La communauté d’agglomération Pau Béarn Pyrénées a été installée ce lundi. Présidée par François Bayrou, elle devra relever plusieurs défis. Mais elle s’y est préparée.
« On représente désormais la moitié des habitants du Béarn ! C’est dire le rôle de locomotive qu’on va avoir ». D’emblée ce lundi, à l’heure de l’installation de la nouvelle communauté d’agglomération Pau Béarn Pyrénées, François Bayrou a posé l’équation : marier trois collectivités (Agglo de Pau et les CC de Miey-de-Béarn et Gave et Coteaux) ne devra pas déboucher sur du surplace. D’autant que les enjeux sont importants.
Pour cela, les élus et services se sont bien préparés. La naissance hier de la nouvelle grande agglo n’a d’ailleurs été émaillée d’aucune anicroche. Comme attendu, seul candidat, François Bayrou en a été désigné président avec 76 voix sur les 76 bulletins exprimés (85 inscrits, 3 absents et 6 blancs). Il était 17h11. Tout était tellement millimétré que la séance, débutée à 16h40, n’aura duré qu’une heure et demie.
En chiffres
- 31 communes composent la collectivité Pau Béarn Pyrénées.
- 162 000 habitants dans l’agglo, soit presque la moitié de la population du Béarn.
- 85 C’est le nombre d’élus communautaires.
- 1 directeur général des services : Nicolas Pernot Et 4 adjoints : Claire Farbos, Ouahid Dorbane, Cornelia Findensien et Frédéric Ané.
- 60 C’est environ le nombre de salariés des deux ex-CC qui rejoignent les rangs de l’Agglo.
« Retenir les meilleures pratiques »
L’élu palois, dans un court discours, exprimera sa « gratitude » auprès de ses collègues. Et rappela en effet le très utile « travail de préparation » de plusieurs mois, en amont de ce mariage. Travail « attentif et chaleureux. On avait tous en tête que ce que nous faisions était essentiel pour l’avenir ».
François Bayrou a aussi voulu marquer le symbole de cette fusion entre un territoire urbain et deux collectivités rurales, « la double culture du Béarn, de toute éternité ». Avec le vœu « de retenir les meilleures pratiques des choses des trois anciennes communautés ». Et de citer l’exemple de Miey-de-Béarn avec ses compétences sur le réseau routier ou son savoir-faire en matière de déchets. En marge de la séance, le président nous confiait d’ailleurs, qu’outre le projet phare du stade du Hameau – qui s’achève -, le grand défi à venir sera ce « partage des expériences et des compétences. Quid notamment de la petite enfance ? Du volet culturel. Que garder, qu’étendre à toute l’agglo ? C’est un autre travail qui nous attend maintenant » soulignait François Bayrou.
Satisfaction des nouveaux venus
Après ce conseil d’installation, les nouveaux venus exprimaient aussi leur enthousiasme et leurs attentes. « ça fait un an qu’on travaille en bonne synergie. Aujourd’hui, on est prêt » déclarait Claude Ferrato, ancien président de Gave et Coteaux pour qui cette fusion va « dans le sens de l’Histoire ». Son espoir : que le projet de la reconversion de la friche Vilcontal, à Rontignon, se poursuive, alors qu’un million a déjà été injecté pour la démolition. « On a des pistes de travail, qui seront précisées au cours du 1er trimestre ». « Tout ce qui faisait inquiétude a été levé. On a bien anticipé » reconnaissait aussi l’ancien président de Miey, Didier Larrieu. Ses attentes : un bon accompagnement des projets communaux, avec l’envie, également, d’apporter à la nouvelle agglo « notre façon de jouer collectif ».
Prochain conseil le 19 janvier
En somme, tous avaient cette foi de tirer dans le même sens. Pour François Bayrou, cette naissance présageait aussi de cette motivation qu’il veut insuffler avec le Pays de Béarn. Le prochain conseil se tiendra le 19 janvier. Le débat d’orientations budgétaires aura lieu en février, et le budget sera voté fin mars. En attendant, plus de 2,2 millions ont déjà été débloqués hier pour de premiers crédits d’investissements. Et être déjà dans l’action.
Autour de François Bayrou, quinze vice-présidents
► Dans un paysage territorial en pleine recomposition, les 85 élus ne doivent pas traîner à se mettre au travail.
Merci le boîtier électronique ! Voilà ce qu’ont dû se dire bon nombre d’élus ce lundi après-midi. Craignant une séance qui devait s’éterniser avec une litanie de votes à bulletin secret – pour les quinze vice-présidents et les 49 autres membres du bureau – tous ont immédiatement accepté la proposition du président d’instaurer pour la première fois à Pau le vote électronique, « une formule plus rapide ».
Le suspense n’étant, là non plus, pas des plus intenses, n’ayant qu’un seul candidat à chaque poste proposé, les élections n’ont été qu’une formalité. Autour de François Bayrou, quinze vice-présidents donc : les maires de l’ancienne agglo de Pau auxquels s’ajoutent les présidents des anciennes communautés de communes, Claude Ferrato et Didier Larrieu.
