’avion reste plus cher, mais moitié moins que deux mois plus tôt, avec 185€.
Mais l’avion peut se révéler moins cher sur le temps d’un week-end à Paris. Si l’on veut par exemple fêter le 14 Juillet à Paris et y séjourner jusqu’au dimanche 16 juillet, l’aller-retour en train est à 190 € (mais on arrive après 19h à Paris le vendredi) et l’avion Hop ! tutoie les 170 €. Même avec le prix de l’Orlyval et du RER B (12 € le trajet), l’avion est cette fois plus intéressant.
ET LES PROS ?
Le TGV peut-il concurrencer l’avion pour la clientèle professionnelle en Béarn ? Dans les grands groupes, comme Total, la visioconférence pallie souvent aux déplacements. Pour le reste, « les collaborateurs choisissent ce qui leur semble le plus pratique : l’avion sera de toute façon plus court, mais dans le train, on s’assoit et on peut travailler ».
Richard Bonneville, dont la société Holight, installée à Ogeu-les-Bains, a décroché un marché pour éclairer les stations du métro parisien, préfère, lui, le train : « Une heure de gagné, ça commence à devenir compétitif. En avion, un aller simple pour Paris, pour moi, c’est 3h30 : trois quarts d’heure pour rallier l’aéroport de Pau, où il faut être au moins une demi-heure en avance, 1h20 de vol, et enfin gagner le centre de Paris. C’est 3h30 de perdu où je ne peux rien faire d’autre. Le train, c’est beaucoup plus détendu. »
Reste un écueil pour le TGV : un aller-retour dans la journée permet au chef d’entreprise palois de passer sept heures à Paris. L’agenda des rendez-vous risque d’être très serré. Alors que le Bordelais peut rallier la capitale dès 8h34, le Béarnais ne peut espérer y être présent avant 10h10. Un très gros quart d’heure béarnais.
Pourquoi les prix varient autant
Que ce soit pour l’avion ou le train, tout le monde aura constaté la variation étrange des tarifs, d’un jour à l’autre voire d’un horaire à l’autre.C’est le principe – parfois appliqué sans grande subtilité par les compagnies aériennes ou la SNCF – du « Yield management », un système de gestion tarifaire qui vise à un meilleur rendement unitaire des sièges vendus dans un TGV ou dans un avion. En clair, on cherche à faire payer le plus cher possible les billets mis en vente sans dissuader ses clients. Avec finesse, cela permet un meilleur taux de remplissage, et le client peut s’y retrouver en achetant très tôt ou en dernière minute. Une pratique entrée dans les mœurs aériennes depuis fort longtemps mais usée de façon plus « brutale » par la SNCF, où le principe demeure « plus c’est tôt, moins c’est cher ».
Autre pratique peu avouée, sur Internet : l’IP Tracking. Les sites de réservation en ligne pistent l’adresse IP de votre ordinateur. Et lorsque vous vous intéressez à un trajet, même si vous n’allez pas au bout de la démarche d’achat, celui-ci est temporairement considéré comme bloqué et lorsque, après réflexion (ou comparaison avec un autre mode de transport) vous y revenez… le prix de votre place a augmenté.