Le Maroc choisit une entreprise française pour l’extension de son réseau LGV, malgré une offre plus avantageuse de l’espagnole Ineco

Août 7, 2024 | Ferroviaire, Presse espagnole, Relations transfrontalières

Cinco Días/El País

Juan Carlos Sanz

Rabat – 06 AOUT 2024

Uno de los trenes de alta velocidad de la línea de alta velocidad marroquí Al Boraq.

le TGV marocain Al Boraq

Le Maroc a retenu la société d’ingénierie française Egis Rail, associée à la française Systra et la marocaine Novec, pour l’extension de son réseau LGV entre Kenitra (nord de Rabat) et Marrakech pour (—) près de 130 millions d’euros, bien que l’offre présentée par l’espagnole Ineco soit 6% inférieure. Après avoir appris en juin que celle-ci était la mieux placée, la presse marocaine avait donné pour gagnante la firme d’ingénierie espagnole rattachée au Ministère des Transports. Après plusieurs semaines de retards, la commission des adjudications de l’Office National des chemins de Fer (ONCF) a annoncé finalement le 1er août la résolution du concours en faveur d’Egis. La décision a été publiée à peine deux jours après que le président français, Emmanuel Macron, ait officialisé le virage diplomatique de la France en faveur du plan d’autonomie marocain pour le Sahara Occidental.

Ineco, qui avait obtenu en mars le marché de la modernisation de l’aéroport international de Casablanca, aspirait à devenir le fer de lance des compagnies espagnoles du secteur dans la modernisation des infrastructures du Maroc. Outre sa vaste expérience dans le développement de la grande vitesse espagnole, l’entreprise publique d’ingénierie Ineco avait comme références la ligne Médine-La Mecque, en Arabie Saoudite, et sa participation dans d’autres projets internationaux. Dans l’entourage du Ministère des Transports, auquel appartient Ineco, on considère que le changement de position diplomatique de la France ne semble pas avoir été déterminant dans le choix, et on apprécie d’être allé si loin dans le concours, chose encore “impensable” il y a quelques années au Maroc.

La LGV Kenitra-Marrakech fait 450 kilomètres et est un des principaux projets du pays magrébin après le giga-port de Tanger Med, dans le détroit, et le chantier en cours des ports de Nador West Med, près de Melilla, et Dajla Atlantique, dans le Sahara Occidental, proche de Villa Cisneros de l’ancienne colonie espagnole. Le Maroc veut que la nouvelle ligne, dont le coût est estimé à 3 milliards d’euros, entre en service en 2030, à l’occasion du Mondial de Football qu’il organise avec l’Espagne et le Portugal.

Le Maroc a ouvert en 2018 un premier couloir LGV entre Tanger et Kenitra, qui continue sur une voie conventionnelle jusqu’à Rabat et Casablanca. Ce fut alors Egis Rail qui exécuta l’ingénierie d’une ligne sur laquelle circulaient des TGV Alstom français. Les connaissances techniques et l’expérience sur le terrain de l’entreprise française, qui possède une délégation à Casablanca, semblent avoir pesé dans le choix, malgré l’offre plus avantageuse d’Ineco.

Le Maroc prévoit un méga-programme de modernisation de ses lignes ferroviaires avec l’acquisition de 168 trains, dont 18 TGV, pour un coût de plus de 14 milliards d’euros.

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La stratégie Ferroviaire 2040 du Maroc de construction de nouvelles lignes est évaluée à 35 milliards d’euros, entre LGV, liaisons inter-régionales et de proximité. L’ONCF vise à relier par train 43 villes, une douzaine de ports et 15 aéroports internationaux. Le but est que 80% de la population ait accès à ce mode de transport à l’horizon de 16 ans, contre 50% aujourd’hui.

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