La fermeture du Somport rend impossible aux transporteurs aragonais de faire le trajet dans la journée

Sep 14, 2024 | Economie, Presse espagnole, Relations transfrontalières, Routier

PERIODICO DE ARAGON

Marcos Calvo Lamana

Zaragoza 14 SEPT 2024

Plusieurs transporteurs aragonais se creusent la cervelle depuis la fermeture du passage frontalier du Somport, qui doit rester fermé six mois pendant les travaux de réparation des dégâts dus aux pluies torrentielles de la semaine dernière dans les Pyrénées. Le détour par Irún (Guipúzcoa) ou Viella (Lérida) représente 50% de trajet en plus, mettant en danger la viabilité de ces voyages nécessaires surtout aux industries agroalimentaires d’Aragón et du sud de la France.

Un camión de la empresa aragonesa Coatrans, directamente afectada por el cierre del Somport.

«Chaque voyage nous coûte en moyenne 200 à 300 kilomètres supplémentaires. Cela entraine un évident surcoût en temps de trajet et en combustible, mais aussi cela fait que les chauffeurs, qui ont déjà un travail très dur, doivent rester à dormir hors de leur domicile,  expose Alberto Castillo, CEO et propriétaire de la compagnie logistique aragonaise Coatrans et de sa filiale Nexo Transporte.

Cette entreprise est spécialisée dans le transport de céréales et a un très gros volume de travail dans l’industrie agroalimentaire avec des compagnies situées à la frontière française. Son principal client est la coopérative agricole Tereos, pour qui elle exploite 70 à 80 camions/jour de maïs vers le territoire espagnol, une bonne partie des 300 à 400 qui franchissent quotidiennement ce passage.

«Nous passons par le  Somport ou par Bielsa 95% du temps. Auparavant nous passions aussi par le Pourtalet, mais ce passage est aujourd’hui en désuétude par la volonté des français. En tous cas, cela représente 50% de kilomètres en plus, avec la pénalisation économique qui en résulte», explique Castillo. Il insiste sur le fait que le Somport n’a jamais été fermé aussi longtemps. «Si cette période de six mois se réalise, la production agroalimentaire de Zaragoza et Huesca devra aller chercher ailleurs ses fournitures», menace le transporteur.

«Je ne vois pas d’autre qualificatif pour cette situation que lamentable. Tout le monde comprend bien que ce qui s’est produit est un alea naturel, mais ceux qui utilisent le camion pour leur travail savent bien dans quel état était cette route. Elle n’a fait l’objet d’aucune modernisation depuis 50 ans, de sorte que les écoulements d’eau sont vieux et obsolètes. Voilà ce qui est arrivé», critique José Antonio Moliner, président du groupement des transporteurs Tradime Aragón.

«Nous allons subir une véritable distorsion de concurrence logistique, car nos camions sont équipés de tachygraphes qui nous donnent le temps de conduite. L’itinéraire par Irún ou Viella représente quatre heures de plus, de sorte que beaucoup de chauffeurs devront dormir hors de chez eux», déclare Moliner, qui objecte également l’augmentation des émissions de CO2 du fait de ces kilomètres supplémentaires.

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