La énième résurrection de l’autoroute électrique entre les Pyrénées et la France

Mai 4, 2025 | Economie, Presse espagnole

EL PERIÓDICO DE ARAGÓN

Marcos Calvo Lamana

Zaragoza

04 MAI 2025

Une des rares certitudes qu’on ait aujourd’hui sur la grande panne électrique qui a plongé dans le noir la péninsule ibérique lundi dernier est qu’une meilleure interconnexion électrique avec  la France aurait permis d’éviter l’effondrement du réseau. Il y a longtemps que le flux d’échanges électriques  entre la France et l’Espagne est loin des objectifs de l’Union Européenne, qui cherche précisément à renforcer les autoroutes électriques afin que l’énergie puisse circuler librement entre tous les Etats membres dans un système plus robuste et décarboné.

Un de ces principaux projets est l’autoroute électrique qui partirait d’Ejea de los Caballeros, passerait par Jaca, traverserait les Pyrénées aragonaises par un tunnel et aboutirait à la soustraction de Marsillon, cette dernière étant également reliée à la seconde interconnexion, qui part de Pampelune.

C’est ici le talon d’Achille de « l’ile énergétique » que constituent l’Espagne et le Portugal, car l’interconnexion avec la France est minimale, à peine l’équivalent de 2,8% de la puissance installée espagnole. On est loin des objectifs communautaires de 10% en 2020 et 15% en 2030.

Le projet d’interconnexion pyrénéenne, dont le budget initial est de 1,2 milliard, s’ajouterait à la liaison sous-marine par le Golfe de Gascogne, qui est en construction. Ces deux infrastructures permettraient d’atteindre 8.000 MW, soit 7% de la puissance installée électrique de l’Espagne.

Pourquoi ces liaisons sont-elles considérées comme critiques ? D’abord, parce que plus le réseau est maillé, et plus il est facile d’en stabiliser la fréquence. C’est un point essentiel pour une puissance renouvelable comme l’Espagnole, car les technologies solaire et éolienne sont par nature instables.

Avec la guerre d’Ukraine, l’Union Européenne a semblé vouloir  s’impliquer pour réduire la dépendance au gaz russe. Comme l’Espagne est surabondante en production renouvelable (coûts faibles mais plus instable) et que l’Europe en manque (prédominance du nucléaire et du gaz, beaucoup plus chers mais stables), il semble évident que l’équilibre passe par l’interconnexion de tout le Vieux Continent. C’est l’alerte qui est donnée depuis des années, et qui aujourd’hui, après la grande panne, est plus que jamais sur la table.

C’est la raison pour laquelle renaissent à nouveau, et cette fois avec plus de force encore, les projets de renforcement de ces lignes transfrontalières qu’on réclame depuis des décennies. L’opposition aux conséquences sur l’environnement et l’incurie de Paris (qui freine depuis des décennies tout projet de transfert d’énergie à bas coût de l’Espagne vers le Vieux Continent) ont plongé dans un état comateux les divers projets de tirer un câble à travers les Pyrénées.

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