La ligne Oloron-Pau menacée de fermeture par le rapport Spinetta

Fév 24, 2018 | Ferroviaire, Presse française

La ligne Oloron-Pau menacée de fermeture par le rapport Spinetta
En Haut-Béarn, l’idée de mettre un terme à la Pau-Oloron fait bondir tout le monde… y compris ceux qui ne sont pas favorables à la réouverture de la voie ferrée jusqu’à Canfranc. Dans son rapport, Jean-Cyril Spinetta réfléchit pourtant bel et bien à la fermeture de cette « petite ligne ».

A.T
 
PAR GILDAS BOËNNEC, PUBLIÉ LE , MODIFIÉ .

Alors que la Région bataille pour la réouverture de la voie ferrée vers Saragosse, le rapport Spinetta préconise quant à lui la fermeture de la ligne Oloron-Pau.

Dans un rapport remis le 15 février dernier au Premier ministre,Jean-Cyril Spinetta préconise la fermeture de plusieurs lignes régionales, parmi lesquelles figure la liaison ferroviaire entre Oloron et Pau. D’après ce haut fonctionnaire, cet axe fait partie « des lignes peu utilisées, héritées d’un temps révolu ». Et de préciser qu’un peu moins de la moitié du réseau des petites lignes françaises pourraient être fermées « d’ici 2026, en raison de leur obsolescence ». Des préconisations qui vont totalement à l’encontre des plans du conseil régional d’Alain Rousset, qui espère au contraire pouvoir prolonger la ligne jusqu’à Saragosse.

« Toujours la première sacrifiée »

En Haut-Béarn, envisager la fermeture d’une telle ligne fait bondir tout le monde… y compris ceux qui ne sont pas favorables à la réouverture de la voie ferrée jusqu’à Canfranc. « La Pau-Oloron est très utilisée », estime Georges Manaut, le président du Comité contre la réouverture de la Oloron – Canfranc. « Je pense toutefois qu’il s’agit d’une liaison sous-exploitée, en comparaison des milliers de voitures qu’on peut voir quotidiennement passer sur la R134. La fréquentation n’est pas aussi forte qu’elle pourrait l’être car la ligne n’est pas fiable : elle est toujours la première sacrifiée pour pallier les manques momentanés de personnel ou de matériel sur les voies mieux pourvues, tels que Pau-Bayonne ou Pau-Tarbes, comme on l’a vu en novembre et décembre dernier. »

Selon des chiffres confirmés par la SNCF, les trains ont effectivement été remplacés à plus de 200 reprises par des bus lors des deux derniers mois de l’année 2017 sur le tronçon Pau-Bedous, la plupart de ces changements étant justifiés par des mouvements de grève. Une situation qui n’est pas sans exaspérer les habitués de la ligne, puisque quand la voie ferrée est remplacée par l’autobus, il faut partir trente minutes plus tôt de la gare d’Oloron, le trajet étant plus long via la route. Heureusement, ce phénomène a été moins fréquent au mois de janvier, avec seulement trois substitutions.

« Plus de 10 voyageurs par train »

« La Oloron-Pau étant une ligne où circulent moins de 20 trains par jour, le rapport Spinetta envisage effectivement sa fermeture, uniquement au regard du nombre de train, sans tenir compte de la valeur socio-économique de la ligne », explique-t-on du côté de la Région. La collectivité tente également de se rassurer en faisant remarquer que cet axe est toutefois « au-dessus des lignes à moins de 10 voyageurs par train ciblés par le rapport Duron : il y a en moyenne de 20 à 40 voyageurs par train, soit environ 420 voyageurs par jour, selon les chiffres de 2016. Et en 2017, le trafic sur le tronçon a augmenté de 14,4 % sur la ligne, une progression supérieure à la moyenne régionale. »

Selon Alain Cazenave-Piarrot, le président du Comité pour la réouverture de la Oloron-Canfranc, il n’y a « pas de raison de s’inquiéter pour la pérennité de la ligne Pau-Oloron, qui s’inscrit dans une logique économique internationale avec le projet de traversée des Pyrénées porté par la Région, et dont la nécessité environnementale est indéniable. »

« Si le projet se concrétise, c’est Pau -Bedous qui sautera »

La fermeture de la voie ferrée Oloron-Pau est-elle réellement envisageable ? Même chez les agents SNCF, tout le monde n’a pas le même avis sur la question. « Le rêve de Spinetta, c’est de n’avoir que des lignes à grande vitesse, et de remplacer les autres trains par des bus, estime un salarié. Après tout, pourquoi pas, mais les usagers savent qu’ils y perdront en confort, surtout dans des territoires comme ici, ou le trajet en car est beaucoup plus long. On peut tout à fait envisager de voir tous les axes haut-béarnais supprimés, car ne nous voilons pas la face : si le gouvernement décide de supprimer la Pau-Oloron, c’est toute la ligne jusqu’à Bedous qui sautera. » Un autre agent béarnais est de son côté plus optimiste : « cette ligne ne fermera pas, parce qu’Alain Rousset en a fait son cheval de bataille, et qu’il a décidé qu’il irait jusqu’en Espagne quoi qu’il en coûte. Les 450 millions d’euros, je suis sûr qu’il parviendra à les trouver, d’une façon ou d’une autre. »

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