La guerre ressuscite l’intérêt pour l’interconnexion électrique à travers les Pyrénées aragonaises

Mar 26, 2022 | Economie, Presse espagnole, Relations transfrontalières

PERIODICO DE ARAGON

Jorge Heras Pastor

Zaragoza | 25·03·22

Túnel de la interconexión eléctrica entre España y Francia por Gerona, que es el modelo planteado para la linea por el Pirineo.

Tunnel d’interconnexion électrique Espagne-France par Gérone, qui sert de modèle pour la ligne des Pyrénées. REE

La guerre en Ukraine est en train de rompre certains tabous dans le contexte européen en matière de défense, d’industrie et d’énergie. Cette catharsis touche également la vieille aspiration à ouvrir une interconnexion avec la France à travers les Pyrénées aragonaises, une grande infrastructure qui est en mode pause depuis des décennies, sans presque aucune avancée en raison principalement du désintérêt de Paris. Le conflit armé pourrait cependant accélérer les délais et les procédures pour la relance d’un projet auquel les autorités françaises ne mettent plus d’entraves et que l’Espagne souhaite réactiver afin de sortir de son isolement énergétique.

La ministre de la Transition Ecologique, Teresa Ribera, a annoncé ce jeudi que le Gouvernement espagnol a demandé à la France de donner la priorité aux deux futures interconnexions électriques prévues depuis des années par les Pyrénées, une par la partie aragonaise et l’autre par la Navarre, qui s’ajouteraient à la ligne sous-marine qui va être construite par le golfe de Biscaye. Ces deux lignes «devraient bénéficier d’un projet sérieux d’ici à la fin de l’année», selon la ministre lors de la réunion à Paris de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). L’intérêt pour ce projet parait également exister de l’autre côté des Pyrénées. La France affirme qu’elle n’a aucune «réticence» au développement des interconnexions énergétiques avec l’Espagne, comme c’était le cas dans le passé, et qu’elle est prête à accélérer ces infrastructures, comme l’a affirmé mardi dernier le secrétaire d’Etat à l’Union Européenne, Clément Beaune.

Ces infrastructures permettraient de résoudre le problème de l’isolement électrique dont pâtit l’Espagne, qui est une ile énergétique en raison de la faible capacité d’échanges d’électricité avec l’Europe, ce qui renchérit la sécurité et la continuité d’alimentation.

Bruxelles avait fixé à 10% l’objectif  de capacité d’échange entre les deux pays pour 2020, mais ce n’a pas été réalisé. Avec l’interconnexion ouverte par Gérone en 2015, on est arrivé à 6%, mais on voit mal que les projets en cours puissent atteindre l’objectif de 15% en 2030.

L’interconnexion Aragón-Pyrénées Atlantiques, qui représente un investissement de l’ordre du milliard, est depuis longtemps en état d’hibernation malgré les tentatives répétées de l’Espagne de la relancer, un projet catalogué Projet d’Intérêt Commun (PIC) et que la France s’était engagée à lancer lors du sommet bilatéral de Zaragoza en 2008.

La Planification du Réseau de Transport d’Electricité 2021-2026, approuvée cette semaine par le Gouvernement central, n’envisage pas de démarrer sa construction sur cette période, mais seulement de démarrer les procédures administratives et les études techniques et environnementales.

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