Le low cost s’attaque aux long-courriers

Déc 12, 2016 | Aérien, Presse française

Le low cost s’attaque aux long-courriersFrench blue est ainsi la première compagnie française à tenter sa chance sur le long-courrier low cost.

Photo french blue

 

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Plusieurs compagnies proposent désormais des vols à bas coût sur des liaisons long-courriers, notamment vers les États-Unis, La Réunion ou les Antilles.

La Réunion à partir de 249 euros. New York à partir de 159 euros. Les long-courriers passent au low cost. Apparus en Europe il y a maintenant vingt-cinq ans, les vols à bas prix ont révolutionné le transport aérien. Ryanair a été la première à se lancer sur le marché du court et moyen-courrier, en 1991. En 2015, elle a transporté plus de 101 millions de passagers internationaux, selon des chiffres publiés par l’Iata (Association internationale du transport aérien). Cette nouvelle offensive du low cost sur le long-courrier sera-t-elle la bonne ? Les avis divergent, mais de nombreux experts prédisent qu’il n’y aura pas de la place pour tout le monde : seules les compagnies qui arrivent assez tôt sur ce nouveau marché pourront tirer leur épingle du jeu.

15 à 20 % de moins

French blue est la première compagnie française à tenter sa chance sur le long-courrier low cost avec des prix d’appel « de 15 à 20 % » inférieurs aux tarifs habituels. La société a été créée par le groupe vendéen Dubreuil, également propriétaire d’Air Caraïbes. Depuis le mois de septembre, elle propose quatre rotations hebdomadaires vers Punta Cana (République dominicaine) au départ d’Orly. Trois tarifs : le Basic à partir de 149 euros l’aller simple avec un bagage à main de 12 kilos, le Smart (199 euros) et le Premium (579 euros). À partir du mois de juin 2017, la nouvelle compagnie offrira également huit rotations par semaine pour l’île de La Réunion, à partir de 249 euros l’aller simple.

« Nous nous plaçons sur des destinations à fort trafic avec un bon potentiel de croissance. Notre offre va stimuler la demande, et nous sommes très fiers du confort de nos avions », souligne Sophie Hocquez, directrice commerciale, qui vise à terme 20 % de part de marché sur La Réunion.

Air France aussi

Les premiers résultats semblent encourageants. « Pour décembre, le taux de remplissage moyen est de 80 % sur Punta Cana, ce qui est très intéressant », assure Sophie Hocquez. « Et nous sommes aussi très satisfaits des réservations pour La Réunion pour l’été prochain. » Depuis le début de l’année, les offres se multiplient sur le marché français avec des vols vers des destinations soleil ou les États-Unis. Au mois de juillet, la compagnie Norwegian Air Shuttle a ouvert trois lignes long-courriers low cost au départ de Roissy vers New York, Los Angeles et Fort Lauderdale-Miami. Ce qui porte à dix le nombre de lignes exploitées par la compagnie entre la France et les États-Unis.

Depuis leur lancement, et selon la direction, ces nouvelles liaisons enregistrent un taux moyen de remplissage de 93 % dans les deux sens, et la compagnie envisage de renforcer son offre au départ de la France à partir de l’été prochain. À l’époque, le prix d’appel fixé à 179 euros l’aller simple avait soulevé un certain nombre de questions. Mais, depuis, la compagnie islandaise WOW Air est allée encore plus loin en affichant un aller simple Paris-New York à partir de 129 euros avec escale à Reykjavik.

Air France n’est pas en reste. La compagnie, qui a réagi tardivement au développement du low cost sur les court et moyen-courriers, ne voudrait pas se laisser distancer sur les long-courriers. Début novembre, Jean-Marc Janaillac, PDG d’Air France-KLM, a annoncé pour 2017 la création d’une compagnie à bas coût, mais il se refuse pour l’instant à qualifier cette nouvelle offre de « low cost ».

Un marché de niche ?

Pourquoi ce regain d’intérêt pour le long-courrier low cost ? « Il y a déjà eu plusieurs tentatives mais elles ont toutes échoué », rappelle Emmanuel Combe, auteur d’un ouvrage intitulé « Le Low Cost » et professeur à l’université Paris 1. « Aujourd’hui, les conditions semblent plus favorables. Les clients ont confiance dans le low cost, et les nouveaux appareils sont très efficients. Ce qui ne veut pas dire que l’on va trouver la martingale, même si je pense que cela est possible puisqu’on assiste à un foisonnement d’initiatives différentes qui finiront peut-être par déboucher sur un modèle viable. »

La révolution qui a bouleversé le marché du court et moyen-courrier pourrait toutefois ne pas avoir la même ampleur sur le long-courrier. « Les baisses de tarifs n’atteindront pas le même niveau, et le low cost long-courrier devrait rester sur le marché du loisir en attirant une clientèle qui n’avait pas l’habitude de voyager en avion, pronostique Emmanuel Combe. Mais même s’il reste un marché de niche, le low cost va forcément mettre la pression sur les autres compagnies, qui devront faire évoluer leur politique ou justifier les différences de prix. »

Les prix affichés… et les autres

300 euros l’aller-retour Paris-Punta Cana. Moins de 400 euros l’aller-retour Paris-New York… Ces tarifs peuvent faire rêver. En dehors du fait qu’il ne s’agit que de prix d’appel qui ne sont pas toujours disponibles, le voyage peut dans la réalité facilement coûter plus cher que prévu. Sur une liaison classique, tout (ou presque) est inclus. Sur un véritable vol low cost, c’est exactement le contraire : tout est payant. À commencer par les bagages. Quand le prix payé pour le billet correspond à la catégorie la plus basique, en général, seul le bagage à main est gratuit. Pour tout autre sac ou valise, il faudra payer à l’aller et au retour une somme qui varie selon les opérateurs mais qui évolue la plupart du temps entre 35 et 75 euros. Le pack confort, qui comprend une couverture, un masque, un coussin et les écouteurs, est lui aussi facturé (10 euros). Tout comme la réservation du siège (le prix peut varier selon son emplacement dans l’avion), les boissons consommées pendant le vol et le repas. Le prix du plateau se situe entre une vingtaine et une trentaine d’euros, mais des collations peuvent également être proposées à un tarif inférieur. L’accès aux films peut aussi être payant (une dizaine d’euros). Un voyageur qui voudrait ne se priver de rien, ferait donc augmenter le prix de son billet d’environ 150 à 200 euros sur un aller-retour.

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