Maintenir le niveau d’investissement sans utiliser le levier fiscal, c’est le défi qu’entend relever la majorité Lasserre au Département.
Tout change, et « en même temps » (pour reprendre une formule chère au président de la République), rien ne change vraiment. Le président centriste du Conseil départemental Jean-Jacques Lasserrepartage un point commun avec son prédécesseur socialiste Georges Labazée : une politique volontariste d’investissements.
En 2017, ils étaient de 134 millions d’euros (mais l’enveloppe englobe 20 millions d’euros de paiement pour le financement de la LGV Tours-Bordeaux). En 2018, ils se monteront encore à 110 millions d’euros, selon les orientations budgétaires présentées ce jeudi à Pau, au Parlement de Navarre.
L’accent mis sur « les solidarités »
Jean-Jacques Lasserre dira que la situation n’est pas la même qu’en 2015. Après une période « de rigueur et de pragmatisme », il évoque « une bonne santé financière » retrouvée. Ce niveau d’investissement pour 2018 se veut à la fois « réaliste et ambitieux », dans un contexte toujours aussi contraint pour les collectivités (42 millions d’aides de l’Etat en moins depuis 2013).
L’accent est mis sur « les solidarités ». Politiques en faveur de l’enfance et de la jeunesse, des publics vulnérables et des seniors se montent au total en fonctionnement à près de 390 millions d’euros. Soit 6 millions de plus qu’en 2017. Les aides aux projets des collectivités locales s’affichent à 22,6 millions en investissement contre 28,2 cette année. Mais l’effort est porté sur « les attractivités territoriales » (8,6 millions en investissement, soit 2,6 de plus qu’en 2017), avec notamment un plan montagne qui monte en puissance (2,4 millions en 2018 après les 1,6 million de cette année). Le numérique reste un axe fort : 2,3 millions d’euros en fonctionnement et 1,3 million en investissement.
42 millions pour les infrastructures
Sur les 110 millions d’euros d’investissement, 42 millions sont consacrés aux infrastructures. 1,8 million, 1,9 million et 2 millions d’euros sont respectivement inscrits pour les échangeurs de Berlanne, Orthez et Carresse-Cassaber, dont on attend des nouvelles de la part de l’Etat. Au passage, Jean-Jacques Lasserre a signifié que le Département n’avait pas à financer le projet de contournement d’Orthez.
À l’arrivée, la gauche départementale déplore une politique un peu frileuse (lire encadré). Max Brisson, président du groupe de la droite républicaine dans le 64, estime qu’on ne peut faire plus : « 110 millions d’euros, c’est un plafond de verre. Tout dépassement amènerait à utiliser le levier fiscal. » Ce qui ne sera pas le cas, en principe, pour l’exercice 2018. Confirmation avec le vote du budget à la mi-février.
La gauche pointe certains manques
« Nous sommes à mi-mandat, a constaté ce jeudi Henri Etcheto, le président du groupe de gauche au Conseil départemental. L’héritage de 2015 ne peut plus servir. Mais après avoir tenté de vous défausser sur le passé, vous essayez de faire de même avec l’avenir. » Sous-entendu : la politique Lasserre serait peut-être un peu frileuse par nature. L’élu palois André Duchateau a déploré de son côté une politique de « solidarités humaines low cost ». Globalement, la gauche réclame plus d’efforts sur le social, l’aide aux territoires, les infrastructures et les collèges publics, notamment pour celui de Nay qui inquiète les élus Jean Arriubergé, Marie-Pierre Cabanne, Valérie Cambon et Christian Petchot-Bacqué : « On a dû fermer un portail pour que les élèves ne passent pas dans un escalier qui est en train d’exploser. » « Nous irons à Nay, chaque cas est en train d’être étudié », assure Isabelle Lahore, la vice-présidente en charge des collèges.