Ainsi, ont été élus : Monique Sémavoine 1re vice-présidente (71 voix), Annie Hild 2e vice-présidente (71 voix), Michel Bernos 3e vice-président (70 voix), Nicolas Patriarche 4e vice-président (67 voix), Francis Pees 5e vice-président (74 voix), André Arribes 6e vice-président (61 voix), Michèle Laban-Winograd 7e vice-présidente (69 voix), Jean-Yves Lalanne 8e vice-président (51 voix), Christian Laine 9e vice-président (54 voix), Pascal Mora 10e vice-président (69 voix), Didier Larrieu 11e vice-président (75 voix), Claude Ferrato 12e vice-président (78 voix), Jean-Claude Bouriat 13e vice-président (68 voix), Michel Plissonneau 14e vice-président (74 voix), Gérard Guillaume 15e vice-président (72 voix).
Leurs délégations seront votées ultérieurement, sans doute lors du conseil du 19 janvier.
Pourquoi la nouvelle assembléea l’obligation de réussir
►Dans un paysage territorial en pleine recomposition, les 85 élus ne doivent pas traîner à se mettre au travail.
Et maintenant au travail. La nouvelle assemblée désormais baptisée, installée, son exécutif connu (lire ci-contre), les 85 élus, qui représentent 162 000 habitants du bassin de Pau, doivent rapidement se mettre en ordre de marche. Autant dire que la phase d’intégration entre les trois nouveaux mariés ne devra pas s’étirer durablement dans le temps. Dans un paysage territorial en pleine recomposition, la concurrence entre collectivités apparaît en effet de plus en plus vive.
► 22, vlà les métropoles
La France comptera ainsi bientôt 22 métropoles puisqu’après les grandes capitales régionales (Nantes, Toulouse, Strasbourg, Lille, Bordeaux…) ce sont désormais des ensembles urbains de rang inférieur (Dijon, Brest, Nancy, Orléans, Metz, Tours…) qui ont gagné le droit d’accéder à ce statut. À la clé, des compétences supplémentaires mais aussi des dotations améliorées. De quoi évidemment bénéficier pour elles, avec cette promotion, d’une visibilité et d’une force de frappe appréciable quand il s’agira de séduire des entreprises ou de négocier avec les services de l’État.
Plus près de chez nous, avec l’avènement des grandes régions et l’extension de l’Aquitaine, l’agglomération paloise recule désormais du 2e au 5e rang régional, désormais dépassée par, outre la métropole bordelaise, les agglomérations de Limoges, Poitiers mais aussi la nouvelle entité basque. Avec ses 290 000 habitants, cette dernière dépassera sa voisine paloise de 130 000 habitants. Et même si au sein de la communauté d’agglomération basque, qui sera installée le 23 janvier, on peut subodorer une certaine lenteur au démarrage au regard de la complexité de sa gouvernance (une assemblée de 233 élus mais aussi une dizaine de pôles territoriaux pour assurer la gestion de proximité), elle pourra s’appuyer sur le travail réalisé durant des années sur la marque Pays basque. Traduction, cernée par de puissants ensembles, la communauté d’agglomération Pau-Béarn Pyrénées devra vite dévoiler sa feuille de route et ses ambitions. À ce titre, le vote des orientations budgétaires (en février) et celui du budget (en mars) seront les premiers actes politiques de la nouvelle agglomération.
► Le rôle du futur directeur
L’enjeu est d’arriver à un développement équilibré avec un renforcement de la ville-centre – indispensable à l’échelle nationale – qui n’obère pas celui des 30 communes périphériques. Le tout en mettant en avant la qualité de vie, les filières d’excellence locales, la place de la recherche et développement, l’enseignement supérieur… À ce titre, le futur directeur de l’attractivité et du développement, qui est actuellement recherché, aura un rôle essentiel pour conduire ce chantier.
Autre défi, la construction du Pays de Béarn, le pôle métropolitain qui a vocation à fédérer les huit intercommunalités béarnaises afin de pousser la notoriété du territoire au niveau national. Avec près de 50 % de la population béarnaise, Pau Béarn Pyrénées a bien sûr vocation à être la locomotive. Alors que la population du Béarn augmente poussivement (lire en page 2, 3 et 4), voilà une autre raison pour laquelle la nouvelle assemblée doit réussir ses missions.
Première séance dans la salle des conseils rénovée
Outre l’installation de la nouvelle collectivité, c’était l’autre grande attraction de l’après-midi : découvrir, pour la première fois, la salle des conseils de l’hôtel de ville entièrement rénovée. Adieu la vieille moquette au sol, bonjour le vieux parquet, les murs blancs rafraîchis, le système sonore enfin réparé, un nouveau mobilier et un nouvel agencement, ici spécialement pensé pour accueillir les 85 élus, la presse et quelques membres du public.
À l’évocation de cette salle « splendide », François Bayrou a salué en préambule la mémoire de Laurent Murillo, l’architecte de la collectivité décédé en novembre dernier, et qui avait participé à ce projet de réhabilitation. Les conseillers, debout, ont d’ailleurs applaudi avec émotion le disparu.
« On a réussi à faire ressortir l’ensemble des plafonds, l’architecture de cette salle qui était autrefois le foyer du théâtre, lieu des plus grandes fêtes du Pau élégant. Maintenant, c’est le lieu des grands événements du Béarn civique » a souligné le président.