L’Aragón espère la réouverture du Canfranc pour 2030

Nov 8, 2023 | Ferroviaire, Presse espagnole, Relations transfrontalières

HERALDO DE ARAGON

LAURA ZAMBORAÍN

7/11/2023

On espère la réouverture de la ligne internationale de Canfranc pour 2030. Le chantier est en cours côté espagnol. L’espoir renaît avec les nouveaux progrès de ces dernières années. Le Gouvernement d’Aragón estime que 2029 pourrait voir la fin des travaux “qui nous incombent”. Mais côté français, rien n’avance sur les 33 kilomètres de Bedous à Canfranc. La réouverture et le potentiel touristique de l’Aragón autour de la ligne a été abordé ce mardi au cours d’une journée organisée dans l’Hôtel Royal Hideaway de (l’ancienne) gare de Canfranc, par le HERALDO DE ARAGÓN et le Diario del Alto Aragón, du groupe HENNEO, en collaboration avec La République des Pyrénées et l’’Eclair, journaux de Pau (Pyrénées Atlantiques), du groupe Sud-Ouest. Le débat était conduit par deux journalistes, un français et un espagnol. Dans le cas présent, c’était le journaliste du Heraldo Ramón J. Campo.

Jornada celebrada en el Hotel Royal Hideaway de la estación de Canfranc

« La réouverture du Canfranc est une vieille revendication depuis 1970 que nous pensons dans la dernière ligne droite et que nous espérons voir aboutir avant la fin de la décennie », a affirmé Miguel Ángel Anía, directeur général des Transports du Gouvernement d’Aragón. L’étude d’impact environnemental est en cours et les travaux ont démarré sur toute la ligne. « La plateforme ferroviaire est en cours de rénovation sur les 200 kilomètres de la partie espagnole, avec la pose de traverses polyvalentes qui autoriseront le trafic à l’écartement ibérique en première phase, et lorsque le tunnel rouvrira, on pourra passer à l’écartement international, pour permettre le passage des marchandises de Zaragoza à Pau, avec le système européen de signalisation RTMS ».

 

Le directeur des Transports a précisé que la ligne sera adaptée à 2,5 tonnes/essieu et au gabarit B en prévision de la future autoroute ferroviaire, et que dans un second temps la ligne sera électrifiée à la tension internationale de 25 kilovolts alternatif : « cela rendra les trains complétement interopérables entre les LGV et à l’écartement européen de part et d’autre des Pyrénées ».

Un autre projet du Gouvernement d’Aragón est la Traversée Centrale des Pyrénées. A ce sujet, le directeur général précise que la ligne de Canfranc « n’est qu’une ligne de haute montagne avec toutes les limitations que cela implique pour des trafics de haute intensité, en raison des très fortes pentes et de sections  hélicoïdales en tunnel côté français, ce qui limite le transport de marchandises à grande capacité et à des vitesses compétitives ».

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« Selon les études réalisées, la capacité maximale de la ligne de Canfranc est de 750.000 tonnes de marchandises à l’année, alors que la demande régionale est de 1,5 à 2 millions de tonnes/an. Or l’UE prévoit un transfert vers le rail de 50% des marchandises terrestres en 2050, de sorte qu’il faut anticiper une hausse à plus de 50 millions de tonnes/an. « Nous parlons d’un volume que ne couvre ni le passage de Canfranc, ni celui de Portbou, ni Irún, qui pourraient tout au plus assurer 5 millions de tonnes/an. Et donc la TCP est absolument nécessaire à moyen et long terme. Et il faut la réaliser à basse altitude pour éviter tout impact sur les parcs naturels de France et d’Espagne ».

De son côté, le vice-président responsable de la mobilité de Nouvelle Aquitaine, Renaud Lagrave, a souligné l’objectif commun de l’Aragón et de la région française. Mais il reconnait qu’il reste à convaincre le gouvernement français, car l’Europe croit en la réouverture et le prouve en finançant les projets. Il a souligné l’importance de l’année 2024, car les études publiques vont sortir, et si elles sont positives, elles permettront la déclaration d’utilité publique de la ligne internationale. « Il y aura  des réunions et les gens pourront s’exprimer sur la réouverture ; et si l’opinion est contraire, le résultat ne sera pas bon ». Mais la Nouvelle Aquitaine parie sur le chemin de fer, comme elle l’a prouvé jusqu’à maintenant. Lagrave indique que les français utilisent de plus en plus les trains régionaux. Entre 2020 et 2023, la hausse a été de 35% dans le nombre de trains en Nouvelle Aquitaine, passant de 60.000 voyageurs par jour à 80.000, il a fallu ajouter des trains et augmenter les fréquences. Quant à donner une date pour la réouverture, il ne s’y est pas risqué. Mais il est evident que l’Espagne et la France doivent marcher de pair, et ce dernier est un peu à la traine.

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