L’Agglomération paloise vote son adhésion au Pays de Béarn

Avr 14, 2017 | Divers, Presse française

L’Agglomération paloise vote son adhésion au Pays de Béarn
Parmi les différents dossiers que pourrait tirer le Pays de Béarn, les infrastructures ferroviaires, avec déjà l’idée de pousser pour concrétiser la Pau-Canfranc.

© Archives MZ
PAR PIERRE-OLIVIER JULIEN, PUBLIÉ LE , MODIFIÉ .

Réaffirmer l’identité béarnaise est l’une des priorités du futur pôle métropolitain. Mais pas seulement. Il devra servir aussi à tirer des projets structurants pour le territoire.

Un dossier important pour François Bayrou, on le mesure souvent à la durée de son discours sur l’histoire du Béarn. Le Premier ministre s’en souvient sans doute encore, quand il a fallu voter le programme de rénovation urbaine de Saragosse. Ce jeudi soir, ce sont les élus communautaires qui ont eu le droit aux détails de l’épopée locale durant plus de 20 minutes, de l’an 1000 à 1789 et même un peu après, en passant par l’éloge de Gaston Fébus, « génial et intuitif ». Mais ici, cela avait sans doute du sens puisqu’il s’agissait de voter l’adhésion de l’Agglomération paloise au fameux Pays de Béarn.

Un pas « décisif » pour l’avenir

Cet ensemble que François Bayrou avec André Labarrère penchaient déjà sur les fonts baptismaux il y a 20 ans. Rien depuis, ou presque, si on pense à Béarn 21e siècle. Cependant, depuis son arrivée aux manettes, le maire de Pau a poussé pour que cette entité se concrétise enfin. C’est un nouveau pas « décisif » qui a ainsi été franchi jeudi.

Pour le justifier, François Bayrou a rappelé que cela « conditionnait l’avenir », pas seulement de l’agglo paloise « mais de l’ensemble des communautés qui forment le Béarn ». En face, le président a pu citer le Pays Basque, « en voie d’organisation depuis des décennies ». Et de mettre aussi dans la balance la Nouvelle-Aquitaine, « cette méga région, excessive et absurde à mes yeux, qui porte atteinte à notre sentiment d’identité. C’est pourquoi nous avons le devoir de nous organiser et de nous affirmer en tant que Béarn ». L’identité, voilà en effet ce que l’élu a porté haut pour défendre le projet, notant que son cœur « saignait » à chaque fois qu’il apercevait une croix basque sur un produit purement béarnais.

La culture, la langue béarnaise, avec ce Pays, devra donc être mise en valeur selon François Bayrou. Un thème qui figure par exemple dans la charte de fondation de ce pôle métropolitain. Ce n’est pas le seul. Le Pays de Béarn se voudra aussi un atout précieux pour défendre des projets, dans le domaine universitaire « la 1re année de médecine qui ouvre à la rentrée aurait pu être un exemple » relèvera le président. Ou les infrastructures de transports, avec la ligne Pau-Canfranc ou le développement de l’aéroport.

Cette charte parle aussi du tourisme, devant être proposé comme une destination globale (pendant que le Département transforme son CDT en agence), d’un sujet indéniablement transversal comme le développement durable. Mais également de stratégie économique et commerciale au service du Béarn. Ici, on imagine toutefois encore mal comment les territoires du Pays ne pourront pas se faire concurrence entre eux. Le seul ciment sans doute : se trouver des adversaires communs, comme la côte basque voire les voisins bigourdans.

Ce n’est en tout cas pas cette vision qu’a voulu retenir le maire de Billère Jean-Yves Lalanne, qui attend davantage de coopération avec Bigorre et Pays Basque, dans l’esprit des 3B d’Inchauspé, « pour créer un effet dynamique qui pèsera face aux métropoles bordelaise ou toulousaine. En la matière, les chambres consulaires ont ouvert la voie » rappelait le socialiste.

« Les yeux bloqués dans le rétro »

Après un échange musclé avec François Bayrou qu’il taxe d’avoir les yeux « bloqués dans le rétroviseur », ajoutant que ce n’est pas d’image « mais d’emplois » dont avait besoin le Béarn, le communiste Olivier Dartigolles a insisté pour connaître les priorités de ce Pays et les moyens qui leur seront alloués. Estimant au passage que l’ensemble sera aussi « ingouvernable » que l’EPCI unique du Pays Basque.

« Les moyens seront ceux qu’on mettra en commun, de façon volontaire. Personne ne sera contraint de participer à une action s’il ne le souhaite pas » répondra le président. « Chacun y apportera ses idées, son envie et son financement, comme une auberge espagnole » résumera bien Jean-Paul Brin. Le maire de Lescar, demandera, lui, un mode de gouvernance « plus partagé ». Comprendre davantage que celui de l’Agglo paloise. « On ira dans ce sens » assurera François Bayrou avant le vote à l’unanimité, moins une abstention.

Créé pour dix ans

Créé pour une durée de 10 ans (renouvelable), le Pays de Béarn regroupera sept communautés d’agglo ou de communes : Pau Béarn Pyrénées, Lacq-Orthez, Nord-Est Béarn, Pays d’Oloron et des Vallées du Haut-Béarn, Luys-en-Béarn, Béarn des Gaves et Vallée d’Ossau. Manque ici Pays de Nay, mais encore ce jeudi François Bayrou avait bon espoir que cette collectivité rejoigne les autres à terme.

Le Pays de Béarn disposera de 49 délégués, dont 19 pour Pau Béarn Pyrénées. Réuni au moins deux fois par an, il sera gouverné par un conseil du Pays de Béarn. « Attention, ce n’est pas un énième échelon administratif » ont répété ses partisans jeudi soir. « C’est un syndicat mixte universel uniquement sur adhésion volontaire. Chacun sera libre, sans de contrainte, mais en se plaçant dans la volonté d’affronter l’avenir en étant solidaires les uns avec les autres » indique François Bayrou. Ce Pays aura donc pour objet de mettre en œuvre les actions d’intérêt métropolitain dans les domaines visés par la Charte de Fondation, comme le domaine universitaire ou les transports (lire ci-contre).

Son budget sera nourri en recettes par les cotisations annuelles des membres, celles apportées pour les actions (selon le bon vouloir des collectivités), les sommes perçues par des tiers, les subventions…

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