Le Béarn doit-il craindre la méga agglomération Pays basque ?

Jan 24, 2017 | Economie, Presse française

 

Le Béarn doit-il craindre la méga agglomération Pays basque ?
Jean-René Etchegaray a été élu dès le premier tour de scrutin avec 157 voix sur 214 exprimées. La nouvelle communauté d’agglomération Pays Basque compte 233 conseillers.

© jean-philippe gionnet
Par Laurent Vissuzaine, publié le .

Moment historique ce lundi avec l’installation de la nouvelle communauté du Pays Basque. Le Béarn doit-il redouter l’avénement de cette méga-collectivité à ses portes ?

Ils l’ont fait ! Les 158 communes basques regroupées en une seule et même collectivité, c’est une réalité depuis ce lundi soir. En face, neuf communautés plus modestes représentant les 389 communes béarnaises. Un géant face à neuf petites entités, est-ce un atout ou un handicap ? Les avis sont partagés.

Le gigantisme, atout ou handicap ?

« La construction de l’entité basque ne s’est pas faite en un jour » rappelle la sénatrice Frédérique Espagnac. « Depuis les années 80, tous les élus, maires, conseillers départementaux et régionaux, élus nationaux, ont pris l’habitude de se réunir et travailler ensemble. Cette construction d’un projet de territoire s’achève logiquement par la création d’une communauté unique. Le Pays Basque devient le second pôle de la région Aquitaine et sera une force de négociation plus visible au sein de la Région » estime la sénatrice.

158 c’est le nombre de communes composant l’intercommunalité pays basque

« Cette EPCI unique du Pays Basque est le résultat de l’histoire » estime de son côté Jean-Yves Lalanne, vice-président de l’agglo de Pau. « Mais ce sera difficile et complexe car il va falloir faire travailler ensemble de nombreux maires ».

« Le gigantisme n’est pas la solution » affirme de son côté Jean-Jacques Lasserre, président du conseil départemental. « Mais si cette forme n’a pas ma préférence, je travaillerai avec tout le monde car on aura des projets communs à mener avec toutes les entités du département ». Mais le président s’inquiète pour les petites communes : « Les maires ont besoin d’une relation souple et commode avec les organismes qui les représentent » rappelle-t-il.

Jacques Cassiau-Haurie, président de la communauté Lacq-Orthez, est sceptique lui aussi : « L’EPCI basque tient sa source dans son identité. Il s’agit d’une force intérieure que n’a pas le Béarn. Mais le problème pour les Basques sera de garder la proximité. Il y a une nébuleuse de petites communes qui craignent d’être oubliées » rappelle-t-il.

Pas d’hésitation en revanche pour le député David Habib qui salue la réussite des Basques : « Chapeau aux élus et décideurs basques qui ont mené ce projet. C’est un exemple. Ils ont réussi quelque chose de grand » affirme le député.

Le Béarn doit-il craindre ce grand voisin ?

« Rassembler les 389 communes béarnaises serait ingérable » assure Frédérique Espagnac. « Le Béarn reste à construire. Il faut d’abord revenir à comment on peut travailler ensemble, quel est le projet du Béarn, qu’est-ce qu’on veut développer pour le Béarn, avant tout » estime-t-elle. « Il faudra jouer les complémentarités entre Béarn et Pays Basque, avance Jean-Yves Lalanne, comme pour les TER ou les relations transfrontalières. Inchauspé avait en son temps avancé la collaboration entre les 3 B, Bigorre, Béarn, Pays Basque. Il ne faut pas rester replié sur soi et travailler avec ces deux collectivités ».

« Le Béarn n’est pas pénalisé estime Jean-Jacques Lasserre. L’important c’est que les énergies locales soient prises en considération. La visibilité ne s’annonce pas par la taille mais par la pertinence des dossiers et la combativité des élus » estime le patron du Département qui cite en exemples Bernard Dupont à Arzacq ou Jean-Pierre Mimiague à Serres-Castet. « Initiative, cohésion et imagination compensent la petite taille » conclut-il.

Pour Jacques Cassiau-Haurie, les EPCI béarnaises ont la bonne taille. « On va rester visibles de la grande région, et le projet porté par François Bayrou de constituer un Pays de Béarn va dans le bon sens. C’est une forme fédérative qui avance à un rythme correct et qui va permettre de développer des actions communes sur l’université, l’aéroport ou le ferroviaire ».

En revanche, David Habib ne voit pas de salut hors une grande EPCI béarnaise. « Un jour, il y aura une communauté béarnaise à l’identique du Pays Basque pour deux raisons. Un, l’effacement programmé des départements au profit d’intercommunalités qui devront être assez grosses pour reprendre des compétences du Département. Deux, après deux à trois ans de rodage, le Pays Basque va devenir un concurrent redoutable en matière de tourisme, d’équipements publics et d’implantations d’entreprises. La vitalité du Béarn passera par plus de mutualisation. Je ne sais pas si le projet de Pays de Béarn est une étape pour y arriver, mais il faudra y arriver. D’autant que face à la technocratie régionale et pour résister à l’attractivité bordelaise, il faudra des communautés de communes très fortes ».

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Le nouveau Pays basque est lancé

Jean-René Etchegaray a été élu lundi soir président de la nouvelle communauté d’agglomération Pays Basque.

 

L’amphi 400 de l’université de la Nive à Bayonne était plein à craquer lundi soir pour le premier conseil communautaire de la communauté d’agglomération Pays Basque. 158 communes et plus de 300 000 habitants pour cet ensemble qui propose à partir de ce mois de janvier une nouvelle gouvernance du Pays Basque.

« Un moment historique avant une période complexe et passionnante » résumait en introduction Peyuco Duhart, doyen de l’assemblée. Une fois les 233 conseillers nommés, il a fallu procéder à l’élection du premier président de la communauté. Favori, le maire UDI de Bayonne, Jean-René Etchegaray, a fait valoir le travail déjà effectué en commun. Bernard Lougarot, maire PS de Gotein-Libarrenx, se présente comme le défenseur des petits villages « à ne pas oublier ». Enfin, Jean-Jacques Doyhenart, élu PCF d’Anglet, dit tout le mal qu’il pense de la loi NOTRe, à l’origine de la nouvelle communauté, et du désengagement de l’Etat à tous niveaux.

Dès le premier tour de scrutin, Jean-René Etchegaray est élu avec 157 voix sur 214 exprimées. « Je sais l’ampleur de la tâche mais nous n’avons pas peur » a-t-il sobrement réagi.

Gérer une communauté aussi importante va nécessiter une période de rodage. Trois niveaux devraient permettre le fonctionnement de l’institution. Autour du nouveau président, un conseil exécutif composé de 25 élus chargés de préparer les délibérations et d’assurer l’administration de la communauté. En-dessous, le conseil permanent, riche de 69 membres, gère les attributions déléguées par le conseil communautaire. Enfin, le conseil communautaire, 233 membres, délibère de l’institution, vote le budget, etc.

La nouvelle communauté a pour compétences le développement économique, l’aménagement, l’habitat, la politique de la ville, collecte des déchets, eau, mobilité, culture et langues.

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