Faute de trains – ici en gare de Pau – les voyageurs se tournent notamment vers les «bus Macron» dont le trafic explose
Alors que plus de 20 jours de grèves sont prévus ces prochains mois, certains secteurs économiques commencent à souffrir. Mais d’autres tirent leur épingle du jeu.
Le plus difficile, jusqu’à fin juin minimum, reste donc peut-être à venir pour les opérateurs économiques locaux même si, chez Euralis par exemple, on ne déplorait hier «aucun problème, à ce jour, en matière d’approvisionnement». «Idem pour la commercialisation de nos produits», fait-on savoir au sein du pôle agricole de la coopérative béarnaise.
Même son de cloche dans le secteur du BTP. «Disons que, pour une fois, on est à peu près tranquilles!» s’amuse presque Patrick Lacarrère, directeur de la fédération départementale. «Il y a, peut-être, quelques soucis sur la livraison de certains matériaux. Mais, globalement, ça fonctionne car, pour nous, les principaux flux de fournitures, comme le béton par exemple, se font localement».
Tourisme : réservations en recul
Yves Larrouture aimerait pouvoir tenir le même discours. Hélas, le président pour le Béarn du syndicat d’hôteliers-restaurateurs UMIH déplore, lui, «un impact bien réel» lié aux grèves. «Nous ferons vraiment les comptes à la fin du mois, mais on peut déjà parler d’un recul de 10% à 20% des taux d’occupation», déplore-t-il, à l’unisson de son président national, Roland Héguy, qui vient de lancer un cri d’alarme après «150 millons € de pertes pour le seul mois d’avril»
«Sur Pau, des séminaires et des réservations de chambres sont annulés», reprend Yves Larrouture. «On a eu, en plus, un premier trimestre minable à cause de la météo et, maintenant, arrivent les semaines des ponts du mois de Mai. La dernière période de vacances n’ayant pas été bonne pour la profession, ce serait une catastrophe si les manifestations venaient à se poursuivre en juillet et août comme on nous le promet!»
Transports: «à la marge»
Dans le secteur des transports, une hausse «à la marge» de l’activité est relevée par Caroline Augé. Pour la secrétaire générale du syndicat de transports routiers Otre, cette légère augmentation est liée au fait que «la SNCF sollicite des sociétés quand elle n’a plus assez de véhicules pour suppléer les TER, faire des trajets de gare à gare, par exemple de Pau à Bayonne, Bordeaux, etc… Il peut y avoir des problèmes de disponibilités pour les opérateurs, mais cela fait toujours un peu de trafic en plus». Le besoin risque d’être plus pressant cet été, si les trains venaient toujours à manquer, en matière de frêt et notamment pour le transport des productions agricoles, prévient-elle.
La météo sociale semble, par ailleurs, n’avoir aucune conséquence du côté de l’office du tourisme de Pau. «Il n’y a pas moins de monde et on voit toujours passer à peu près 200 personnes par jour», nous dit-on. Une nuance toutefois: «le nombre inhabituel de questions posées sur les différents services de bus». Nous y voilà!
Et les gagnants sont…
Les grands gagnants de ces dernières semaines de turbulences sont, effectivement, les fameux «bus Macron» nés en 2015, lors de l’ouverture du marché, sur décision de celui qui était à l’époque ministre de l’Economie. Au même titre que les dispositifs de covoiturage, ou encore les différentes applications dédiées, ces services, opérés principalement par FlixBus ou Ouibus (filiale de la SNCF!), tirent leur épingle du jeu.
Dans quelles proportions ? C’est d’autant plus difficile à dire que les intéressés ne communiquent pas de chiffres régionaux. Tout juste sait-on que Ouibus, par exemple, «fait actuellement face à des niveaux de trafic équivalents à ceux des grandes vacances d’été», indiquait lundi un responsable de la société.
L’effet d’aubaine existe, en tout cas, bel et bien puisqu’on estime qu’une hausse d’environ 70% du nombre de réservations a été observée depuis le début des grèves, au plan national.
D’autres perturbations ce week-end et en mai
► Le mouvement des cheminots reprendra ce week-end. En attendant les prochaines dates de grèves chez Air France.
Une vingtaine de jours après le début des revendications, par les personnels de la SNCF comme ceux d’Air France, les usagers bénéficient d’un léger répit en ce milieu de semaine. Mais cela ne va pas durer…
Du côté du rail, les grèves, planifiées au moins jusqu’à la fin juin (lire par ailleurs), reprendront dès ce vendredi soir et concerneront l’ensemble du week-end à venir.
En ce qui concerne le trafic aérien, l’intersyndicale des salariés du groupe Air France doit faire connaître ce jeudi ses intentions en matière de nouveaux arrêts de travail. Hier, l’aéroport de Pau, qui a vu son trafic ralentir depuis le début de l’année (-1%), fonctionnait normalement.
Mouvement sans conséquence?
Par ailleurs, et selon un sondage BVA publié mercredi, le mouvement des cheminots serait «sans conséquence sur la vie personnelle des trois quarts des Français». 74% des personnes interrogées déclarent que la grève à la SNCF n’a «pas de conséquences sur leur vie personnelle», 21% «des conséquences négatives». Pour 4%, il aurait même… des conséquences positives !(1% de non réponse).
Le principal motif de gêne évoqué est «l’incertitude» qui pèse sur les trajets (44%) et des trajets plus «compliqués» (28%).
Enfin, parmi les 21% de personnes qui expriment des répercussions négatives liées à ce mouvement, la moitié disent trouver «difficilement» des solutions. Cette grève reste néanmoins un vrai sujet de conversation. 84% des Français disent en avoir discuté avec des collègues, amis ou proches, dont 68% à plusieurs reprises.
15% c’est l’impact généralement estimé pour une grève dure sur l’activité économique. soit environ 1,3 millard € au plan national