L’Aragon est à la croisée des chemins

Juil 5, 2021 | Aérien, Ferroviaire, Presse espagnole, Relations transfrontalières, Routier

EL PERIÓDICO DE ARAGÓN

Ángel M. Gil / Gérant du Cluster Logistique d’Aragon

05·07·21

 

Déjà à l’époque romaine, notre territoire était le principal nœud routier, ce que nous appellerions aujourd’hui un hub logistique, de la péninsule ibérique. Par l’ancienne Caesaraugusta passaient 9 chaussées romaines, devant les 7 chaussées qui traversaient les actuelles Astorga et Mérida, et bien plus que les actuelles Barcelone et Madrid avec 3 et 4 respectivement. Curieusement, une de ces chaussées nous reliait avec la France par Canfranc. Voilà qui nous rappelle quelque chose, pas vrai?

Vingt siècles plus tard, l’Aragón exerce toujours  un leadership indiscutable en tant que nœud logistique, sachant que 70% du PIB espagnol se situe à 300 kilomètres à la ronde avec 25 millions d’habitants, ou que 365 millions d’européens peuvent être atteints dans un rayon de moins de 1.500 kilomètres.

Il est incontestable que la logistique est en pleine effervescence dans notre région. Par exemple, notre cluster de logistique d’Aragón (Alia) a doublé le nombre de ses associés dans les six derniers mois, et des entreprises multinationales très importantes ont installé leur siège industriel à Zaragoza. Nous avons avec Plaza la plus grande plateforme logistique en extension d’Europe, et qui s’agrandit encore, et qui continuera. Non seulement à Zaragoza, mais aussi à Huesca avec Pluhs et à Teruel avec Platea. Est-ce un hasard ou le résultat des efforts et de la planification, profitant de cet avantage géostratégique qu’avaient vu les romains?

Trois facteurs contribuent à ce  leadership. Le premier est l’offre d’intermodalité. Au potentiel de connexion par voie terrestre avec les principales villes espagnoles et européennes, s’ajoute un leadership  ferroviaire et aérien. Dans le domaine des terminaux ferroviaires, nous avons la plus grande des infrastructures d’Europe, celle d’Adif à Plaza. Nous avons aussi la TMZ (Terminal Maritime de Zaragoza), principal port sec de l’intérieur péninsulaire, avec le plus fort mouvement de TEU (unités de transport) et en forte croissance prévisible. Pour compléter l’offre publique, nous ne pouvons manquer de citer le TIM (Terminal Intermodal de Monzón), le seul terminal espagnol qui gère des opérations de conteneurs en sec, conteneurs réfrigérés et de vrac. Cette offre se complète avec des opérateurs privés qui possèdent leurs  propres terminaux et apportent du trafic a la région.

Noeud ferroviaire

Ces terminaux en font le nœud ferroviaire le plus important d’Espagne, au croisement des couloirs Méditerranéen (ports de Valence, Tarragone, Castellón et Barcelone), Atlantique (Bilbao, Pasajes et Santander), et du couloir Central, qui relie Zaragoza à Algesiras par la promise autoroute ferroviaire qui transportera directement les camions sur le train. Aujourd’hui les sorties vers l’Europe de ce nœud ferroviaire se font par Port Bou et Irún. Dans un futur proche, nous espérons pouvoir rejoindre la France par Canfranc et peut-être, dans un futur lointain, par une traversée centrale qui franchisse les Pyrénées par un tunnel à grande capacité et à basse altitude. Pour le moment, nous optons pour  relier les ports en écartement ibérique et pour rejoindre l’Europe à l’écartement international.

Dans le domaine aérien, nous disposons de l’aéroport à plus fort trafic d’avions cargos et destinations d’Espagne. Bien qu’en valeur absolue nous arrivons derrière Madrid-Barajas (la plupart des marchandises sont transportées dans des vols de passagers), le ratio de tonnage par opération à Zaragoza est 10 fois supérieur à celui de Madrid. Et l’aéroport de Teruel, qui dispose de la plateforme industrielle aéronautique la plus moderne d’Europe, avec l’activité de maintenance d’aéronefs et est en croissance continue.

Valeur technologique

Le second facteur serait la grande valeur technologique qu’apporte l’Aragón. En particulier la référence internationale qu’est le Zaragoza Logistics Center (ZLC) et son accord avec le MIT (Massachusetts Institute of Technology), l’Institut Technologique d’Aragón (Itainnova) et l’Université de Zaragoza. Également le Collège des Ingénieurs Industriels d’Aragón qui prépare une initiative en mobilité et développement de couloirs ferroviaires. A cela s’ajoute l’initiative technologique des entreprises aragonaises, dont nous accompagnons le cluster dans ses projets de numérisation et de  soutenabilité, et qui sont à l’avant-garde de la technologie.

Le troisième facteur est social et politique. Le pari de la logistique a été maintenu ces dernières années par les gouvernements successifs et en particulier par le gouvernement d’Aragon. Également la mairie de Zaragoza a opté pour une logistique urbaine et de mobilité soutenable qui fera référence au niveau national et international. Disposer d’un environnement social stable joint au tempérament aragonais rend désirable d’installer ici son activité industrielle.

Le dernier facteur est la formation. Les autorités et les entreprises se plaignent du manque de professionnels formés. Bien que nous disposions de très bonnes formations, de la FP au troisième cycle, il demeure un déficit de professionnels bien formés. Il y a une divergence entre les profils logistiques demandés par les entreprises et la formation des candidats. Prenons la chose en main, c’est la voie vers l’excellence logistique.

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