El País
THIAGO FERRER MORINI
MARÍA FERNÁNDEZ
Madrid 17 AVRIL 2016
Rarement le titre de “contrat du siècle” aura été aussi justifié, qu’avec l’appel d’offres publié au Bulletin Officiel le 30 novembre dernier. Le plus grand appel d’offres de l’histoire des chemins de fer espagnols pour la fabrication et la maintenance de 15 trains TGV (avec une option sur 15 de plus) jusqu’en 2051. Le coût total maximum est de 2,6 Mds. Un contrat qui a attiré six groupes industriels (dont Talgo et CAF), qui garantit du travail pour des milliers de personnes durant au moins une génération, et donc un puissant aimant pour les grandes entreprises qui dominent le secteur et pour leurs sous-traitants. Le fait que le ferroviaire reste le mode de transport qui aspire le plus de financement du Ministère de Fomento en 2016 (54% des infrastructures en Espagne) offre, après quelques années difficiles, “une vision d’avenir très encourageante”, selon Pedro Fortea, directeur de l’Association Ferroviaire Espagnole (Mafex). Et ce n’est pas seulement le cas en Espagne.
Le marché ferroviaire mondial représente plus de 155 Mds d’euros, selon une étude élaborée par le consultant Frost & Sullivan. Après la sortie de crise, le train prévoit une croissance de 2,6% par an au moins jusqu’en 2017. “Il y a peu de raisons de ne pas être optimiste sur l’évolution du secteur”, considère l’analyste Christian Wolmar. “Il suffit de regarder ce qui se construit en Europe, la hausse des trains minéraliers, ou les nouvelles lignes de métro”.
A titre d’exemple : les chemins de fer américains vont investir 8,7Mds d’euros par an jusqu’en 2022 pour moderniser leurs signalisations et leurs infrastructures. L’Europe prévoit le renouvellement de plus de 10.000 motrices entre 2015 et 2022. Le marché ferroviaire en Afrique et au Proche-Orient va être multiplié par deux. Et le gigantesque projet de la Chine domine parmi les pays émergents.
Le régime de Pékin compte sur le train pour atteindre un de ses objectifs : étendre le développement des villes vers la campagne. “Pour atteindre ses objectifs de PIB, la Chine devrait disposer de 150.000 kilomètres de chemin de fer en 2020, et 200.000 en 2030”, a déclaré Zhao Xiaogang, conseiller de l’Institut d’Innovation et Développement de Chine, au journal China Daily. Contrairement à d’autres grands pays, dont les réseaux ferroviaires connaissent une renaissance, la Chine a dû partir de zéro : elle n’a jamais eu un réseau équivalent à l’actuel. “Il y a 20 ans le métro de Shanghai n’existait pas”, rappelle Wolmar. “Aujourd’hui il a 14 lignes, il continue d’avancer, et le métro est désormais indispensable dans la vie des habitants de la ville”.